Commémoration répression 17 octobre 1961/Musulmans
Le MRAP commémore les journées d'octobre 1961 qui firent de nombreux morts. Interview
Jean-Luc EINAUDI.
Le préfet de police, dans le but insensé de démanteler l’organisation du front pour la région parisienne, importé les méthodes de Massu lors de la « bataille d’Alger ». Mais Massu, quand il installait la terreur, prétextait encore la recherche « à tout prix » du renseignement dans une ville en guerre. Avec Papon, nous n’avons plus que le visage nu de la haine raciste. Du ghetto au couvre-feu, des raids de harkis au lynchage organisé, une logique infernale l’a conduit à ce soir du 17 octobre. Alors, froidement, délibérément, il a donné le signal du pogrom, il a couvert la ratonnade : il a lâché ses chiens sur les algériens comme on lache les chiens pour la curée.
Voici 74 noms de personnes tués par noyade, balles, ou des suites de violences policières, au cours des mois de septembre, octobre, novembre 1961.
Voici aussi 66 noms et l'adresse de deux anonymes, tous disparus, pour la plupart à partir des 17 et 18 octobre 1961.
Dès le lendemain, toute la classe ouvrière aurait du être dans la rue, clamant son horreur d’actes perpétrés en son nom, puisqu’au nom du « peuple français ». Il a bien fallu constater que, là où il y aurait dû y avoir une colère collective, il n’y a eu que témoignages individuels. […] À partir du moment où on accepte que, devant soi, sans que l’on proteste, il soit dit « raton » ou « bicot pour Arabe, on accepte Auschwitz et les fours crématoires. Car on ne fait pas sa part au racisme. Il a sa logique et son engrenage.
Le policier parle de tuer tous les Algériens et de les jeter à la Seine. Mais ce qui est ennuyeux, dit il, c'est qu'il faut encore les y transporter ...