Dire que Marcel Aymé écrit bien, c'est dire que l'eau coule et que les pigeons volent. Son oeuvre nous semble aussi directement savoureuse que ces tableaux qui dans le conte intitulé : "La bonne peinture" nourrissaient ceux qui les regardaient. S'il lui arrive de nous laisser un goût amer dans la bouche, c'est parce que le "mot pour rire" est souvent le mot qui blesse et que, même devenu bon, le loup reste un loup et la réalité ce qu'elle est.
Gabrielle Rolin, Le Monde, 17 octobre 1967.
Un rien de dérision sauve l'honneur de l'homme.
Ecrit par Anouilh le 16 octobre 1967 pour l'Aurore, deux jour après la mort de Marcel Aymé:
"Il a retrouvé La Fontaine
Sans Légion d'honneur, sans jeune ministre ému, sans honneurs militaires et sans brochette de vieillards déguisés, le plus grand écrivain français vient de mourir.
Je l'aimais trop pour lui écrire un adieu ému. Je ne parlerai même pas de celui qui, dans ces temps d'imposture, avait mérité le nom de "Môme courage", ni de sa bonté, de son humanité profonde, de cette tranquille simplicité, qui en faisaient ce phénomène presque introuvable à Paris: un homme.
Je veux simplement prendre date avec les encore tout jeunes professeurs du siècle prochain pour qui notre bruit, notre fureur, les fabuleux tirages et l'orchestration publicitaire de nos génies ne seront plus qu'une pantomine incompréhensible et dérisoire, et leur dire ce qui sera l'évidence pour eux: le plus grand écrivain français de nos années est mort sans bruit, un soir d'octobre. C'est-à-dire qu'il a simplement quitté son image, cher visage indéchiffrable de bouddha pour ceux qui ne savaient pas y lire; c'est-à-dire qu'il commence à nous parler enfin intarissablement, le cher muet. Il a retrouvé la vraie France - dont il a beaucoup moins parlé que les professionnels de la chose, mais qu'il était.
Il s'est simplement mis, avec son petit sourire modeste et un peu triste, à la place, là où l'intelligentsia française - qu'il agaçait et qui l'agaçait - ne peut plus rien,."
p.387/388
Pour certains, Marcel Aymé n'est qu'un auteur de 2ème choix. Il lui manquerait une dimension intellectuelle qui pourrait en faire l'égal des plus grands.
Et si ce n'était qu'une apparence ?
Marcel Aymé le simple, Marcel Aymé le candide, n'est-il pas l'auteur d'une véritable "comédie humaine" ?
C'est ce que soutient Michel Lecureur en analysant combien la peinture sociale de Marcel Aymé peut être riche et nuancée.
A sa suite nous pénétrons dans le monde feutré et parfois bien inquiétant de la bourgeoisie ou dans dans celui des paysans qui réconforte et étonne par sa fixité et sa complexité.
Rien de schématique dans cette peinture.
Mais des nuances, des différences, des originalités et une société française authentique qui s’accommode de la politique, de ses bassesses et de sa grandeur.
Mais derrière ce spectacle on devine un romancier attentif et passionné...
(extrait de la quatrième de couverture de l'édition parue à "La manufacture" en 1985)
L'union des H
Pourquoi, transportés par la gloire
Nous Havrais, ne pas recueillir
Ces traits saillants pour notre histoire
Que le treize juin 1790 peut offrir?
Ce jour mémorable
Auroit triplé notre bonheur
Si l'on eût vu s'asseoir à même table
Le Havre, Harfleur et Honfleur (bis)