Le mal subjectif pourrait n'être qu'un accident dans le monde: c'est le mal objectif qu'il faut voir, le mal impersonnel, absolu, qui règne à tous les degrés et dans toutes les régions de l'être.
Le pessimisme ne fait pas de la douleur un privilège, mais une loi; il ne crée pas une aristocratie de désolés.La seule supériorité qu'il revendique pour le génie, c'est de voir distinctement ce que la foule humaine sent confusément.C'est l'existence tout entière et en soi qu'il assimile au malheur, et cette loi de souffrir, il l'étend de l'homme à la nature, de la nature à son principe, s'il y en a un et si ce principe arrive à se connaître.
La superstition est la dernière foi des siècles incrédules. La âges du doute sont aussi ceux du mysticisme. Tout ébranlement dans les convictions religieuses ou philosophiques a pour réaction nécessaire l'excessif engouement pour ces folles doctrines qu'engendrent l'imagination exaltée et le sentiment sans règle. Il semble, par une loi fatale, que l'homme ne pisse secouer le joug des croyances que pour retomber sous celui des illusions.
Il y a, chez lui, un naturaliste excellent, rempli de sagacité, pénétrant et ingénieux. Il est en même temps un philosophe trop pressé de conclure et qui conclut selon ses instincts et ses prédilections. Des deux sens qui, réunis et contrôlés l'un et l'autre, forment l'art suprême de l'expérience, le sens de l'observation et celui de l'intuition, l'un, l'intuitif, se donne trop souvent chez lui libre carrière, tantôt précédant l'autre, tantôt dépassant les données que l'autre lui fournit.