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3.22/5 (sur 9 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Périgueux , le 29/08/1849
Mort(e) : 1906
Biographie :

Émile Goudeauest un journaliste, romancier et poète français.
Après des études au séminaire, il fut surveillant dans différents lycées avant d'entrer comme employé au ministère des Finances, ce qui lui laissa le loisir de se consacrer avant tout à la poésie.
Le 11 octobre 1878, il fonda le Cercle des Hydropathes. Habitué du Chat Noir, rédacteur de sa revue (ainsi que des Quat's Arts) cet humoriste et décadent à mi-temps publia Fleurs de bitume (1878), Poèmes ironiques (1884) et Poèmes parisiens (1897).
La grande partie de son œuvre poétique est regroupée dans Poèmes à dire (1898) et son livre de souvenirs, Dix ans de bgohème, mériterait de devenir un classique


Source : nthologie de la poésie symboliste et décadente
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Lutte parisienne - Émile Goudeau lu par Yvon Jean


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Émile Goudeau
Le Clown de l’ironie


Brillamment, tout le jour, il avait combattu
Pour ses rêves, pour ses espoirs, pour ses idées,
Lançant, audacieux, ses forces débridées
À l’assaut du bonheur, cet assiégé têtu.

Les assistants disaient : « Ce lutteur est vêtu
D’ironie et de grâce et, par larges bordées,
Le rire éclate aux coins de ses lèvres fardées :
On ne l’a jamais vu ni las, ni courbatu. »

Le soir, il salua debout la galerie,
Clown élégant qui veut qu’au Public on sourie,
Puis, pour aller dormir un peu se retira.

Dans le logis hanté du spleen et des migraines,
Il lorgna vaguement les étoiles sereines.
Et, quand il eut fermé sa fenêtre, il pleura...
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     LA REVANCHE DES BÊTES
ET LA
REVANCHE DES FLEURS


          II

Mais, quand l’accomplisseur de l’œuvre de vengeance
Aura dit : Finit le Géant !
La Nature, avec sa maternelle indulgence,
Clôra la gueule du néant.
Car tu fus quelquefois bon et plein de tendresse,
O triste Roi des animaux,
Lorsqu’au pays d’Amour tu menais ta maîtresse
Cueillir les printaniers rameaux.
T’en souvient-il ? tu mis parfois à sa ceinture
Un bouquet doux comme un ami,
Et les lilas, avec un odorant murmure,
Sur sa gorge aimée ont dormi.
Pauvre mort, délaissé par ta maîtresse veuve,
Dans la tombe, rappelle-toi
Le pot de résédas, la violette neuve,
Sur la fenêtre, au bord du toit ;
Comme tu les aimais, les chères campagnardes
Fraîches sous leurs chapeaux rosés !
Comme elles t’envoyaient de leurs lèvres mignardes
Des parfums chargés de baisers !
Tu fus bon pour les fleurs — Elles suivront ta cendre
Jusqu’à la région des morts ;
Leurs racines iront, sous la terre, reprendre
Les particules de ton corps ;
Elles se chargeront, les douces envoyées,
En alambics mystérieux,
Elles distilleront tes chairs putréfiées
Pour en faire un charme des yeux.
Si ta veuve s’en vient vers cette sépulture,
— Ce qui ne paraît pas bien sûr ! —
Elles auront voilé l’abjecte pourriture
Sous un linceul d’or et d’azur ;
Et, plus tard — quand ton corps, cette chose innommée
Que tenait le Néant-Sommeil,
Aura, grâces aux fleurs, dans la vie animée,
Repris une place au soleil —
Par les airs, un beau soir d’été, plein de chimères,
De chants d’Amour, et de splendeurs,
Voleront, délégués par la Nature-Mère,
Les Papillons ambassadeurs ;
Sur la tombe ils viendront, en costume de fêtes
Porter le baiser ingénu,
Le baiser de pardon envoyé par les Bêtes,
Quand tu seras Fleur devenu.
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     LA REVANCHE DES BÊTES
ET LA
REVANCHE DES FLEURS


I

Tu tapes sur ton chien, tu tapes sur ton âne,
Tu mets un mors à ton cheval,
Férocement tu fais un sceptre de ta canne,
Homme, roi du Règne Animal ;
Quand tu trouves un veau, tu lui rôtis le foie,
Et bourres son nez de persil ;
Tu tailles dans le bœuf, vieux laboureur qui ploie,
Des biftecks saignants, sur le gril ;
Le mouton t’apparaît comme un gigot possible,
Et le lièvre comme un civet ;
Le pigeon de Vénus te devient une cible ;
Et tu jugules le poulet...
Oh ! le naïf poulet, qui dès l’aube caquète !
Oh ! le doux canard coincointant !
Oh ! le dindon qui glousse, ignorant qu’on apprête
Les truffes de l’embaumement !
Tu pilles l’Océan, tu dépeuples les fleuves,
Tu tamises les lacs lointains ;
C’est par toi qu’on a vu tant de limandes veuves
Et tant de brochets orphelins ;
Tu reste insensible aux larmes des sardines,
Et des soles au ventre plat ;
Tu déjeûnas d’un meurtre et d’un meurtre tu dines :
Va souper d’un assassinat !
Massacre par les airs la caille et la bécasse...
Sombre destinée : un salmis !
Tandis qu’un chou cruel guette, d’un air bonasse
Le cadavre de la perdrix.
Mais est-ce pour manger seulement que tu frappes,
Dur ensanglanteur de couteaux ?
Non. Les ours, les renards, les castors pris aux trappes
Sont une mine de paletots ;
Tu saisis le lion, ce roi des noctambules,
Dont le désert s’enorgueillit,
Pour faire de sa peau, sous tes pieds ridicules,
Une humble descente de lit.
Mais le meurtre, c’est peu ; le supplice raffine
Tes plaisirs de dieu maladif ;
Et le lapin (nous dit le Livre de Cuisine)
Demande qu’on l’écorche vif ;
L’écrevisse sera, vive, dans l’eau bouillante,
Cardinalisée en carmin,
Et —morne enterrement — l’huître glisse vivante,
Au sépulcre de l’abdomen.

Soit ! il viendra le jour lugubre des revanches,
Et l’âpre nuit du châtiment,
Quand tu seras là-bas, entre les quatre planches,
Cloué pour Éternellement.
Oh ! l’Animalité te réserve la peine
De tous les maux jadis soufferts ;
Elle mettra sa joie à te rendre la haine
Dont tu fatiguas l’univers.
Or elle choisira le plus petit des êtres,
Le plus vil, le plus odieux,
Un ver ! — qui s’en ira pratiquer des fenêtres
Dans les orbites de tes yeux ;
Il mangera ta lèvre avide et sensuelle,
Ta langue et ton palais exquis,
Il rongera ta gorge et ta panse cruelle.
Et tes intestins mal acquis ;
Il ira dans ton crâne, au siège des pensées.
Dévorer, lambeau par lambeau,
Ce qui fut ton orgueil et tes billevesées ;
Les cellules de ton cerveau,
L’âne s’esclaffera, voyant l’Homme de Proie
Devenu Rien dans le grand Tout !
Le pourceau, dans son bouge infect, aura la joie
D’apprendre ce qu’est le dégoût ;
Et les Bêtes riront, dans la langue des Bêtes,
De ce cadavre, saccagé
Par la dent des impurs fabricants de squelettes, —
Quand le mangeur sera mangé....
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Idéal

Je suis lassé de tout : de moi comme des autres,
Des pensers importuns qui me viennent le soir,
Et des amis joyeux qui font broyer du noir,
Des vers que je compose, ô maîtres, et des vôtres...

Des Judas de carton et des faux bons apôtres,
Des filles qui s’en vont trottant sur le trottoir,
Des mondaines trichant d’amour en leur boudoir,
Ô mon rêve ! et des lits banals où tu te vautres !

J’ai trop de gaz dans l’œil et d’alcool dans le sang,
Trop de nerfs excités, trop de contacts laissant
À fleur de peau comme une odeur de cantharide.

Voici poindre là-bas l’aube de floréal ;
Le chevalier Printemps accourt à toute bride.
Je me sens un béguin très pur pour l’Idéal.
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On criait à la mort de l’opérette, au renouveau du drame, à la renaissance d’une poésie, d’une poésie plus vivante, moins renfermée en des tabernacles par les mains pieuses des servants de la rime riche ; on voulait ranimer l’impassible muse, lui rendre les muscles et les nerfs, et la voir marcher, moins divine, plus humaine, parmi les foules devenues souveraines.
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Émile Goudeau
ADJECTIVISME ADVERBIAL


Auprès du fier Pourquoi le noir Comment se dresse.
Le Jamais les poursuit ; mais l'Éternellement,
Dans le mystère d'une inféconde caresse,
Jette sur le Pourquoi le baiser du Comment...

Le Peut-Être s'impose aux timorés du rêve ;
Et, dans le tourbillon des mortelles amours,
Le Pas-Possible, froid et tranchant comme un glaive,
Fauche les cœurs humains assoiffés du Toujours.

Poussé par un orgueil sinistrement aptère,
L'ingénieur cadastral ensevelit feu Dieu !
Ses pensers, sous la pesanteur du Terre-À-Terre,
Pour choir au fond du Rien suivent l'À-Queue-Leu-Leu.

Depuis le jour maudit, féroce et sacrilège,
Où Caïniquement le Près tua le Loin,
On a bouclé l'Azur avec un vieux « Que Sais-Je ? »
Et, dans le Corps désert, l'Âme n'a plus un coin.

Le Moins vient t'enchaîner, et le Peu te gouverne ;
Dans l'Insuffisamment vont s'enliser tes pas :
À-Peine, avec un sec ricanement, te berne,
Et l'En-Vain de ton vol te plonge en l'Ici-Bas.

Tu ne veux plus du Trop, dont l'Assez te domine...
Tais-toi, brute, digère en fermant les deux yeux !
Ne creuse point l'Ailleurs dans la céleste mine,
Et, par crainte du Pire, éloigne-toi du Mieux !

Tel apparaît l'essor de l'Homme fils du singe,
Mêlant le Nonobstant avec le Toutefois,
Supputant les soleils, comme on marque du linge,
Et vers le fier Là-Haut crachant d'insanes lois.

Ô parasites verts ! bariolés faussaires !
Ces Adjectifs, ces Adverbes exorbitants
Envoûtent de leurs étendards de janissaires
Les Substantifs, vizirs, et les Verbes, sultans.

Quel chef réprimera ces hordes en tumulte,
Ces eunuques émasculant la volonté
Du Substantif à qui seul appartient le culte,
Et du Verbe en qui seul fleurit la Vérité ?

Ô jour ! Quand la Substance, étalant sa Superbe,
Domptera le troupeau des colorations !
Ô force !! Quand le Verbe égorgera l'Adverbe
Devant l'effarement des Interjections !!!

Mais d'ici là, Pourquoi près de Comment se dresse ;
Et Jamais les poursuit ; mais Éternellement,
Dans le mystère d'une inféconde caresse,
Jette sur le Pourquoi le baiser du Comment.
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Quitte le restaurant discret, où vous soupâtes,
Niniche et toi, bourgeois vide et prétentieux ;
Profitant du lorgnon que le vin sur tes yeux
Pose, viens avec moi t’asseoir aux hydropathes.

Pourtant avant d’entrer, un mot : – que tu t’épates
Ou non, garde-toi bien des mots sentencieux
Devant ce défilé de profils curieux ;
L’endroit est sans façon, on n’y fait point d’épates.

Certes ne t’attends pas à trouver un goût d’eau
Au parlement criard que préside Goudeau ;
Laisse à ton nez poilu monter l’encens des pipes ;

Et – moins sot que Louis, aux canons bien égaux,
Foudroyant les Téniers et leurs drôles de types –
Du Cercle Hydropathesque admire les magots.

[Sonnet de Jules Jouy]
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SONNET


Brillamment tout le jour, il avait combattu
Pour ses rêves, pour ses amours, pour ses idées,
Lançant, audacieux, ses forces débridées
À l’assaut du bonheur, cet assiégé têtu.

Les assistants disaient : Ce lutteur est vêtu
D’ironie et de grâce, et, par larges bordées.
Le rire éclate aux coins de ses lèvres fardées :
On ne l’a vu jamais ni las, ni courbatu.

Le soir, il salua debout la galerie.
Clown élégant qui veut qu’au public on sourie ;
Puis, pour aller dormir un peu, se retira

Dans le logis hanté du spleen et des migraines ;
Il lorgna vaguement les étoiles sereines,
Et quand il eut fermé sa fenêtre, il pleura.
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Mieux vaut être demeuré vivant grâce à l’insouciance, que d’être mort stoïquement de misère, en se drapant du manteau de héros byronnien
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IDÉAL

Je suis lassé de tout : de moi comme des autres.
Des pensers importuns qui me viennent le soir.
Et des amis joyeux qui font broyer du noir,
Des vers que je compose, ô maîtres, et des vôtres.
Des Judas de carton et des faux bons apôtres,
Des filles qui s'en vont trottant sur le trottoir.
Des mondaines trichant d amour en leur boudoir,
O mon rêve ! et des lits banals où tu te vautres !
J'ai trop de gaz dans l'oeil et d'alcool dans le sang.
Trop de nerfs excités, trop de contacts laissant
A fleur de peau comme une odeur de cantharide.
— Voici poindre là-bas l'aube de floréal ;
Le chevalier Printemps accourt à toute bride.
Je me sens un béguin très pur pour l'Idéal.
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