Aurélie Champagne vous présente son ouvrage "
La part du chien : soldat traumatisé cherche chien à adopter" aux éditions XXI.
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la-part-du-chien-soldat-traumatise-cherche-chien-a-adopter
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Parce que c’est ce qu’il y a de pire avec l’espoir, quelques miettes suffisent.
Elle avait dit que le chagrin était toujours à double face. Qu'il figeait tout, mais aussi qu'il transformait. Qu'il était à la fois comme un sceau et un magnifique processus de survie.
« Dans le secret de sa carcasse, il reconnut cette froideur, cette distance résignée qu’il pensait avoir laissée à la gare. Elle survenait chaque fois que, s’étant attaché à un camarade, il avait vu tomber au champ d’honneur. À l’instant où il rendait son dernier souffle, c’était comme si Zébu reprenait sa mise. Il en allait de Mamy et du Merina comme il en était allé des autres. De tous, à l’exception d’Amadou et de sa mère, qui étaient peut-être les seuls êtres pour lesquelles il ne ressentait pas ce froid consentement à la mort. Pour les autres, ce détachement était la seule manière qu’il ait trouvée de dépasser le chagrin de perdre des êtres chers et d’avoir à survivre sans eux. Indifférent à leur disparition, le monde continuait à tourner, certes moins amical , mais habitable malgré tout. »
Ô Malgaches ! Il nous faut nous aimer les uns les autres
En frères sortis du même ventre
Des haines entre nous faisons fi
Soyons un seul esprit, un seul cœur.
Après la débâcle de 1940, l’Allemagne emprisonna presque deux millions de combattants de l’armée française.
Soixante-dix mille indigènes furent parqués dans des Frontstalags sur le sol métropolitain.
Marocains, Tunisiens, Algériens, Annamites, soldats d’Afrique Occidentale, d’Afrique Équatoriale, Sénégalais, Ivoiriens, Guinéens, Martiniquais, Malgaches, Réunionnais, Indochinois, classés « sans race »…
L’hiver 1941 fut rude.
Vingt-cinq mille hommes succombèrent et tous les contingents furent décimés.
Tous, à l’exception des Malgaches.
Au recensement suivant, les Allemands s’aperçurent même qu’ils étaient plus nombreux qu’à l’arrivée. On suspecta les soldats des registres d’avoir bâclé le travail.
Mais dans le secret des cabanons nègres courait une tout autre rumeur. On disait qu’une poignée de tirailleurs malgaches avait acquis le pouvoir de se multiplier.
Évidemment, j’ai compris depuis que la mort, c’est un peu comme la chance. Il n’y a pas de pourquoi qui vaille. Seulement des pourquoi pas.
page 199 : Les soldats retrouvaient la terre des ancêtres plus Malgaches que jamais, croyant avoir abandonné au front l'indigénat auquel les colons les reléguaient avant-guerre. Et voilà qu'après avoir été des frères d'armes, les Vazahas redevenaient ces détestables petits pères condescendants. Voilà qu'ils les traitaient à nouveau comme de grands enfants naïfs.
page 26, 27 : Son coeur se serra à l'idée qu'il n'y aurait plus ces furtives occasions où sa mère ressuscitait dans un souvenir exhumé par son père, une anecdote inédite, oubliée, ressurgissant au détour d'une conversation : "Je t'ai déjà raconté, non ? " Et alors, son père s'attelait au récit détaillé d'une pièce manquante au puzzle d'Ambila. Sa mère lui revenait alors, presque plus incarnée que de son vivant. Et il restait des jours à se repasser ce récit tout frais, se repaissant de cette évocation jusqu'à en tomber de fatigue. Son père mort la mémoire de sa mère évoluait désormais dans un monde fini. Il n'y aurait plus jamais de nouveaux souvenirs.
Quelques jours après, sa tante s'était penchée vers lui et avait mis sur son état les mots les plus sensés qu'il lui avait été donné d'entendre. Elle avait dit que le chagrin était toujours à double face. Qu'il figeait tout, mais aussi qu'il transformait. Qu'il était à la fois comme un sceau et un magnifique processus de survie.
Au Madagascar, vers 1947:
« Partout on prévoyait des sacrifices. Pendant que les familles tueraient le zébu et festoieraient, le peuple reprendrait la terre des ancêtres. Cette terre sacrée que les Français essoraient depuis un demi-siècle. Ce serait une cérémonie formidable qui vaudrait cent 14 juillet… »