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Le dernier stade de la soif de Frederick Exley
Ensuite, je me plongeais dans les chroniques littéraires. Je les lisais avec nostalgie et remords. J’avais par le passé vécu pour les chroniques littéraires, à l’époque où je me délectais et me nourrissais de ce que je prenais pour l’éclat de leur intelligence et leur charme bienveillant. Mais les choses s’étaient gâtées. Au fil des ans j’avais trop lu, dans des gares mal éclairées, allongé sur les canapés d’inconnus, dans les salles ternes et blafardes d’asiles psychiatriques. À force de lire, le charme s’était rompu. Désormais, je trouvais les chroniques non seulement plates mais rarement voire jamais pertinentes. Tous ces livres, qu’ils soient le fruit de l’imagination ou les supercheries de putains littéraires, étaient traités par le chroniqueur avec le même sérieux assommant. J’aurais aimé qu’il soit juste, indulgent et drôle. Je voulais qu’on me fasse rire.
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