Laure Aleno

Chapitre 4 :

Sara, 1er décembre

«… Figés tous les deux, moi, rouge écarlate et lui, la bouche entrouverte, nous attendons qu’un des deux bouge ou dise quelque chose. Un raclement de gorge attire son regard vers le téléphone. J’avance d’un grand pas pour saisir mon portable et fermer ma galerie de photos.

– Tu faisais quoi, là ? m’interroge Jayson, le sourcil inquisiteur levé.

– C’est pour Mathilde et les filles… Elles m’ont lancé un défi… Je devais… Bref, ça ne te regarde pas, m’énervé-je face à son air accusateur. Tu crois quoi ? Que je me prostitue sur le Net ?

– J’avoue me poser des questions vu ta tenue.

– Non mais t’es malade ! Tu me crois vraiment capable de faire ce genre de choses ? m’indigné-je.

Je n’aime pas du tout la façon dont il me considère. Et puis si j’ai envie de me promener seule en sous-vêtements, j’en ai le droit ! Je garde tout de même ma serviette contre moi pour éviter d’apparaître dénudée devant Jay.

– Ben je n’en sais rien, Sara, je ne te connais pas !

Bien sûr que si, il me connaît ! Il a passé ses années lycée quasiment tous les jours chez nous. Pourquoi dit-il ça ? Pour me blesser ? Pense-t-il vraiment que je sois ce genre de nana ? Je m’en fous de ce qu’il croit, je m’en fous de sa belle gueule. Je monte avec mes affaires contre moi et claque la porte de ma chambre. Mince, à la fin !

Chapitre 2 :

Sara

«… Je n’ai aucune envie de prononcer son prénom alors je me tourne vers ma meilleure amie qui se charge d’expliquer aux deux autres.

– Son frère n’est pas seul. Il cohabite pour la saison avec deux de ses potes, Ezio et Jayson.

– Jayson, LE Jayson de Sara ? questionne Eléonore. Celui qui a couché avec elle et s’est barré pour faire le tour du monde sans répondre à ses messages et sans lui donner une seule explication ? Ce Jayson-là ?

– Oui, celui-là ! confirmé-je, dépitée.

– Ce n’est peut-être pas une si bonne idée de l’envoyer là-bas ! doute soudain Tyana.

– Mais si, s’emporte Mathilde, parce que depuis Jayson, Sara n’est jamais retombée amoureuse. Elle reste bloquée sur cette histoire qui s’est mal terminée, donc maintenant, elle va aller chercher l’explication qu’elle n’a jamais eue et enfin pouvoir vivre sa vie sereinement. …»

Chapitre 1 :
Sam
«… Affolée, je cours dans la maison. Vite avant qu’il ne revienne ! Ça ne peut plus durer. Chaque crise est pire que la précédente. Mais comment a-t-on pu en arriver là ? Ma joue me lance. Je ne m’y attendais tellement pas… Après la douleur et l’incompréhension, voici la colère – pire : la haine, qui coule dans mes veines. Une gifle, bon sang ! On ne peut tout simplement pas gifler sa petite amie. Je ne peux pas laisser passer ça, j’ai déjà fait tellement de concessions. Ses mots me détruisent chaque jour un peu plus.
Je prends, dans la salle de bains, ma brosse à dents, mes crèmes et mon mascara. Je balance tout dans la valise ouverte.
Dépêche-toi, Sam ! S’il revient, tu es fichue !... »

«-Où as-tu mal ? demandé-je.

Elle montre une zone sur le haut de sa jambe, vers la hanche.

– Là !

– Montre, ordonné-je plus sèchement que je ne le voudrais.

Mais quoi ? ! Je suis tendu comme un string de savoir qu’elle a mal et de ne rien pouvoir faire avec ma pauvre petite trousse de secours.

– Bien sûr, Jay, s’énerve-t-elle en m’arrachant le kit des mains, je vais montrer mes fesses à tout le voisinage pour que tu puisses constater l’empreinte du snowboard sur ma cuisse.

Ezio et Matthew se foutent de ma gueule. À quoi avais-je la tête ? Évidemment qu’elle ne va pas baisser son froc au milieu de tout le monde, mais j’aimerais quand même m’assurer que l’hématome n’est pas trop important.»

Chapitre 8 :
Nico
«… Mon portable vibre. Aline. Je décroche et lui fais part de mes tourments.
– Elle est comment ?
– Quoi ? Mais c’est quoi, cette question ? Tu crois que je suis désespéré au point de draguer une fille déprimée qui bosse dans l’école de mon fils ?
– Arrête, Alex. Si tu ne réponds pas, c’est qu’elle est canon.
J’entends à sa voix qu’elle sourit jusqu’aux oreilles.
– Je te laisse, il faut que je bosse.
– Alex, ne raccroche…
Trop tard. J’éteins mon portable au cas où l’idée de me rappeler lui vienne. Je ne veux pas m’étendre sur la beauté de mon éventuelle future colocataire. Là n’est pas le sujet ! … »

Nous ne faisons pas partie du même monde, je crois. Son métier, sa maison et son allure sentent le pognon. Mais je ne veux pas la charité. J'ai une dignité. Il est vrai que je n'ai pas grand chose d'autre...

J'ai mal à la tête, j'ai mal partout, je broie du noir. Mon passé m'explose en pleine face. Je revois, je revis, je ressens ce que j'ai essayé d'enfouir au plus profond de moi.

Chapitre 40:
Putain, pourquoi je ne l'ai pas enfermée dans sa chambre ?
- Sam, c'est mon amoureuse !
Quoi? Oh, non, il ne va pas s'y mettre, lui aussi!

Est-ce que je ne mérite pas quelqu'un qui prenne soin de moi ? Quelqu'un qui me regarde avec envie, qui me couvre quand je m'endors sur le canapé ?

Elle est mon oxygène, ma bouée de sauvetage. Sans elle, j’étouffe, je me noie. J’ai l’impression qu’elle me tire de mon cauchemar.