[...] je réalise que « la Vie » nous a accueillis,
nous les étrangers, les gens de peu de foi,
les prétentieux êtres modernes, sans même
jamais nous juger, ni chercher à savoir ce
que nous sommes réellement ou ce que
nous avons été, ce que nous avons fait de
notre propre planète ainsi que les nombreux
drames commis par nos récents ancêtres.
« La Vie » nous voit peut-être à travers les
yeux de ce peuple. Elle nous aime et nous
chérit comme ses propres enfants.
Voilà cinq siècles que l’homme a quitté la Terre.
Est-il besoin de me répandre sur les circonstances de ce départ, pour ne pas dire l’exil forcé de toute l’humanité ? Qui quitterait sa maison et errerait en dehors, si celle-ci n’avait pas été détruite ?
[...] Tout ce que j’ai appris, c’est qu’il y a mille ans de cela, le monde s’était brutalement transformé, devenant progressivement inhabitable, entraînant ce qui avait été qualifié d’extinction massive.
Si Planeate s’avérait être la Terre mais quelque 20 000 ans plus tôt, je serais vraiment déçue. Planetae a un goût de nouveauté pour moi, je ne voudrais pas que ce rêve éveillé se brise. Car ce que je vois aujourd’hui, le sol que je foule en respirant un bonheur totalement impensable sur Nova, cette sérénité ; rien de tout cela n’existera plus dans quelques milliers d’années. Les humains auront tout saccagé !
Je faisais partie d’une humanité totalement décalée, n’ayant plus rien de naturel, et complètement à côté de la réalité ; un peuple dans le déni, bien loin de la vérité pour n’écouter le plus souvent que celle d’une entité artificielle. La vérité avait été jetée dans un puits sans fond à l’instar de notre planète-mère que ses enfants insouciants avaient plongée dans un obscur chaos.
Un état qui s'appuie sur l'autorité cache une totale incompétence. Un peuple qui accepte cette autorité cache une totale inconscience
Nous autres, les hommes modernes, soi-disant au sommet de l’évolution, sommes en définitive de vrais ignares, tellement décalés et étrangers à cette nature que nous n’aurions aucune chance d’y survivre. Si l’humanité a atteint un sommet, je peux désormais témoigner de son incroyable chute pour l’avoir vécue en réel.
Cela reste une fiction, mais j’espère que
celle-ci a éclairé votre compréhension
de notre lointain passé, et peut-être
revalorisé la place de la femme dans
l’Histoire. Le poète a dit « La femme
est l’avenir de l’homme » ; il n’y a aucune
raison d’en douter. Elle est probablement
aussi la gloire de son passé.
Le rapport entre les hommes et les femmes dans ce monde est très intriguant, car il bouleverse toutes les idées reçues et même un bon nombre de thèses scientifiques qui, de tout temps, avaient toujours placé l’homme, le mâle, comme dominant la tribu et la femme comme une subalterne disposée à son service.
Ce qui me permet de penser que sur Terre, bien avant que le patriarcat ne s’installe avec la sédentarisation des populations au début de l’agriculture, une forme de matriarcat avait permis la survie des chasseurs-cueilleurs voire de l’espèce humaine et même contribué à l’évolution de l’humanité.
— La vie est un mystère ! osé-je sans trop
de conviction.
— La mort est un mystère ! me corrige-telle.
La vie c’est la vie !
— Que devient une personne quand elle
meurt ?
— Elle disparaît, mais elle vit encore, tant
que nous vivons.