Luna March

Chapitre 7 :

Emy

«… – Hayden ?

– Prends-moi une bière. Pendant ce temps, je m’occupe de ta sœurette.

C’est de moi qu’il parle ?

Quel blaireau.

Je n’ai pas besoin qu’on s’occupe de moi. Je le regarde d’un air mauvais qui semble beaucoup l’amuser.

– T’as le don pour te faire des amis en tout cas.

Son pote pervers rigole à côté. Je lui agite mon majeur sous le nez en guise de réponse.

– Mignon.

– Fous-lui la paix, Hayden, intervient Jay, mais ça ne semble pas l’arrêter puisqu’il continue d’un ton sarcastique :

– Alors, Emy, qu’est-ce que tu penses des Californiens ?

Il a décidé de me faire chier, pas de souci.

– Difficile à dire. Jusqu’ici, je n’ai rencontré que des cons.

Il pouffe, s’approche de moi et me dit d’une voix presque inaudible :

– À tout à l’heure, Emy.

– Compte pas trop là-dessus.

Il me fait un clin d’œil et disparaît au moment où David revient avec nos boissons. …»

Chapitre 10 :

Hayden

«… – Merci, Hayden.

– Ça vaut ce que ça vaut, Emy, mais je connais David depuis toujours : la famille, c’est sacré pour lui. Tu es sa sœur, il va vouloir avoir ce rôle de frère pour toi. Il aura besoin que tu lui laisses une chance.

J’ai conscience de m’aventurer sur un terrain dangereux, cette fille est constamment sur la défensive. Elle va m’envoyer promener d’une minute à l’autre. Au moment où j’arrête la voiture devant le portail de chez elle, elle se retourne pour me faire face.

– Ça vaut ce que ça vaut, Hayden, mais je n’aime pas les hommes. Je ne leur fais pas confiance. Et la famille, je n’ai jamais su ce que c’était.

Sans me laisser le temps de réagir, elle sort de la voiture.

– Bonne nuit. Merci de m’avoir raccompagnée.

En l’observant s’éloigner, une sensation désagréable m’envahit tout entier : cette fille va bouleverser mon monde, d’une manière ou d’une autre. …»

« De tous nos baisers, celui-là est le meilleur, et de loin. Il signifie que, désormais, tout ira bien. »

En gardant ma main dans la sienne, il se rapproche de moi jusqu'à arriver contre mes jambes qui pendent au rebord de la table. Il dégage sa main pour venir la poser sur ma joue. Il y a quelque chose de tendre dans ce geste; une tendresse qui jusqu'ici m'était inconnue

Une fois que nous sommes arrivés à la hauteur de ma classe, il dépose un baiser sur mon front avant de partir en direction de son cours. Je sens une bouffée d'affection me remplir la poitrine. Pour la première fois, j'ai la sensation d'avoir une famille.

Quand je reprends mes esprits, j'attrape le buste de la robe que je rabats sur mon corps. Comme un mauvais enchantement, l'état stationnaire d'Hayden est rompu à la disparition de la cicatrice. Déboussolé, il fait un pas en arrière.

« J’ai vécu ça pour elle : je le revivrais cent fois s’il le fallait. »