C. L. Herman

Il en tira un anneau serti d’une topaze.
Une odeur nauséabonde infiltra les narines d’Isobel. Elle secoua la tête, sa vision soudain plus nette.
– Beurk. Ça sent la pisse de chat, ton truc.
– Au moins, ça devrait te faire passer l’envie de me tomber dans les bras, non ?
Elle leva les yeux au ciel.
– Et de te remercier, au passage.

Les cafés et restaurants avaient baissé le rideau, et les rares passants pressaient le pas, tête baissée, sac à l’épaule, comme une colonie de fourmis cherchant désespérément à trouver un abri avant la tempête qui s’annonçait.
– Et là, c’est le moment où les zombies débarquent, c’est ça ? marmonna Reid.

- Donc il a toujours été aussi maladroit ?
La tension enfin dissipée, Hendry éclata d'un rire soulagé, s'essuya les yeux et le nez sur la manche de son pull.
- Crois-le ou non, il a fait des progrès. Petit, il ne quittait jamais sa cape fétiche, qui était trois fois trop longue pour lui. Il passait son temps à s'emmêler les pieds dedans.
- Sa cape? répéta Gavin, amusé. Genre, une cape de super-héros?
- Vous vous... moquez de moi? croassa le concerné depuis le canapé. Alors que je suis sur mon lit de mort?
(…)
- Et pour votre gouverne, ajouta le champion, c’était une cape de super-méchant.

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Isobel dut faire appel à tout son sang-froid pour ne pas éclater en sanglots en entendant ces mots. Pour la première fois depuis des semaines, l’espoir avait éclos en elle comme une fleur solitaire plantée sur une tombe.

Le maléfice te transforme en monstre seulement si tu en es déjà un.

Une vielle coutume veut que le corps d'un champion soit toujours inhumé face contre terre. Ainsi, s’il lui prenait l’envie de remonter jusqu’à la surface pour assouvir sa vengeance, il ne ferait que creuser plus profondément.

Un sentiment qu’elle n’aurait su nommer enfla dans sa poitrine. Dans toutes les histoires que lui avait racontées sa famille, les héros l’emportaient. Ils faisaient les choix que personne d’autre n’aurait pu faire, ils triomphaient de leurs ennemis quand tout espoir semblait perdu.
Et Briony Thorburn était l’héroïne parfaite. 

Les monstres ne pourraient pas lui faire de mal s'il en était un aussi.

En théorie, cette malédiction peut être brisée. Mais n’importe quel maléfice gagne en puissance avec un sacrifice, et peu à travers l’histoire ont été arrosés d’autant de sang que celui-ci.

Il leva la tête pour contempler le ciel voilé. Dans moins de deux semaines, ces nuages vireraient à l'écarlate propre à la haute magÿe, comme un dais cramoisi tendu au-dessus d'Ilvernath, et le tournoi débuterait. Le Voile pourpre s'éclaircirait un peu à chaque fois qu'un champion périrait , jusqu'à ce que le ciel reprenne sa couleur habituelle au terme des affrontements, comme si tout le sang versé pouvait s'effacer aussi facilement.