Camille L.

Baruch Spinoza a écrit: "La peur ne peut se passer de l'espoir et l'espoir de la peur."

J'ai l'impression d'échouer quoi que je fasse. J'ai le sentiment de lutter en vain contre des peurs qui détruisent tous mes espoirs. Elles sont plus fortes que moi, je n'arrive pas à les dépasser, à les combattre. Je n'en ai pas la force.

Est-ce que tu crois que quand on a souffert pendant trop longtemps, on est incapable de ne plus souffrir? Comme si la douleur était ancrée en nous. Comme si, à force d'avoir été trop malheureux, on ne sait plus être heureux. Une personne qui se casse les deux jambes réapprend à marcher. Un aveugle qui retrouve la vue réapprend à voir. Alors, pourquoi moi je n'arrive pas à réapprendre ? Pourquoi je ne réussis pas à être heureux à nouveau ? Ce n'est pas juste. Je veux l'être. Je veux être heureux à nouveau. Je ne veux pas laisser cette partie de moi qui me tire vers le bas tout détruire mais elle est trop forte Sam. Je n'ai pas la force de la combattre. Je n'ai pas la force de me battre contre elle. Je n'ai plus la force de me battre contre moi- même.

Je crois que j'ai eu tort Sam... Louis ne peut pas me sauver.

Est-ce que tu crois que quand on a souffert pendant trop longtemps, on est incapable de ne plus souffrir? Comme si la douleur était ancrée en nous. Comme si, à force d'avoir été trop malheureux, on ne sait plus être heureux. Une personne qui se casse les deux jambes réapprend à marcher. Un aveugle qui retrouve la vue réapprend à voir. Alors, pourquoi moi je n'arrive pas à réapprendre ?

Je ne sais pas pourquoi je suis comme ça. Pourquoi je me sens aussi triste. Je ne devrais pas l'être, je n'ai pas le droit de l'être. Après ton départ, à travers Louis, j'ai l'impression que la vie m'a donné une autre chance d'être heureux mais... Pourquoi je n'y arrive pas Sam? Pourquoi j'ai toujours aussi mal? Louis me donne tout ce dont j'ai besoin, il m'apporte tellement de choses, alors pourquoi je n'arrive pas être heureux? J'ai le sentiment que quoi que je fasse, je ne peux pas aller bien. Je sens cette partie de moi qui refuse de se battre, qui refuse de s'en sortir. C'est en moi Sam. Il y a quelque chose qui me tire vers le bas et qui m'enfonce. Je peux le sentir et je n'ai aucune idée de comment le combattre. Comment combattre cette partie de moi qui me détruit.

Les adultes font souvent l'erreur de croire que les enfants sont aveugles, qu'ils ne comprennent pas. Ils se trompent. Ils ont tort de croire qu'un enfant n'est pas conscient de ce qu'il se passe dans sa propre maison.

J'ai dû me battre pour qu'il me laisse l'atteindre, qu'il s'ouvre et en une seule soirée, en une seule phrase il m'a tout enlevé. 'Je ne veux plus jamais te voir.' Il m'a repris tout ce qu'il m'a donné. Il m'a enlevé tout ce que je lui ai donné et ce que je voulais lui donner encore. À travers ses mots, il a transformé tout ce que l'on a construit en souvenirs. Le présent en passé. Il a transformé nous vivons, en nous avons vécu. Notre histoire. Tout est terminé.

Comment tout a pu dégénérer à ce point. Comment tout a pu merder pour qu'on en arrive là. Alors c'est ça avoir le cœur brisé ? Avoir tellement mal qu'on n'est plus capable de respirer. Non. Non, je refuse. Je n'ai pas signé pour ça. Je ne suis pas tombé amoureux de lui pour souffrir comme ça. Je n'ai pas choisi de l'aimer pour qu'il m'arrache le cœur.

Ce besoin de couper, d'enfoncer ces lames dans ma peau, de voir ma chair sortir, mon sang couler, sentir l'aiguille refermer une plaie ouverte. Ce besoin constant d'aller toujours plus loin dans la souffrance seulement pour ressentir... la douleur? Non, je n'aime pas la douleur, je la déteste, mais elle me maintient en vie. C'est la vie que j'ai besoin de ressentir. Si je souffre, c'est que je suis vivant. Si mon corps peut avoir mal, c'est que mon sang coule dans mes veines. Si je ressens la douleur, c'est que mon cœur bat encore, et si mon cœur bat, cela veut dire que je suis en vie. Ils ne comprennent pas, ils ne peuvent pas comprendre. Ni mon père, ni mon psychologue, ni tous ces médecins. Je me rappelle encore de leurs mots.

"Tu es un danger pour toi-même."

Ils refusent de comprendre. Ils ne comprennent pas que le seul danger, c'est eux, eux qui essaient de m'en empêcher. J'ai passé trop de temps avec l'envie de mourir. Me faire du mal me maintient en vie. C'est un jeu, un duel permanent avec la mort, avec moi-même. Un duel dont j'ai besoin. Un geste de trop, une entaille trop profonde au bon endroit et tout s'arrête.

J'ai toujours fui les gens comme toi parce qu'ils me ramènent sans cesse à la gueule ce que je ne serai jamais!"

Tu es tout ce que je déteste parce que tu es tout ce que je ne serai jamais!

Mais c'est de sa faute aussi, quand je suis avec lui, plus rien n'existe autour de moi.

Ok il va vraiment falloir que j'arrête une bonne fois pour toutes avec ce mot, agréable, mais quand il s'agit de lui et des moments qu'on passe ensemble c'est le seul qui me vient.

Je ne voulais pas m'attacher à lui comme ça, je n'ai pas réussi à contrôler mes sentiments. Il me fait sourire Sam. Quand je suis avec lui je me sens bien. Depuis ton départ, j'avais oublié ce que c'était de se sentir bien, de ne plus avoir cette boule dans le ventre qui te tord l'estomac en permanence. C'est apaisant de se sentir moins mal...

Je l'ai frappé, insulté, giflé, vomi dessus, embrassé. On a dormi, cuisiné, lié nos poignets ensemble... et il nous a fallu tout ce temps et toutes ces choses pour échanger nos simples numéros de téléphone. Rien n'a de sens. Rien n'en a jamais eu avec lui et rien n'en aura jamais. On écrit peut être notre histoire dans le désordre mais après tout quelle importance?

123 jours qu'il m'a envoyé ce premier mail. 123 jours que tout a commencé. Et si je ne lui avais pas répondu ce jour-là? Si j'avais ignoré son message comme j'en ai ignoré des centaines avant? S'il n'était pas rentré dans ma vie? S'ils n'étaient pas rentrés dans ma vie tous les deux ? Je serais encore Louis. Seulement Louis. Plus maintenant. Maintenant je suis Louis & Harry parce que: 'maintenant tu n'es plus seul.' 123 jours. En seulement 123 jours, Harry a retourné ma vie. Il l'a mise sans dessus-dessous. Il a foutu le bordel dans mon esprit et dans mon cœur. Lui et ses foutus yeux verts. Il a foutu en l'air tout mon univers et pourtant si on me laissait remonter le temps, je ne changerais rien, car pour la première fois en vingt-et-un ans, j'ai l'impression que ma vie a enfin un sens. Et ce sens, c'est lui. Je ne sais pas si ça marchera, je ne sais pas où tout ça nous mènera mais je sais une chose: Ce que je ressens pour lui, je ne l'ai jamais ressenti pour personne.

Je n'ai pas le droit de pleurer parce qu'il a besoin de moi et que même s'il ne me le dit pas avec des mots, il me le fait comprendre à travers ce baiser. Si lui craque, moi je dois être fort pour lui et même s'il est fort, je sais qu'intérieurement il souffre. Et s'il souffre, moi aussi je souffre et si je souffre, je craque et si je craque, il sera fort pour moi. C'est un cercle vicieux et je suis prêt à tomber dedans pour le relever, parce qu'à travers ce baiser qu'on échange, j'ai compris qu'à partir de maintenant, si l'un de nous tombe, on tombe à deux.

Pourquoi Louis ?

Parce qu'il a une voiture rouge et qu'il a pris une cannette de Coca Light un jour.

Parce qu'il a su sans le vouloir retenir l'attention d'Harry.

Pourquoi Louis?

Ça aurait pu être un autre mais c'est tombé sur lui.

Parce que Louis représentait la vie et Harry la mort.

Parce qu'il avait besoin de la vie pour échapper à la mort.

Parce qu'il y a des questions qui n'ont pas de réponses.

Parce qu'il y a des sentiments qu'on ne contrôle pas.

Qu'on ne choisit pas.

Pourquoi Louis?

Parce qu'au détour d'un couloir un jour, les yeux d'Harry se sont posés sur lui et qu'il a aimé son sourire.

Parce qu'il y a des choses qui ne s'expliquent pas.

Je le garde contre moi, dans mes bras, je refuse de le lâcher ou m'éloigner de lui. Je le regarde dormir. Il ne m'a jamais semblé aussi vulnérable que maintenant. Il semble tellement fort tout le temps que j'en avais oublié qu'il n'a que 19 ans et que c'est lui le plus jeune de nous deux, pas moi. En le voyant comme ça, endormi sur mon épaule, des traces de larmes sur son visage, je réalise que derrière son calme constant et cette force qu'il montre à tout le monde, en réalité il est fragile. Vraiment fragiale. Et surtout, je réalise que je veux être là pour lui et protéger cette fragilité car je ne tiens pas seulement à lui... Je suis en train d'en tomber amoureux.

Que je sois hétérosexuel, bisexuel, homosexuel. Que l'on soit un couple ou non, que l'on cherche à mettre des mots ou pas sur ce que l'on est l'un pour l'autre, tout ça n'a pas d'importance parce que je réalise qu'il est la première personne à qui je tiens. Je réalise que suis réellement seulement + Harry. Et je crois que finalement ça me plaît d'être seulement + Harry. Je ne veux pas faire partie de ces mecs qui se voilent la face et qui nient tenir à quelqu'un pour garder leur image. Le genre de mec - Ouais moi, j'en ai rien à foutre de cette fille - mais qui passe sa nuit à lui envoyer des messages. Je tiens à Harry et je n'en ai pas honte. C'est la première fois de ma vie que je m'attache à une personne et même si ça m'effraie, j'aime ce que je ressens. J'aime être seulement + Harry et je crois que j'ai envie que lui aussi soit seulement + Louis.

Je n'arrive pas à me confier et pas seulement parce que c'est la vie personnelle d'Harry et qu'elle ne regarde que lui, non. Si je n'arrive pas à parler, je réalise que c'est parce que je ne suis pas prêt. Je ne veux pas parler à voix haute de ce qui s'est passé sur le pont ce soir-là. Je ne veux pas en parler, à personne, pas même à Liam, car si j'en parle, si je le raconte, si je prononce ces mots à haute voix, ça les rendrait trop réels. Ça rendrait tout trop réel et surtout ça rendrait encore plus réelle ma peur qu'il recommence et je ne le supporterais pas. Je ne veux pas vivre avec cette peur constante qu'un jour il recommence. Elle est là, tout le temps, mais j'essaie de la repousser dans un coin de ma tête pour ne plus y penser, alors non, je ne veux pas en parler. Je n'en ai pas la force.