Carine V. Rousseau

Veiller sur quelqu'un,ce n'est pas seulement s'assurer qu'il reste en vie, mais aussi qu'il garde espoir.

Plus aucun ne criait, le silence régnait. Indemne, Ophélie n’osa pas ouvrir les yeux. Elle était terrifiée. Dans quel état allait-elle découvrir ses amis, ceux qu’elle considérait à présent comme sa véritable famille ? Elle devait reprendre courage et les aider. Elle scruta le fond de la crevasse, mais ne vit rien. Il faisait beaucoup trop sombre. Elle activa la lumière de son costume et aperçut les corps de ses amis joncher le sol.

- IL FAUT LE LUI COUPER !
Api, le tomahawk de Liam dans la main, regarda l’éclaireuse maintenir le bras du prince au sol. Le furry agonisait en se tordant de douleur. Le jeune garçon n’avait pas le choix : s’il voulait sauver son ami, son frère, il devait lui trancher le bras.

Api, assis sur un rocher, était complètement absorbé dans ses pensées. Il ne restait plus que quelques heures avant l’épreuve. Elle déterminerait s’il était assez fort pour devenir un homme. Dans le cas contraire, elle provoquerait sa mort. Api savait que ses trois frères avaient péri durant le rituel lorsqu’ils avaient atteint, comme lui, l’âge de 12 ans. En fait, il avait eu ses 12 ans aujourd’hui et aurait dû passer l’épreuve ce matin même. Cependant, le prince avait ordonné que l’on attende son arrivée avant de lui faire affronter le rite de passage; qu’il veuille être à ses côtés réconforta Api. Pourtant, bien qu’il ne l’aurait jamais admis, le garçon avait peur. Il n’avait pas réellement peur de la mort, mais plutôt de ce que celle-ci signifierait : qu’il aurait échoué. Il voulait prouver à tous que lui aussi était fort, qu’il était assez adapté à leur environnement hostile pour y survivre. Api tâta de la main la partie droite de son crâne; celle-ci était rasée pour faire apparaître le tatouage qu’il détestait tant, le tatouage qui représentait...

Il était toujours si extraordinaire d'entrer en contact avec de nouvelles créatures.

- Nous sommes différentes, c'est vrai, mais j'adore la petite fille que tu es et je ne t'échangerais pour rien au monde.

- J'ai décidé de ne plus croire aux contes de fées, le monde n'est pas beau comme dans les histoires, il est moche !
Ophélie s'assit près d'elle et la prit dans ses bras.
- Non, il ne faut pas dire ça. Tant qu'il y aura des princes charmants et des preux chevaliers, on pourra toujours espérer que notre histoire finisse en conte de fées.

- Même ces sales rongeurs se moquent de moi, constata Api d'un air renfrogné. Eh bien, je n'utiliserai pas mes précieuses fléchettes contre eux, ils n'en valent pas la peine.