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Critiques de Les Linguistes atterrées (51)
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Le français va très bien, merci

Petit essai stimulant et qui brise nombre d'idées reçues qui circulent dans les médias. Les références bibliographiques, qui émaillent chaque chapitre, permettront d'approfondir ce texte décidément bien trop court mais c'est le jeu de la collection "tract".
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Le français va très bien, merci

Un collectif de linguistes démonte, en dix petits chapitres, les lieux communs sur la langue française, qui, si l’on en croit de nombreux discours largement relayés par les médias, serait en danger de mort, malmenée par l’usage des nouveaux moyens de communication et envahie par les anglicismes. En introduction, elles expliquent le métier de linguiste, qui consiste à observer, comprendre et décrire la langue et son évolution, à l’aide de méthodes d’observation et de méthodes scientifiques. Chaque chapitre énonce un lieu commun, étayé par une citation. Par exemple, au chapitre 5, « l’orthographe, c’est la langue », avec cette citation de Finkielkraut : « La réforme de l’orthographe, c’est vraiment changer la langue en effaçant les traces. Comme s’il ne devait rien subvenir du passé dans le présent ». Les autrices expliquent ensuite de façon très étayée pourquoi l’orthographe française n’est souvent ni logique ni étymologique (elle irait, selon Paul Valéry, qui n’était pourtant pas un analphabète, du « cocasse » à « l’absurde »). Ainsi, les pluriels en x (comme « bateaux ») proviennent tout bêtement d’une erreur de recopiage au Moyen-Age. Elles ajoutent que, contrairement à une idée reçue tenace, il n’y a jamais eu « d’âge d’or de l’orthographe » ; ce qui change aujourd’hui, c’est que tout un chacun écrit sans cesse, à la vue de tous. Or, si l’usage de l’écrit s’est démocratisé, il n’en est pas de même pour l’orthographe, qui n’a jamais été maîtrisée que par des scripteurs peu nombreux. Chaque chapitre se termine par une proposition, par exemple, dans le même chapitre : « Et si on revoyait la place de l’orthographe en tant qu’outil de sélection ? », par exemple en acceptant que les correcteurs orthographiques soient autorisés aux examens, comme les calculatrices en maths et en physique. Elles évoquent dans d’autres chapitres la soi-disant invasion du français par l’anglais, le prétendu « massacre » de la langue par les jeunes, les pauvres et les Belges, le « péril mortel » (selon l’Académie française) que ferait subir à la langue la féminisation des noms de métier et l’usage de l’écriture inclusive, et bien d’autres thèmes encore.

Un petit essai très revigorant, qui va à l’encontre de ce qu’on entend à longueur de journée et qui invite à réfléchir plutôt que de stigmatiser.


Lien : https://www.babelio.com/monp..
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Le français va très bien, merci

Voici un nouveau numéro des Tracts de Gallimard dont le ton peut parfois irriter par son manque de nuance. Dans celui-ci, on observe un ton d’analyse plutôt qu’un éditorial. Les auteurs.trices suivent un fil riche et passionnant : l’apport de la recherche et de sa logique pour comprendre la langue. Une par une, les dix idées les plus répandues sur le français (l’orthographe se perd, l’invasion de l’anglais, la poids de l’Académie française sur les règles…) sont détricotées pour sortir du raccourci facile et apporter du recul pour saisir chaque question. On revient alors sur l’histoire de la langue, les stéréotypes qui l’ont figée parfois (notamment cette expression « la langue de Molière »). Il y a un apaisement qui apparaît et une approche ludique qui est proposée. On peut appréhender autrement sa propre langue et se réjouir de son évolution sans y voir des errements et une chute inévitable. L’essai, avec son ton clair et son écriture vive (car bourrée d’idées, de propositions et de références), tente d’éloigner la langue à la question d’identité. La langue, celle écrite et parlée (de très bons paragraphes sur l’importance de l’oralité s’y trouvent), est alors une matière vivante, non pas un pilier d’un édifice national. Les auteurs.trices proposent l’entrée de la recherche linguistique dans l’éducation, l’ouverture à la francophonie. On termine ce livre avec en voyant autrement comme le dit très joliment la dernière phrase : « Si, au lieu d’inculquer les comment, on encourageait les pourquoi pour faire découvrir les vraies règles de la langue?«
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Le français va très bien, merci

D'accord sur (presque) tout !



Ce qui me laisse plus dubitatif (et pantois), c'est l'hystérie frénétique des tenants du sacro-saint Français. Ceux qui imaginent notre langue gravée à jamais dans le marbre, éternel témoignage du génie d'un peuple, d'une littérature, d'une nation, d'une Histoire et – n'ayons pas peur des mots – d'une civilisation. Leur déréliction semble sincère (même si on remarque aussi quelques récupérations politiques sur le sujet), je constate que les iel et autres quoi-cou-beh leur infligent des souffrances bien réelles. Je compatis et m'interroge : d'où vient la force de ce sentiment ? de quoi est-il l'expression ? Ce tract, fort bien troussé, ne répond pas à cette question. Un essai sur le sujet trouverait en moi un lecteur curieux. Je doute que les linguistes atterrées s'y collent, mais ce serait passionnant.
Lien : https://www.tristan-pichard...
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Le français va très bien, merci

Les journaux nous abreuvent régulièrement, de lamentations sur le déclin du français, de l'orthographe, de l'invasion de l'anglais et autres 'tout fout le camp' avec la féminisation comme cerise sur le gâteau ! .



Dans ce court essai paru dans la collection Tracts chez Gallimard, un collectif de jeunes linguistes, majoritairement femmes, d'où le second "e", démontre au fil de courts chapitres dûment référencés, que pour survivre une langue doit se parler, être vivante, inventive et que les règles d'orthographe ont fortement varié au cours des siècles sous la surveillance archaïque d'académiciens peu productifs ! 



Ainsi, la tendance serait à l'invariabilité des participes passés, à un retour à la féminisation des mots oubliée au XIXème siècle, comme fut alors étouffée la place des femmes, à l'intégration des mots des jeunes qui relèguent ceux des générations qui les ont précédés et qui sont aujourd'hui tellement datés.



Bref, un petit livre qui fait du bien dans la morosité ambiante.



Merci à Charline Vanhoenaker qui a donné la parole à Laélia Véron dans 'C'est encore nous' et qui y a fait la promotion de cet ouvrage dont je me suis régalée !
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Le français va très bien, merci

Je suis Romain de Linguisticae sur Youtube et Laélia Véron sur France Inter (via Youtube) et j'avais aussi beaucoup aimé le TedX d'Arnaud Hoedt et de Jérôme Piron, « La faute de l'orthographe », donc je connaissais plus ou moins la teneur du Tract avant lecture, à savoir (et là je ne spoile pas car tout est dans le titre) : non, la langue français n'est pas sur le déclin, loin de là ! Et toutes les idées reçues qu'on peut entendre à droite, à gauche ne sont pas fondées.

Je suis tout à fait d'accord avec ce qui est dit dans ce Tract (malgré mon grammar n🅰zℹsⓂe latent que j'essaie de vaincre, parce que je suis très tatillonne sur l'orthographe mais que finalement est-ce si important que ça ?) Ce genre d'ouvrage m'aide donc beaucoup. Il remet rapidement les pendules à l'heure (je devrais écrire les points sur les i), mais il prêche une convaincue qui a juste envie d'avoir de nouvelles preuves : que non, la langue ne s'appauvrit pas, que ce n'est pas si grave que ça de faire des fautes d'orthographe (même si ça me hérisse toujours autant quand j'en vois (et pire quand je vois que j'en ai fait, là c'est le drame, alors j'ai besoin de cette aide !)), que la langue est quelque chose en perpétuelle évolution et que donc tout est normal,... Je ne sais pas si ça convaincra les "ardent(e)s défenseurs et défenseuses" de la "langue de Molière". Car iels (déjà ne vont pas aimer ce pronom) sont finalement assez campé·es (Houuu, ça, iels ne vont pas aimer non plus!) sur leurs opinions (mais là je généralise et ce n'est pas bien !) Ça donne en tout cas des pistes pour les décideurs et décideuses (sous la forme de paragraphes « Et si... »).

Ayant fait un peu de linguistique à la fac et trouvé ça tellement intéressant, je pense que leur proposition phare d'enseigner la linguistique dès le collège est une bonne idée. Et même pourquoi pas parler de la langue dès l'école primaire, sous une forme plus ludique, avec des jeux de mots, comme on peut déjà le faire avec les comptines en maternelle. La langue française est quelque chose de tellement fascinant, aussi bien dans son histoire que dans les possibilités qu'elle offre pour jouer avec ou créer, ce serait dommage de s'en priver en voulant l'enfermer et la figer.
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Le français va très bien, merci

Avec ce court ouvrage dont chaque chapitre s'ouvre sur des extraits d'articles ou d'interviews, le collectif des Linguistes atterrées remet les pendules à l'heure. Face à la peur de la faute qui entraîne parfois le refus de prendre la parole, il est temps de revenir à plus de souplesse et de décontraction. Parce que la langue, ça sert avant tout à communiquer. « Nous appelons à nuancer les discours omniprésents qui prennent les grammaires et les dictionnaires pour des tables de la loi immuables, gravées dans le marbre. » (p. 6) La langue française a une histoire, et s'il est intéressant de la connaître, ce n'est pas indispensable pour la pratiquer. Et il serait vain de la réduire à la France. « Quand on l'enseigne comme langue étrangère, on enseigne un français artificiellement épuré. » (p. 13) La francophonie, débarrassée du poids colonial, a beaucoup à apporter à l'une des langues les plus parlées dans le monde.



Ne paniquons face aux emprunts faits à l'anglais : il y a quelques siècles, c'est l'italien qui était le grand péril ! Mais surtout, voyons chaque entrée étrangère comme une belle conséquence de la globalisation. Non au nationalisme à courte vue et bas du front : le français ne disparait pas derrière les mots anglais ou arabes. « Si l'on retient un mot, c'est qu'il nous apporte quelque chose. [...] La langue a le sens pratique, elle emprunte pour s'enrichir. » (p. 18) De fait, soyons darwiniens et voyons dans chaque évolution de la langue sa volonté farouche de perdurer.



En matière linguistique, l'élitisme est de mauvais aloi, car loin d'être protecteur, il exclut des locuteurs qui ne maîtrisent pas toutes les règles. On ne peut que rire et s'agacer (dans l'ordre que vous voulez) de la mainmise que l'Académie française pense avoir sur le français. « En définitive, qui a le pouvoir sur la langue ? Toutes celles et ceux qui la parlent. » (p. 26) Le français est un outil, et un outil doit servir, pas s'empoussiérer sur une étagère.



Le collectif met en garde contre le mirage de l'orthographe, cette compétence ultime à maîtriser pour oser prétendre maîtriser la langue. C'est d'une part tout à fait impossible et d'autre part tout à fait inutile. Une nouvelle réforme de l'orthographe est indispensable pour en finir avec les raffinements inutiles. Donc, sus à la dictée et haro sur les règles ineptes où les exceptions font la loi ! Pour bien maîtriser une langue, il est plus utile de comprendre le sens des mots que de chercher les fautes. La réforme rendrait plus accessible le français et lèverait bien des barrières.



Et la numérisation du monde, alors, n'est-ce pas un danger terrible pour notre belle langue ? Stop à la diabolisation de l'ordinateur et des smartphones ! « Le français est très présent sur Internet. Une langue absente de la toile serait une langue morte ! » (p. 40) Vous voyez que tout va bien ! Cessons d'opposer l'écrit et l'oral. Agissons contre la glottophobie et l'insécurité linguistique ! Dédramatisons la langue inclusive et la féminisation des mots ! Si de nouveaux mots apparaissent, c'est que le besoin existe. « C'est d'ailleurs souvent parce qu'un usage devient majoritaire à l'oral que la littérature s'en empare. » (p. 56)



Le collectif des Linguistes atterrées rappelle à juste titre que la linguistique est une vraie science. Si ces professionnel·les ne s'émeuvent pas des « menaces » que la presse et certains milieux réactionnaires montent en épingle, je pense que nous pouvons tous nous détendre. La langue française a encore de longs et beaux jours devant elle. « Face aux puristes qui prétendent éradiquer des façons de parler, rendre mutiques des catégories entières de gens, discréditer quiconque n'ose pas suivre leurs pseudo règles, les linguistes permettent à chacune et à chacun de se réapproprier sa langue. » (p.58 et 59)



Ce n'est un secret pour personne, je suis passionnée par la langue française. C'est parfois agaçant pour mon entourage parce que je vois les fautes et que je les corrige. Je le sais, je me soigne. PROMIS, JE FAIS DES EFFORTS ! J'ai pris un immense plaisir à lire cet essai. Cela m'a rappelé mon amour pour le français, ma volonté de défendre son accès pour tous·tes et le chemin qu'il me reste à parcourir pour être davantage accompagnante quand je remarque des erreurs.
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Le français va très bien, merci

Un tract d'un rassemblement de plusieurs linguistes francophones, français, canadiens, belges... pour protester contre les nombreuses prises de positions de personnes publiques plus ou moins éclairées sur la langue dans les médias.

Ce tract permet de faire un tour d'horizon des différentes polémiques linguistiques et attaques que peuvent subir les linguistes et d'y répondre avec des arguments sourcés, scientifiques, basés sur des recherches sérieuses en linguistique.

Il est bon de rappeler qu'une langue évolue, s'enrichie grâce aux échanges avec les autres langues dont régionales et qu'il nous serait aujourd'hui impossible de comprendre de façon fluide la vraie langue de Molière, c'est-à-dire celle qu,il écrivait et parler à son époque.

Très intéressant de remettre la langue à sa place et de contrecarrer son utilisation a des fins discriminatoires dont des discours à viser politique ne se basant sur aucun argument scientifique, aucun fait réel mais des opinions n'ayant aucune valeur de plus qu'une autre opinion comme dans toutes les sciences !
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Le français va très bien, merci

Dans ce court et très clair texte, une équipe de linguistes regroupés sous l'appelation des "linguistes atterrés" apporte un point de vue scientifique sur l'évolution du français contenporain dans un monde marqué par la mondialisation des échanges et donc des langues et la numérisation des supports de la langue écrite. Ce point de vue scientifique s'éloigne délibérément des discours catastrophistes sur l'effondrement du français face d'une part à la langue dominante qu'est l'anglais et d'autre part face au numérique qui appauvrirait le vocabulaire et la syntaxe. Il montre qu'au contraire le français est une langue vivante qui évolue pour continuer à rendre compte du monde contemporain, et ce, quel que soit l'âge, le niveau social, la culture ou le pays d'appartenance des locuteurs. Ce petit essai illustre à sa manière à quel point les points de vue peuvent être opposés entre les déclinistes qui n'ont que des arguments d'ordre politique et souvent intuitifs à avancer et les scientifiques qui s'appuient sur les faits pour développer leurs idées.
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Le français va très bien, merci

Très lisible dans le style, très agréable à lire, très aéré, avec quelques petites touches d'humour qui passent bien. De la bonne vulgarisation : pour des novices, ça se lit sans problème et ça permet d'avoir un autre point de vue sur la langue française que les nombreuses idées reçues qui sont démontées dans ce livret. Néanmoins on reste un peu sur sa faim : on aurait aimé aller plus loin.
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Le français va très bien, merci

Ce petit manifeste est un véritable banger. La lecture en est fluide, simple, claire… incisive !



Chacun des dix chapitres commence par un préjugé, une idée reçue sur la langue française, assortie d’une petite citation. S’en suit un développement solide, une démonstration de ce que cette assertion vaut face à un raisonnement scientifique – et sans vous spoiler : ça ne vaut pas grand chose.



Vraiment, ce petit manifeste – qu’on dévorera rapidement – est à partager et diffuser. On ne peut que saluer les petites bibliographies en fin de chapitre qui permettent de creuser le sujet abordé.



Un premier texte salutaire de la part de ce nouveau collectif de linguistes qui, je l’espère, pourra aider à faire réfléchir et s’émerveiller un large public sur ce qu’est vraiment la linguistique !
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