Mystère-Magazine

Pierre qui roule n'amasse pas mousse. Là, dans ce bistrot de la sortie d'Orléans, au bord de la Loire, sur la route de Blois, je médite devant mon verre de pinard sur ce proverbe qui me faisait sourire il y a 15 ans mais qui aujourd'hui, je dois l'avouer, me clou plutôt le bec.
(Pas de partage - Pierre Siniac)

La fille naviguait à l'ancre au bout du trottoir, courtaude et montée sur ses atroces talons professionnels. Elle l'avait entendu marcher. Il devina ses yeux
- Bonsoir...?
il savait de quoi il s'agissait, de quoi elle ne pourrait que lui parler, en bonne commerçante qui connaît la valeur de son temps. Il s'arrêta cependant.
- Vous êtes triste?

( René Lathière, L'homme de main )

La Librairie Arthème Fayard et les Editions Tallandier viennent d'avoir la très heureuse idée de rééditer les vieux romans de Simenon qui étaient introuvables jusqu'à maintenant. Scindés en deux série : Les romans d'amour de George Sim et Les romans d'aventures de Georges Sim, ces deux collections nous présentent les romans que Simenon écrivit à l'époque ou il signait successivement :
Christian Brulls, Georges d'Isly, Poum et Zette, Jean du Perry, Jacques Dersonne, Gom Gutt, Luc Dorsan, Georges Martin Georges et enfin Georges Sim, époque ou le commissaire Maigret ne l'avait pas encore rendu célèbre, ce qui ne prouve pas qu'il ne faisait pas déjà montre du merveilleux talent de conteur qu'on lui a découvert par la suite.
Nous avons voulu nous aussi vous remettre sous les yeux, à cette occasion, un "ancien" Simenon, un Maigret bien entendu, pour Mystère-Magazine. Parmi les nouvelles enquêtes de Maigret qui datent déjà d'une dizaine d'années, nous avons choisi cette Vieille Dame de Bayeux, parce qu'elle nous a paru, dans son raccourci, très caractéristique de la manière de ce moderne Balzac...
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Chasseurs d'espions.

Est-ce un espion ?... Au début de la guerre de Corée, de nombreux communistes avaient profité de la confusion provoquée par l'exode pour se mêler aux réfugiés sud-coréens. Perdus dans ce flot, quelques hommes du contre-espionnage américain, l'oeil au guet (Sic), s'efforçaient pourtant de démasquer les indésirables. L'un de ces agents remarqua que deux Coréens portaient chacun un bouton de culotte cousu avec du fil rouge. Intrigué, il signala le fait. Une rapide enquête révéla qu'il s'agissait d'un signe de ralliement. Grâce à ce minuscule détail, 121 espions furent mis hors d'état de nuire.

- Il m'arrive de relire Conrad, inspecteur: " la Terre est un temple où se joue un mystère, enfantin et poignant..." Non, ce n'est pas tout à fait ça, mais l'idée y est. On tue des joujoux... en période de Noël, inspecteur... Des joujoux en boîtes, prêts à être distribués dans les cheminées... et c'est poignant, inspecteur...
(René Lathière, L'assassin tue les jouets)

A travers la presse.

Si nous en croyons notre confrère "Les Nouvelles Littéraires", Léon Jouhaux, récent Prix Nobel de la Paix, a un goût très vif pour les romans policiers, tout au moins pour ceux de l'avant-guerre : ses préférés sont les aventures de Sherlock Holmes et d'Arsène Lupin, deux héros, dit-il, qui se complètent merveilleusement, le premier étant un peu trop mécanique, le deuxième un peu trop fantaisiste. C'est dire qu'il aime particulièrement "Arsène Lupin contre Herlock Sholmes". N'oublions pas qu'un des lauréats du Prix Nobel de l'an dernier, Bertrand Russel, a, lui aussi, avoué publiquement et confirmé par écrit sa prédilection pour la littérature policière, preuve nouvelle de la détente intellectuelle et du délassement intelligent que procure la lecture d'un bon roman policier (ou d'une bonne nouvelle policière... évidemment !)

L' homme de la Floride avait ramassé son or, prix de la pucelle, cependant qu'on emportait le cadavre de la vieille pour aller le jeter dans la Saveule. L'Espagnol meurtrier avait pris congé, nul ne songea d'ailleurs à le retenir. Au reste l'accord s'était fait pour convenir que la femme avait menacé Fonval, et ainsi mérité un prompt châtiment. Son corps rejoindrait les autres en aval - ceux qui avaient été précipités à la fin de la journée, après l'affaire du pont.
( René Lathière, Le basilic )