Onyx

— Mouais… Alors, dites-moi quelle extraordinaire idée avez-vous découverte dans la bouche de votre ami, Malowe ? demanda Reed en se tournant vers lui. C’est le dernier endroit où j’aurais pensé trouver une réponse…

— Ça, c’est pas gentil, grogna Cyrius.

— Mais c'est trop bon, ricana le commandant.

Son désir était tellement puissant qu’il aurait pu jouir sans même se toucher. Conrad le fascinait et l’attirait comme la lumière attire un papillon. Son érection était maintenant trop douloureuse pour qu’il puisse l’ignorer alors il descendit la main jusqu’à son caleçon qu’il souleva pour caresser son membre. Il fit de lents va-et-vient, passant son pouce sur son gland sensible en faisant de petits ronds pour étaler le liquide pré-éjaculatoire et ainsi accentuer les sensations. Il soupira son plaisir puis accéléra ses mouvements. Une chaleur bienvenue monta le long de son corps et il crispa les muscles de ses jambes sous la sensation. Une onde de plaisir parcourut son échine et ses hanches se mirent à onduler à la recherche de sensations plus fortes. Ses vêtements le gênaient dans sa quête alors il repoussa les draps d’un geste sec et ôta son caleçon. Enfin libéré, son membre tressauta au contact de l’air froid. Il reprit ses caresses en serrant plus fort son sexe et en lui imposant une torsion qui le fit trembler. Un râle de plaisir lui échappa qu’il essaya d’étouffer en se mordant la lèvre. Son corps se tordit sur le lit dans l’attente de la délivrance et il exécuta quelques allers-retours vigoureux pour le soulager.

Il souffrait déjà physiquement et il se demanda s’il serait capable de tenir moralement. Ces milieux étaient très difficiles humainement et il fallait être préparé avant de plonger dedans. Il plissa les yeux pour essayer de distinguer son visage dans le noir mais en vain. Il se concentra alors sur le corps fin et musclé blotti contre lui prenant conscience de son odeur légèrement sucrée, de sa main qui agrippait sa veste si fort qu’il se demanda si elle en garderait des traces, de sa tête qui pesait à peine contre son torse et des mouvements rapides de sa poitrine qui trahissaient son état fébrile. Le jeune homme trembla puis bafouilla quelques mots qu'il crut avoir mal compris. « Serre-moi fort ». Ces trois petits mots étonnants lui vrillèrent le cœur et il resserra automatiquement son étreinte.

Le travail était différent de celui qu'il exerçait à Boston mais finalement il apparaissait plus intéressant dans la mesure où le périmètre des missions de la division était plus étendu. En effet, bien que l'unité des stups soit responsable, en priorité, de la répression pour démanteler les organisations de stupéfiants opérant dans le district, elle était également chargée des cas de prostitution, de ce qui avait attrait aux jeux de hasard et de tous les problèmes et crimes liés aux clubs de la ville. Elle travaillait souvent en coordination avec les autres unités d'enquête et les agents en patrouille et elle était visiblement associée aux enquêtes criminelles avec beaucoup plus de facilité que dans son ancien commissariat.

Et baiser était un euphémisme si l’on considérait le fait qu’il avait été à deux doigts de perdre son Job. Il s’était fait mettre à pieds à cause d’un jeune dealer très actif dans le milieu et un « fils à papa » qui s’était servi des avocats de ses parents pour lui ruiner sa carrière et s’en sortir avec un casier judiciaire vierge. Impensable diraient certains et bien pas pour un gamin appartenant à une famille aisée, propriétaire d’un empire commercial, très influente dans le milieu politique de Boston et qu’il soupçonnait de tremper dans le même genre d'affaires que leur fils mais sans jamais réussir à le prouver.

On ne bâtissait pas un empire en racontant ses histoires à ses amants et maintenant, il espérait seulement que Solokov le trouve suffisamment à son goût pour l'exhiber à l'une de ses soirées très privées qui avaient lieu chez lui et qu'il pourrait alors espionner ses invités, voire avec un peu de chance, fouiner dans la maison. Solokov état un homme violent et exigeant qui aimait les jeunes hommes délicats et son style lui avait plu dès la première rencontre. Il avait la réputation d'honorer ses amants de cadeaux couteux mais aussi de ne pas hésiter à les battre ou à leur trancher la gorge à la moindre contrariété.

Il sourit en pensant au petit homme magnifique qui officiait au sous-sol. C’était une bombe dans tous les sens du terme. Brun avec des mèches qui partaient dans tous les sens, il avait des cheveux qui lui arrivaient en dessous du menton et descendaient bas dans son cou. Cela lui donnait un air sauvage absolument délicieux. Il avait aussi des yeux turquoises à vous brûler les rétines et après quelques rencontres, finalement il s’était dit que c’était plutôt une chance que le doc ne tienne pas une seconde en place parce qu’il aurait fini aveugle.

Dans tous les cas, se dévoiler ici n’allait pas être simple et il se demanda si sa carrière, déjà bien mise à mal, survivrait à un nouveau scandale. Il maudit intérieurement cette situation pourrie dans laquelle il se retrouvait encore, tout en sachant pertinemment au fond de lui, que l’injustice dont il était témoin allait avoir raison de la discrétion dont il faisait preuve habituellement. La douleur dans sa mâchoire qu’il avait trop serrée le rappela à la réalité.

Il se morigéna de laisser encore le passé le submerger. Il ne pouvait plus rien y faire et globalement il n’était pas si mal ici. Le job était bien mieux payé qu’avant et, pour l'instant, il avait plus de temps libre sans les enquêtes de terrain à mener. Il soupira. Fini les longues soirées à planquer dans la voiture, les porte-à-porte en quête d’une information merdique, les repas sautés ou pris sur le pouce et les rapports tapés une heure avant de les rendre.

Le jeune homme s'avança lentement vers lui et s'approcha si près qu'il pouvait sentir sa chaleur à travers les vêtements. Il leva la tête et planta ses beaux yeux dans les siens puis, sans interrompre la connexion visuelle, il glissa sa main le long de son bras jusqu'à son poing fermé qu'il détendit doigt par doigt avant de lui glisser le trousseau de clés. Il était en transe et le gamin tremblait contre lui.