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Citations de Souad (68)


Préface

Je vivais dans l' anonymat et la souffrance d' une injustice que je pensais incommunicable. Les femmes victimes de " crimes d' honneur " meurent ou se taisent à jamais.
Lorsque j' ai pu enfin l' exprimer dans ce livre, et ensuite dans les médias, mon existence a été transformée. J' ai survécu par miracle et retrouvé mon fils perdu dans les souffrances de ce drame. J' ai refait ma vie alors que d' autres meurent ou se terrent même jusqu' en prison pour garantir une survie toute relative. Les associations humanitaires se battent dans certains pays contre cette coutume masculine et barbare et je veux encore redire que sans la fondation Surgir, je serais morte. Seule, une femme n' a aucun espoir d' échapper à la vengeance d' une famille qui considère sa virginité comme l' honneur de tout un clan. Des fondations et associations locales se battent toujours dans l' anonymat, car sans cet anonymat, celles qui osent braver le clan sont condamnées à vie, recherchées, et parfois exécutées froidement. Il faut continuer à aider la fondation Surgir car c' est la vie de jeunes innocentes qui est en jeu. C' est essentiel.
Jeune fille illetrée, premier témoin vivant parlant de " crimes d' honneur ", j' ai découvert non seulement la liberté d' expression, mais l' acceptation d' un corps que je croyais meurtri à jamais. Je me dois d' utiliser cette chance qui m' a été offerte.
Je parle au nom de toutes celles qui en souffrent aujourd' hui dans le monde et je ne cesserai d' en parler le reste de mes jours, jusqu' à mon dernier souffle.
Ce récit a été traduit dans plus de vingt pays, mon témoignage a donc entrepris de parcourir les librairies du monde entier, à la portée de toutes les femmes et de tous les hommes.
Ce livre est mon plus grand espoir, je souhaite qu' il redonne à d' autres femmes la liberté de vie, qu' il pénètre dans le coeur des hommes et les arrache enfin à cette barbarie d' un autre âge.
Au nom de toutes mes soeurs victimes et en mon nom personnel, je remercie tous ceux et celles qui ont permis d' abord ma survie, puis ma nouvelle vie, et qui m' ont donner le pouvoir d' informer. Je rêve d' un monde dans lequel les hommes auront pris conscience de l' atrocité de la coutume des " crimes d' honneur ", d' un monde où les femmes ne seront plus soumises.
Souad, Janvier 2004

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Aujourd’hui encore, il m’arrive d’y penser. J’aurais préféré mourir, c’est vrai, que d’affronter cette deuxième vie que l’on m’offrait si généreusement. Mais survivre dans mon cas, c’est un miracle. Il me permet maintenant de témoigner au nom de toutes celles qui n’ont pas eu cette chance, qui meurent encore de nos jours pour cette seule raison : être une femme.
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Je suis sur un lit d'hôpital, recroquevillée en chien de fusil sous un drap. Une infirmière est venue arracher ma robe. Elle a tiré méchamment sur le tissu, la souffrance m'a paralysée. Je ne vois presque rien, mon menton est collé sur ma poitrine, je ne peux pas le relever. Je ne peux pas bouger les bras non plus. La douleur est sur ma tête, sur mes épaules, dans mon dos, sur ma poitrine. Je sens mauvais. Cette infirmière est si méchante qu'elle me fait peur quand je la vois entrer. Elle ne me parle pas. Elle vient arracher des morceaux de moi, elle met une compresse et elle s'en va. Si elle pouvait
me faire mourir, elle le ferait, j'en suis sûre. Je suis une sale fille, si on m'a brûlée c'est que je le méritais puisque je ne suis pas mariée et que je suis enceinte. Je sais bien ce qu'elle pense.
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Est-ce que mon frère aimait sa femme? L'amour est un mystère pour moi à ce moment-là. Chez nous, on parle de mariage, pas d'amour. D'obéissance et de soumission totale, pas de relations d'amour entre homme et femme. Seulement d'une relation sexuelle obligatoire entre une fille vierge achetée pour son mari. Sinon l'oubli ou la mort. Alors où est l'amour?
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Je ne veux pas qu'on entre dans la tête de mes enfants ce qu'on a mis dans la mienne, et que j'ai tellement de difficulté à en faire sortir. J'essaie d'y réfléchir, et je me rends compte que, si on m'avais dit que j'avais les yeux bleus sans me donner de miroir, toute ma vie j'aurais cru que j'avais les yeux bleus. Le miroir représente la culture, l'éducation, la connaissance de soi-même et des autres. Si je me regarde dans un miroir par exemple, je me dis :
"Qu'est ce que tu es petite!"
Sans miroir, je marcherai sans m'en rendre compte, sauf si je suis à côté d'un grand. Et je penserai quoi, du grand, s'il marche aussi sans savoir qu'il est grand?
Je commence à réaliser que je ne connais rien aux juifs, que je n'ai pas appris leur histoire, et que, si je continue comme ça, moi aussi je dirais à mes enfants que le juif est un halouf! Je leur transmettrai une bêtise au lieu du savoir et de la possibilité de penser par elles-mêmes.
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Il est revenu, c'est tout ce qui compte pour moi. Il est là, et je l'aime encore plus. Ce qu'il fait de mon corps n'est pas important, c'est dans ma tête que je l'aime. Il est toute ma vie, tout mon espoir de quitter la maison de mes parents, d'être une femme qui marche avec un homme dans la rue, qui monte à côté de lui en voiture, pour aller dans les magasins acheter des robes et des chaussures, et faire le marché. (p87)
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Je voudrais tellement être en paix, ne plus faire de cauchemars ! Mais mes sentiments ne sont jamais calmes : émotions, angoisse, incertitude, inquiétude permanente de la vie. Quelque chose est casé en moi, et souvent les gens ne s'en rendent pas compte, parce que je souris toujours par politesse, par respect des autres.
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Le temps ferme toutes les blessures, même s'il ne nous épargne pas quelques cicatrices
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Un récit poignant qui nous "force" à nous retrancher dans nos opinions personnelles, et, à regarder notre société autrement. Dans ce roman nous nous mettons très facilement à la place de Souad ce qui, à des moments, nous gênerait presque car nous nous mettons à sa place à travers le récit mais nous lisons ce roman dans une société qui n'est pas la même que celle dans laquelle évolue le roman. Personnellement ce roman m'a bouleversée! Un grand Bravo à l'auteur qui a eu le courage de nous dévoiler un bout de sa vie.
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Mais je n'ai pas entendu pourquoi Hussein l'avait frappée. Il suffit parfois que la jeune épouse ne sache pas très bien faire à manger, qu'elle oublie le sel, qu'il n'y ait pas de sauce parce qu'elle a oublié de mettre un peu d'eau...ça suffit pour être battue.
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Je suis née musulmane et je crois toujours en Dieu, je suis toujours musulmane, mais aujourd'hui il ne me reste plus grand-chose des coutumes de mon village.
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Lorsqu'une fille mariée revient dans la maison de son père, c'est une honte. Elle ne doit pas demander protection hors de chez elle, il est du devoir de sa famille de la ramener au foyer.
Ma sœur a été battue par son mari et a apporté la honte en revenant se plaindre.
Elle a de la chance d'avoir un mari, j'en rêve.
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Toute ma vie je me sentirai brûlée, autrement. Toute ma vie je devrai me cacher, porter des manches longues, moi qui rêve de manches courtes comme les autres femmes, porter des chemises à col fermé, moi qui rêve de décolletés comme les autres femmes. Elles ont cette liberté-là. Moi je suis prisonnière dans ma peau, même si je marche libre, dans la même ville libre.
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Une fille qui parle avec un homme, si on la voit, elle est morte.
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J'ai beau me dire que j'étais ignorante, terrorisée par ce qui m'attendait, c'est un cauchemar de penser que j'ai martelé ainsi mon ventre pour que cet enfant n'existe pas.
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Depuis, je vis avec ce nouveau cauchemar en tête, et j'en suis malade. Chaque souvenir précis, chaque scène de mon existence passée qui me revient brutalement au hasard me rend malade. Je voudrais oublier complètement toutes ces choses horribles et, en plus de vingt ans, j'y étais parvenue inconscient.
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"Pour la première fois de ma vie, je suis quelqu'un parce que j'ai décidé moi-même de faire ce que je fais.
Je suis vivante. Je n'obéis ni à mon père ni à personne d'autre. Au contraire, je désobéis."
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Je suis une fille et une fille doit marcher vite, la tête courbée vers le sol, comme si elle comptait ses pas. Son regard ne doit pas se lever, ni s'égarer à droite ou à gauche de son chemin, car si son oeil rencontrait celui d'un homme, tout le village la traiterait de « charmuta ».
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J'ai une mémoire pleine de vides.
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P160 Marouan avait 5 ans lorsque j'ai signé les papiers qui permettaient à notre famille d'accueil de l'adopter.
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