Cependant, j’ai au moins trois certitudes. On est ce qu’on fait. On touche le fond parce qu’on se l’y autorise. Et, pour se projeter dans l’avenir, il faut oser ouvrir les yeux.
Nous souffrons de l'isolement, du manque de tendresse, mais pour autant nous ne laissons personne nous approcher car tout contact est forcément dangereux.
Après m'être tailladé le bras, j'utilise mon sang pour tracer douze traits derrière mon armoire -un pour chaque année écoulée- puis un treizième, au cas où je vivrais un peu plus longtemps. Je rajoute quelques heures d'Allemand et de mathématiques par-ci par-là dans mon emploi du temps, afin que mes parents ne s'étonnent pas de me voir rentrer tard. Cela dit, venant d'eux, ça relèverait du miracle. Dès que j'ai un moment de libre, je vais au parc. Je m'assieds sur un banc et j'attends la fin. Mais celle-ci se faisant désirer, je finis toujours par rentrer à la maison.
Je suis toujours là. Un véritable exploit, alors que je me suis vue mourir à six ans, puis à neuf, onze et douze ans. Et surtout à quinze ans, et encore plus à seize. Pareil à dix-sept ans. Et aux âges que je n'ai pas pris la peine de mentionner, évidemment.
- [...] En tout cas, je vais te dire une chose : la beauté, c'est s'accepter tel qu'on est et arrêter de viser toujours plus haut.
"Le livre que tu es en train d'écrire ne comportera jamais autant de pages que toi, Lilly."
Je caresse l'espoir de mourir d'une pneumonie ou d'hypothermie, en vain. La mort arrive rarement quand on l'appelle. Privilégiant l'effet de surprise, elle préfère survenir soit trop tôt, soit trop tard.
C'est pourquoi je reste en vie.
Une fois rentrée à la maison, je jette les mouchoirs à la poubelle et pose les médicaments sur la commode. Je me rends soudain compte de l'absurdité de la situation: on voudrait réduire au silence la fillette violée en l'assommant de médicaments, mais elle recommencera à crier un jour ou l'autre de toute façon. Et cela ne m'aidera pas à affronter mon reflet dans le miroir.
je déchire les hommes comme je déchire les emballages des préservatifs