Je sentais les larmes de Corin dégouliner sur mon visage. Ses mains dans mes cheveux. J'aurais aimé que ce moment se fige, immobile, pour l'éternité.
Mais nous n'avions ps cette chance.
Notre temps s'était écoulé.
La dépendance murmurait au creux de votre oreille, vous disait qu’elle était la seule et l’unique. Qu’elle était tout ce dont vous aviez besoin.
- Je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit. Tu as visiblement besoin qu'on s'occupe de toi. Et je tiens à toi, Maxx. Tellement, dis-je dans un murmure.
Maxx déglutit, ses lèvres tremblaient après mon aveu. Son visage abîmé afficha une émotion que je ne parvins pas à déchiffrer. Il baissa la tête et appuya son front contre le mien, nos nez se frôlant.
- Tu ne devrais pas. Je n'en vaux pas la peine, Aubrey, plaida-t-il dans un gémissement étranglé.
Je me levai lentement une main pour le toucher avec précaution et faire glisser mes doigts sur sa joue. Il laissa aller son visage contre ma main. Il semblait être en guerre contre lui-même.
- Tu en vaux la peine, Maxx. Il faut que tu l'apprennes et que tu le croies, dis-je.
Maxx captura ma main, ouvrit les yeux et me regarda intensément.
- Sache que si tu décides de t'impliquer avec moi, je ne serai jamais capable de te laisser partir. Jamais.
C'est vrai. Et s'il y a une chose que j'ai apprise depuis que j'ai failli mourir, c'est qu'il faut se cramponner aux choses qui comptent.Les passions, les personnes qui nous rendent heureux
Derrière nous, les gens s’agitaient, ils commençaient à en avoir marre d’attendre.
— Vous l’avez entendu, dégagez ! dit un mec rachitique.
Il portait exclusivement du cuir, et on aurait dit un évadé d’une boîte SM qui aurait mal tourné.
Je pinçai les lèvres. Je commençais à perdre mon sang-froid. Je me préparai à me battre si nécessaire, parce qu’il était hors de question que je parte sans Renée.
Brooks devait avoir reconnu la férocité dans mes yeux, parce qu’il posa une main sur mon épaule et serra fort pour tenter d’attirer mon attention. Je le repoussai et lançai au videur mon regard le plus dur.
— Écoute, mon pote, je vais passer cette porte, et tu ne vas pas m’arrêter, déclarai-je, l’air plus assuré que je ne l’étais en réalité.
En vérité, je tremblais dans mes Converse. Cela ne gênait pas le videur que je sois une fille, il allait me contraindre physiquement à partir.
— Laisse-la entrer, Randy, trancha une voix depuis l’obscurité, juste derrière la porte.
Randy eut soudain l’air confus. Il regarda derrière lui et se mit à rougir.
Je plissai les yeux, scrutant les ténèbres, tentant d’apercevoir mon sauveur. Mais je ne distinguai que la vague silhouette d’un homme.
- Il faut que vous viviez chaque jour comme si c'était le dernier, Corin. Ne perdez pas de temps à être malheureuse.
Bien qu'aussi douce qu'un murmure, sa voix pleine d'assurance résonna profondément en moi. La vérité contenue dans ses mots m'atteignit en plein cœur.
Cet homme cherchait sincèrement ma compagnie. Et, bien que j'aie du mal à concevoir pourquoi, j'étais flattée. C'était agréable de se sentir appréciée.
Alors, je le suivis à l'intérieur de la boutique.
Comme si c'était la chose la plus naturelle du monde.
La photo était réussie. Il s'en dégageait une beauté innocente.
- Je pense que c'est ma préférée, dis-je en la montrant à Corin.
Pour toute réponse, elle m'offrit un sourire énigmatique.
Et ça me suffit amplement.
Je ne pensais pas à mes douleurs. Ni à mes angoisses.
Je me sentais...
Bien.
Dommage que l'envie et le besoin soient deux choses complètement différentes.