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Citations de Adrienne Rich (16)


Adrienne Rich
La nostalgie est juste une amnésie qui a mal tourné.
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Equinoxe


Extrait 2

Ainsi puis-je dire que ce n'était pas moi   fichée comme
l'Innocence qui te trahis   servant (en protestant toujours)
les desseins de mon gouvernement
pensant que nous arriverions à construire un lieu
où la poésie       vieille forme subversive
pousse de Nulle part ici?
où la peau pourrait reposer sur la peau
un lieu « hors limites »
              Peux dire que je me suis trompée ?
Être si meurtrie :   dans les organes   écheveaux de la
  conscience
Encore et encore avons laissé faire
du mal aux autres    broyant le noyau de l'âme
cet ego à la tonalité sourde libéré, essaimant dans le monde
si meurtri :   cœur spleen longs rubans enflammés
                 des intestins
le collier vertical de l’épine dorsale oscillant

Avons laissé essaimer
en nous    laissé advenir
comme cela se doit, au plus profond
mais avant ceci :   longtemps avant ceci    ces autres yeux
frontalement se sont exposés, ont parlé


                                   2001

/traduit de l’anglais (États-Unis) par Chantal Bizzini,
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Cela ne signifie pas qu'une relation privilégiée avec toi exige que je sache et comprenne tout de toi ou que je te dise tout tout de suite ou que je puisse savoir d'avance tout ce que j'ai besoin de te dire.
Cela signifie que la plupart du temps je désire pouvoir tout te dire. Cela signifie que ces possibilités peuvent me faire peur mais que je ne crois pas qu'elles soient destructrices ; que je me sens suffisamment forte pour écouter tes paroles, incertaines et hésitantes. Cela signifie que nous savons toutes les deux que nous essayons en tout temps d'accroître les possibilités de vérité entre nous.
La possibilité de vie entre nous.
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Je n'ai pas de théories. J'ignore ce qu'on me pardonne. Je suis mon art : je le fais de mon corps et des corps qui ont produit le mien. J'en suis encore à chercher le langage pictural apte à exprimer cette colère et cette peur qui tournent autour d'un axe d'amour.
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Adrienne Rich
The rules break like a thermometer,
Quicksilver spills across the charted systems,
We’re out in a country that has no language
No laws, we’re chasing the raven and the wren
Through gorges unexplored since dawn
Whatever we do together is pure invention
The maps they gave us were out of date
By years…
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En tant que femme, je n'ai pas de pays. En tant que femme, je ne désire pas de pays. En tant que femme, mon pays est le monde entier.
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Adrienne Rich
Aunt Jennifer's Tigers

Aunt Jennifer's tigers prance across a screen,
Bright topaz denizens of a world of green.
They do not fear the men beneath the tree;
They pace in sleek chivalric certainty.

Aunt Jennifer's finger fluttering through her wool
Find even the ivory needle hard to pull.
The massive weight of Uncle's wedding band
Sits heavily upon Aunt Jennifer's hand.

When Aunt is dead, her terrified hands will lie
Still ringed with ordeals she was mastered by.
The tigers in the panel that she made
Will go on prancing, proud and unafraid.
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Lire un tel livre, écrit par une femme d'une vaste intelligence et d'une grande érudition, peut se révéler douloureux car cela incarne la tragédie d'un esprit féminin nourri d'idéologies masculines. En fait, c'est nous qui sommes perdantes, car le désir d'Arendt de traiter de questions morales en profondeur est la sorte de souci dont nous avons besoin pour construire un monde commun qui ne se réduise pas à un ensemble de "styles de vie". Le pouvoir de l'idéologie masculine de posséder un tel esprit féminin qui le contient et qu'il contient, n'est nulle part aussi frappant que dans le livre d'Arendt, qui vole très haut, mais mutilé.
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"La protection et la sauvegarde du monde contre les processus naturels sont de ces tâches qui exigent l'exécution monotone des corvées quotidiennes répétées… la lutte quotidienne dans laquelle le corps humain est engagé pour nettoyer le monde et pour l'empêcher de s'écrouler ressemble peu à de l'héroïsme; l'endurance qu'il faut pour réparer chaque matin le gâchis de la veille n'est pas du courage… mais l'interminable répétition" Hannah Arendt n'appelle pas cela du "travail de femme". Pourtant c'est cette activité de production du monde, de préservation du monde, de réparation du monde - les millions de petits points de couture, la friction de la brosse à récurer, le passage de la serpillère, le fer à repasser parcourant la chemise, le frottement de l'étoffe sur elle-même pour évincer la tache, le renouvellement de la casserole brûlée, de la lame rouillée, le tissage invisible d'une vie de famille éraillée et élimée, le nettoyage du sol et des déchets laissés par les hommes et les enfants - que nous avons été chargées de faire "par amour" non seulement gratuitement mais sans être aucunement reconnues par les philosophes politiques. On ne dit pas des femmes qu'elles font oeuvre ou qu'elles "travaillent" quand nous créons les conditions indispensables au travail des hommes.
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Où que ce soit la vérité représente une complexité croissante. Mais elle est aussi en mouvement, en évolution. Nous les femmes ne faisons que commencer à découvrir nos propres vérités, et bon nombre d'entre nous apprécieraient une trêve dans cette bataille, seraient heureuses de se reposer, satisfaites des minces fragments que nous avons eu tant de peine à exhumer. Souvent je ressens physiquement cette lassitude.
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Adrienne Rich
L'institution de la maternité ne se confond pas avec l'acte de porter et d'élever des enfants, pas plus que l'institution de l'hétérosexualité ne se confond avec intimité et amour sexuel.
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Cartographies du silence

un.

Une conversation commence
par un mensonge. Et les

Les locuteurs du langage commun convenu ressentent
la rupture de l'iceberg, la distanciation

aussi impuissant, érigé devant
une force de la nature

Un poème peut commencer
par un mensonge. Et être déchiré.

Une conversation a des lois différentes et se
recharge avec les siennes

fausse énergie. Il ne peut pas être
brisé. Il s'infiltre dans notre sang. Il se répète.

Il inscrit l'
isolement avec son aiguille de non-retour tout en le niant.

deux.

La station de musique classique
joue heure après heure dans l'appartement

le fait de décrocher et de décrocher
et de reprendre le téléphone

Les syllabes prononçant encore et encore
l'ancien script

La solitude de celui qui est
installé dans le complexe formel du mensonge

tordant les airs pour noyer la terreur
qui se cache sous le mot tacite

3.

La technologie du silence
Rituals, labels

le brouillage des termes
silence pas absence

de mots ou de musique ou même
de sons grossiers

Le silence peut être un plan
rigoureusement exécuté

le plan d'action pour une vie

C'est une présence il
a une histoire une forme

Il ne doit être confondu
avec aucune sorte d'absence

Quatre.

Comment serein, combien
ces mots commencent à paraître inoffensifs

toujours né de la douleur et de la colère,
je peux parcourir cette feuille d'abstraction

sans me blesser ni toi
il y a assez de douleur dans cet endroit

Est-ce pourquoi les stations de musique classique et jazz sonnent?
Pour donner un sens à notre douleur?

5.

Le silence est nu:
Dans la p assion Jeanne d'Arc , Dreyer

Le visage de Falconetti, les cheveux rasés, une grande géographie
parcourue en silence par la caméra scrutatrice

S'il y avait une poésie dans laquelle cela pourrait se produire,
pas avec des espaces ou des mots vides

se répandre comme une peau sur les significations alors
que le silence tombe à la fin

d'une nuit que deux personnes ont traversé en
parlant jusqu'à l'aube

6.

Le cri
d'une voix illégitime

Elle a cessé de s'entendre, alors
elle se demande

Comment est-ce que j'existe?

C'était le silence que je voulais briser en toi
j'avais des questions mais tu n'allais pas y répondre

J'avais des réponses mais tu n'allais pas les utiliser
C'est inutile pour toi, peut-être pour les autres aussi

7.

C'était un vieux thème même pour moi: la
langue ne peut pas tout faire -

écrit à la craie sur les murs où des poètes morts
gisent dans leurs mausolées

Si au gré du poète le poème
pouvait devenir une chose

une jupe de granit nue, une tête relevée
et éclairée par la rosée

Si je pouvais juste regarder ton visage
les yeux nus, sans te laisser te retourner

jusqu'à ce que toi et moi, j'ai hâte d'y parvenir, nous avons
réussi à clarifier ensemble dans ses yeux

8.

Non, laisse-moi garder cette poudre
ces nuages ​​pâles tenus difficilement, ces mots

se déplaçant avec une précision féroce
comme les doigts d'un enfant aveugle

ou la bouche d'un nouveau-né
avec la violence de la faim

Personne ne peut me donner,
j'ai longtemps assumé la méthode

pour éviter le déversement de ce sac de tissu lâche
ou la flamme du briquet, devenez faible et bleu

Si de temps en temps j'envie
les pures énonciations du regard

la visio béatifie
si de temps en temps j'ai envie de me transformer

comme le hiérophante d'Eleusis
tenant un seul épi de blé

pour retourner au monde concret et éternel
ce que je continue de choisir

sont ces mots, ces chuchotements, ces conversations
d'où jaillit encore et encore la vérité, humide et verte.

Traduction de l'anglais par Adrián Viéitez .
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Equinoxe


Extrait 1

Le temps se fend comme un fruit, entre obscurité et lumière
et une brume habituelle traîne
au dessus de cette étendue
j'ai parcouru septembre de bout en bout,
pieds nus, de pièce en pièce
portant à la main un couteau bien aiguisé pour couper tige
  ou racine
                              ou mèche  les yeux ouverts
aux coquilles d'abalone      flammes des bougies commémorati
  ves citrons fendus roses couchées
              le long de poutres se carbonisant   Choses belles
: acres mornes de pays développé à l'image de son nom : Nulle part
marécages détritus brûlés menaçants en son cœur
orbite métal d'arme sang bleu de minuit et
                   masques mystifiants je croyais savoir
que l'histoire n'était pas un roman


                                   2001

/traduit de l’anglais (États-Unis) par Chantal Bizzini,
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Un automne sans gelée meurtrière jusqu'alors, encore chaud
donne l'impression d'une époque de mépris de soi-même, le souvenir d'avoir dépassé
les limites pendant sa jeunesse, ce jeu compliqué d'une innocence depuis longtemps échue.
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PLONGÉE DANS LE NAUFRAGE

Après avoir lu le livre des mythes, chargé l’appareil photo,
et vérifié le tranchant du couteau, j’ai revêtu

l’armure de caoutchouc noir
les palmes absurdes
le masque grave et malcommode.
Je dois le faire,
non comme Cousteau et son
équipe zélée
à bord du schooner inondé de lumière mais ici, seule.

Il y a une échelle.
L’échelle est toujours là
qui pend innocemment contre le bord du schooner. Nous savons à quoi elle sert, nous qui l’avons utilisée. Sinon c’est aussi
une pièce de floche marine un article quelconque.

Je descends.
Barreau après barreau et l’oxygène
me submerge encore
la lumière bleue
les atomes limpides
de notre atmosphère.
Je descends.
Mes palmes m’handicapent,
je descends de l’échelle en rampant comme un insecte et il n’y a personne
pour me dire quand l’océan
va commencer.

D’abord l’air est bleu et puis
devient plus bleu, puis vert et puis
noir je m’évanouis dans ce noir
mon masque est fort
il pompe mon sang avec force
la mer, c’est une autre histoire
la mer n’est pas une question de force je dois apprendre seule
à faire pivoter mon corps sans violence dans l’élément profond.

Et maintenant, il est facile d’oublier pourquoi je suis venue
parmi tant d’êtres qui ont toujours vécu ici

agitant leurs éventails crénelés entre les récifs
d’ailleurs

1

on respire différemment ici-bas.

Je suis venue pour explorer l’épave.
Les mots sont des intentions.
Les mots sont des cartes.
Je suis venue pour constater les dommages et les trésors qui prévalent.

Je caresse le rayon de ma lampe lentement le long du flanc d’une chose plus permanente qu’un poisson ou qu’une algue

j’étai venue pour cela :
le naufrage et non l’histoire du naufrage
cela même et non le mythe
le visage noyé regardant toujours
vers le soleil
l’évidence des dommages
usé par le sel et le balancement pour cette beauté râpée les membrures du désastre
arrondissant leur témoignage
parmi ceux qui rôdent timidement.

C’est bien ici.
Et j’y suis, l’ondine dont la chevelure sombre coule noire, l’ondain dans son corps en armure nous tournons silencieusement
autour de l’épave,
nous plongeons dans la cale.
Je suis elle : je suis lui
dont le visage noyé dort les yeux ouverts
dont les seins portent encore la contrainte
dont la cargaison d’argent, de cuivre et
de vermeil repose
obscurément dans des tonneaux
à demi enfoncés et abandonnés à la rouille nous sommes les instruments à demi détruits qui autrefois indiquions une direction
les bûches mangées par l’eau
le compas faussé

Nous sommes, je suis, vous êtes par lâcheté ou courage
celui qui trouve son chemin
de retour vers cette scène

muni d’un couteau, d’un appareil photo, d’un livre de mythes

nos noms ne figurent pas.

1972
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PLONGÉE DANS LE NAUFRAGE


Après avoir lu le livre des mythes, chargé l’appareil photo,
et vérifié le tranchant du couteau, j’ai revêtu

l’armure de caoutchouc noir
les palmes absurdes
le masque grave et malcommode.
Je dois le faire,
non comme Cousteau et son
équipe zélée
à bord du schooner inondé de lumière mais ici, seule.

Il y a une échelle.
L’échelle est toujours là
qui pend innocemment contre le bord du schooner. Nous savons à quoi elle sert, nous qui l’avons utilisée. Sinon c’est aussi
une pièce de floche marine un article quelconque.

Je descends.
Barreau après barreau et l’oxygène
me submerge encore
la lumière bleue
les atomes limpides
de notre atmosphère.
Je descends.
Mes palmes m’handicapent,
je descends de l’échelle en rampant comme un insecte et il n’y a personne
pour me dire quand l’océan
va commencer.

D’abord l’air est bleu et puis
devient plus bleu, puis vert et puis
noir je m’évanouis dans ce noir
mon masque est fort
il pompe mon sang avec force
la mer, c’est une autre histoire
la mer n’est pas une question de force je dois apprendre seule
à faire pivoter mon corps sans violence dans l’élément profond.

Et maintenant, il est facile d’oublier pourquoi je suis venue
parmi tant d’êtres qui ont toujours vécu ici

agitant leurs éventails crénelés entre les récifs
d’ailleurs

1

on respire différemment ici-bas.

Je suis venue pour explorer l’épave.
Les mots sont des intentions.
Les mots sont des cartes.
Je suis venue pour constater les dommages et les trésors qui prévalent.

Je caresse le rayon de ma lampe lentement le long du flanc d’une chose plus permanente qu’un poisson ou qu’une algue

j’étai venue pour cela :
le naufrage et non l’histoire du naufrage
cela même et non le mythe
le visage noyé regardant toujours
vers le soleil
l’évidence des dommages
usé par le sel et le balancement pour cette beauté râpée les membrures du désastre
arrondissant leur témoignage
parmi ceux qui rôdent timidement.

C’est bien ici.
Et j’y suis, l’ondine dont la chevelure sombre coule noire, l’ondine dans son corps en armure nous tournons silencieusement
autour de l’épave,
nous plongeons dans la cale.
Je suis elle : je suis lui
dont le visage noyé dort les yeux ouverts
dont les seins portent encore la contrainte
dont la cargaison d’argent, de cuivre et
de vermeil repose
obscurément dans des tonneaux
à demi enfoncés et abandonnés à la rouille nous sommes les instruments à demi détruits qui autrefois indiquions une direction
les bûches mangées par l’eau
le compas faussé

Nous sommes, je suis, vous êtes par lâcheté ou courage
celui qui trouve son chemin
de retour vers cette scène

muni d’un couteau, d’un appareil photo, d’un livre de mythes

nos noms ne figurent pas.

1972
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