- Vivaldo ! Vivaldo ! Vivaldo ! Vivaldo ! - criait son chef de bureau, mais il n'entendait cette voix que là-bas au fond, où elle disparaissait dans un coin.
C'est ainsi que ma grand-mère a commencé à me raconter l'histoire de Vivaldo Bonfim, mon père. Il travaillait au 7ème Secteur des Impôts et vivait dans un monde ennuyeux, plat, terne, assommant, rempli de papiers, de dossiers, et autre bureaucratie que les arbres servent à fabriquer. C'était un monde exempt de littérature. Ma mère était enceinte de moi, je nageais dans son utérus, tournais comme le linge dans la machine à laver, à cette époque fatidique. Mon père ne pensait qu'aux livres (des livres, encore des livres !), mais la vie avait une opinion différente, sa vie à lui pensait à d'autres choses, elle était distraite, et il avait dû se trouver un travail. La vie, souvent, n'a aucune considération pour ce que nous aimons. Malgré cela, mon père emportait des livres (des livres, encore des livres !) au bureau du 7e Secteur, et lisait en cachette dès qu'il le pouvait. Ce n'est pas une attitude à conseiller, mais c'était plus fort que lui. Il plaçait toujours un livre sous les documents modèle B, les imprimés concernant les changements d'activité et autres papiers aux noms ronflants, et il lisait discrètement, en faisant semblant de travailler. Ce n'était pas très joli comme attitude, mais mon père ne pensait qu'aux livres. C'est cela que ma grand-mère m'a raconté, avec toutes ses pensées pleines de rides sur son front.
Je n'ai jamais connu mon père. Quand je suis né, il n'était déjà plus de ce monde. (p.9)
« Rosa suce des petites pierres comme des bonbons. Ce sont des pierres qu’elle a ramassées dans des endroits où elle a connu une certaine forme de joie, ou de douleur, des moments qu’elle ne veut pas oublier. […] Certaines de ces pierres sont pointues et Rosa se blesse la bouche en les suçant comme des bonbons, mais elle aime cette sensation de douleur mêlée au souvenir de la joie, et cette saveur rouillée, celle du sang, de la vie . »
Pour les uns, la racine est la partie invisible qui permet à l’arbre de pousser. Pour moi, la racine est la partie invisible qui l'empêche de voler comme les oiseaux. En vérité, un arbre est un oiseau raté.
Chapitre 20. Vladivostok, p. 66
Bombo et moi on est partis se promener à bicyclette, qui est une chose qu'on ne fait pas encore par ordinateur.
Chapitre 25. Le papillon, p. 87
Pour avoir de la bière, il fallait cultiver. Et c'est ainsi qu'est née la société que nous connaissons. Grâce à la bière, nous avons des hôpitaux et des bibliothèques. Il n'y aurait pas de livres sans la bière.
Les singes n'ont pas des derrières comme les nôtres, et comme celui de Rosa, le plus rond de tous. Nous avons un cerveau capable de penser selon la logique d'Aristote et la théologie de Thomas d'Aquin seulement parce que nous avons des fesses extraverties.
- On travaille, mais on reste dans la misère.
- Évidemment. Si le travail rapportait de l'argent, les pauvres seraient riches.
Le sacré est partout. Non pas tant par sa valeur intrinsèque que par la valeur que nous lui accordons.