Elle partait dans des justificatifs parfois tirés par les cheveux. Rolf songea aux théories du complot. Annika pourrait facilement monter en épingle cette histoire, au demeurant triste et tragique. Mais banale. Rolf resta silencieux. Il savait d’expérience que la douleur faisait dire bien des choses.
Il resta là à observer sa fille à la dérobée. Il se sentit fier d’elle. Elle marchait la tête haute. Insouciante et maîtresse de son destin. Elle avait fait son deuil. Bien mieux que lui.
Ou en tout cas, elle se montrait plus forte face à la disparition soudaine et inattendue de sa mère.
Elle l’obligeait à partir dans sa jeunesse insouciante. Ou tout était de l’ordre du possible. Des rêves plein la tête. La vie arc-en-ciel. Une expression de Liv, qu’il avait souvent reprise pour la laisser glisser après la pluie et l’étincelle de soleil.
La nouvelle lui avait vrillé le cœur, l’avait vidé de l’essentiel de son existence. Inconsolable, il avait pourtant tenu à poursuivre ses investigations en cours. Affirmant que c’était tout ce qui lui restait.
Rolf connaissait assez les gens pour savoir qu’elle voulait qu’il se taise sur leur relation. Bien. Jouer le jeu quelques minutes n’allait pas lui nuire plus que nécessaire.
Ouvrir une porte, surtout celle de la curiosité, le conduirait fatalement sur un chemin qu’il refusait de suivre.
La perte d’un être cher est toujours un sentier vivant et humain.