Entretien avec Ahmed Taleb Ibrahimi - Al Jazeera - en Arabe - 9
Le méditerranéen aime que son idéal soit incarné par un homme (le chef) : tous les spécialistes de l'art ont noté qu'il demeure attaché à la figure alors que le nordique à une propension à l'abstrait… Il est temps que les militants algériens apprennent à se déterminer par rapport à des idées et non en fonction des hommes… Nos ancêtres qui s'y connaissaient en hippologie, distinguaient les palefrois et les destriers. De même, en politique, les deux catégories existent : les hommes de parade qui trônent et plastronnent et les hommes de bataille qui triment et s'escriment. (p. 120)
«La grande qualité d'un professeur vis-à-vis de ses élèves ou d'un leader vis-à-vis des militants est de les amener à se poser des questions, tuant ainsi dans l'œuf ces «fléaux» que sont le conformisme et le formalisme» (p. 80), «Nul ne peut nier qu'il sévit actuellement en Europe -et particulièrement en France- une vague d'antiarabisme qui a ses origines non seulement dans la guerre d'Algérie mais aussi dans un esprit de croisade qui n'a jamais complètement disparu» (p. 114),
«Si nous avons eu recours à la violence pour reconquérir notre indépendance nationale, nous avons fait notre révolution sans haine» (p. 12), «La notion de vocation d'une nation, si elle repose sur des fondements géopolitiques, n'en est pas pour autant une fatalité inscrite dans la logique de l'histoire. Une nation est, en définitive et pour une large part, ce que ses enfants veulent qu'elle soit» (p. 24), «Le drapeau, l'administration, c'est peu de chose si l'économie n'est pas aux mains des autochtones et au service du peuple» (p. 25), «L'administration pénitentiaire (coloniale), machine sans intelligence et sans âme, engrenage de robots et de numéros» (p. 39), «Nous avons recouru à la raison des armes parce qu'il ne suffit pas d'avoir raison contre l'injustice, la bêtise et la haine : il faut en avoir raison» (p. 42), «Quand le mépris de l'homme est érigé en système par une communauté, quelle qu'elle soit, cette communauté finit tôt ou tard par se condamner elle-même aux yeux du monde entier» (p. 51),
« La chance d’appartenir à cette génération si particulière (historiquement parlant), et sans laquelle ma vie eût été d’une banalité effrayante, implique en retour des obligations dont la plus importante réside dans l’accomplissement d’un devoir de mémoire, par la production d’un témoignage aussi fidèle et objectif que possible. Celui-ci doit répondre au droit des Algériens de savoir aujourd’hui ce qui s’est réellement passé durant l’occupation coloniale, ainsi que pendant et après la Révolution armée. Il constitue, de surcroît, une contribution salutaire à l’avenir de la démocratie en Algérie, et enfin, je l’espère en tout cas, un matériau utile pour l’historien qui se penchera sur l’étude de cette période de notre histoire. »
Tout en reconnaissant ce que nous devons à l’Europe, tout en affirmant que sa culture nous ouvre de larges avenues sur le monde moderne, nous avons le droit – et le devoir – de rester nous-mêmes, de sauvegarder notre personnalité.
Avant d’écrire il faut savoir lire et avant de parler il faut savoir écouter.
Même s'ils se comptent sur les doigts d'une main, quelques proches et quelques amis font le poids devant l'adversité.