Le chasseur de rivières
(2004)
Extrait 2
Les chemins
sont éteints
la lune rousse
se déplie
jusqu’à
la chambre pâle
où les choses se tissent
avec ton sourire
petits bruits des cachettes
nouant les galaxies
Tu seras là
toi, ma rivière
Moi
je te tends les mains
parmi les îles
où se braconnent les plus beaux fleuves
pêche intouchable de la lune
p.289
I. SEIGNEUR JARDIN
Si peu forcé
Le Hourra des ténèbres
Admirable le génie
Anonyme des lampes
« Il n'y aura, rassurez-vous,
Nulle musique habile.
Mes morts, vous deviendrez
Maestros des abîmes,
Chiques et tatouages,
L'intenable frichti des ombres. »
p.16
II. RIVIÈRE ENTERRÉE VIVE
Enfance, rais d'oiseaux
Bouche de tournesol à l'affût du soleil
Lorsque la rivière
Chassant le feu de pierre en pierre
Tu captures
Les crieurs de conques
p.45
II. RIVIÈRE ENTERRÉE VIVE
Tu pris la place
Du ciel
Ne cédas rien
Aux étoiles mercenaires
Dont ton sommeil
Garde les morsures
Et ces couleurs patientes
L'embrun, le brouhaha
p.44
La Terre encercle les oiseaux
Le Lieu
IV
Quand vient la mort, le passant se sépare du
visage qui jadis fut l’amour, il se fixe et s’accroche
longuement à la terre, il tournoie sur le lieu où le
corps n’a plus d’ancre, où le désir d’attirer à soi
glisse loin dans la course, la source.
p.54
Le chasseur de rivières
(2004)
Extrait 3
Tant d’eau
et d’herbe
qui harnachent
le temps
le temps
brodeurs des soirs
où les pluies se rassemblent
pour un portrait de famille
avec le grillon
envoûté
l’abeille
aux bottes de sept lieues
le vent dormant
dans un pertuis
p.286
II. RIVIÈRE ENTERRÉE VIVE
Un heurt
Et l'aube se fendille
— Rivière
Rivière qui passes
et l'on bat des mains
À l'aube
Parfois on te découvre
Toi l'impolie
Au pied des arbres
Puis le jour gobe ses oiseaux
— Chair de sureau
p.39-40
IV. CHIFFONS
La lune
Fracas de craie
Aux songes naviguant
Parle-t-elle de visages
Connut-elle
Cette aube
D'amour
Aux alluvions et ruses
De longues courses
Effleure-t-elle les amants
Dormeurs assaillis
Dans un donjon de plumes
p.62
Au pays de la pie…
Au pays
de la pie
les heures s’éboulent
pierreries, morgue
Mais
quand
le vent se pince
devant une porte
une lumière tresse
le chant des oiseaux
pour mettre en fuite
les détrousseurs de sources
On gardait les doigts Noués aux feux…
On gardait les doigts
Noués aux feux
On ne fardait
Pas son tumulte
On se souvient
De chaque visage
De chaque féerie
Des pluies
(Dont on fit
des objets immortels)