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Critiques de Alain Emery (36)
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La racine du fleuve

Il m’est parfois arrivé de faire l’éloge de telle ou telle profession intimement liée au livre, comme celle de bouquiniste par exemple, ou bien au contraire d’en critiquer certaines qui me semblent nuire à l’idéal que je place dans le livre et la littérature. Ainsi se comptent un géant américain de la distribution de A à Z sur l’internet ou encore quelques pratiques éditoriales particulièrement peu regardantes sur la qualité des produits proposés au lectorat. Permettez-moi aujourd’hui une nouvelle petite digression pour tenter un éloge, certes dérisoire mais sincère, à l’adresse d’une profession dont la mission est ô combien louable.



En effet, j’aimerais aujourd’hui célébrer — avant qu’ils ne s’éteignent, menacés qu’ils sont par les chasseurs sans scrupules susmentionnés — ces quelques éditeurs opiniâtres, petits et pauvres pour l’essentiel, travailleurs et exigeants, qui mettent encore toute leur âme dans ce métier, en publiant des auteurs moins connus, moins consensuels, mais avec un amour véritable de la littérature. Une idée chevaleresque de ce qu’elle devrait être, qui se battent pour qu’elle demeure un art et non seulement une marchandise périssable.



J’ai lu récemment deux de ces livres étonnants, publiés sous la houlette d’éditeurs un peu auteurs eux-mêmes, et je voudrais même, non pas leur faire de la publicité, car cela j’en suis bien incapable, mais les célébrer moindrement. Il y a les éditions Sulliver dont j’ai lu et critiqué récemment l’ouvrage de Bernard Thierry intitulé Livre. Il y a aujourd’hui les adorables petites éditions Paul & Mike qui mettent à disposition des amoureux de la littérature ce recueil de nouvelles de l’élégant écrivain breton Alain Emery.



À ces deux-là et aux quelques autres qui luttent pour leur survie (mais au travers de leur survie, c’est un peu la nôtre qui se joue aussi, nous, les lecteurs exigeants soucieux d’indépendance et d’une pensée plurielle) j’aimerais rendre un réel hommage et, faute de mieux, adresser un sincère remerciement. Votre courage force le respect, continuez longtemps de faire ce que vous faites, Mesdames et Messieurs les authentiques éditeurs, vous qui n’êtes pas seulement des marchands de livres.



Me voici donc aux prises avec ce recueil de cinq nouvelles. Quatre d'entre elles sont courtes et la cinquième, plus longue à elle seule que les quatre autres réunies donne sont titre à l'ouvrage. On navigue toujours à la frontière entre le polar, la psychologie et le régionalisme.



La première nouvelle du recueil, intitulée Quatre Joueurs Attablés a de loin ma préférence (elle a d'ailleurs reçu le prix Calipso en 2011). Les autres, bien qu'animées des mêmes caractéristiques dans l'écriture (récits à la première personne, quelques belles formules percutantes) et dans le fond (des morts soudaines ayant l'air de suicides mais qui n'en sont peut-être pas tout bien considéré), m'ont un peu moins séduites.



Alain Emery aime plonger dans ce que l'humain a de plus sombre et détestable en lui mais qu'il garde soigneusement enseveli, à l'abri des regards indiscrets. Il y est donc fréquemment question de bas instincts (jalousie, ambition mal placée, acharnement collectif, violence conjugale, rumeur, ingratitude, etc.).



Mais ce qui intéresse Alain Emery, ce n'est pas nécessairement le fin mot de l'histoire, c'est, un peu à la manière d'un Dostoïevski, le processus psychologique qui a conduit à l'événement. Vous imaginez qu'on pénètre dans les gouffres les plus sombres du cerveau humain avec une mince lampe de poche…



Bref, un petit livre à découvrir si vous souhaitez sortir un peu des blockbusters anglo-saxons ou scandinaves, retrouver quelque chose qui confine à la saveur régionale franchouillarde d'un Maupassant, tout en ne lâchant rien sur les qualités d'écriture (ce qui n'est pas toujours le cas des blockbusters sus-mentionnés). Toutefois, gardez à l'esprit que ceci n'est que mon avis, plus frêle et balbutiant que la racine d'un fleuve, c'est-à-dire pas grand-chose.
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L'âme au Diable n°1

L'écriture est une diablesse délicate et versatile. La feuille blanche l'intimide, l'inspiration l'accompagne ou la fuit.



Faut-il alors passer un pacte faustien pour la séduire ?

S'acoquiner avec le diable pour atteindre la diablesse ?



C'est ce que pense l'équipe éditoriale de "L'âme au diable" cette nouvelle revue littéraire sise à St Brieuc (côte d'Armor) qui propose dans sa première livraison seize textes-pactes.



La qualité d'écriture est ce qui lie ces autrices et auteurs, le tout est agrémenté de nombreuses illustrations en noir & blanc du plus bel effet.



Cette publication, prévue pour être semestrielle est une très belle initiative à découvrir et à soutenir.



Contact : lameaudiable@orange.fr
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13 morts à l'horizon

Un polar « Breton » qu’offrent les éditions « ouest et compagnie », et dont l’auteur à choisi une forme littéraire assez peu courante dans le genre :

C’est un narrateur qui va conter et expliquer à un auditeur muet cette énigme, alors qu’il était lui-même concerné à l’époque.

Les faits : Une famille d’Anglais est sauvagement assassinée dans sa résidence d’été près de Saint-Malo. Les soupçons s’orientent rapidement sur Samuel Josse, jardinier et homme plutôt honnête et droit malgré une réputation légèrement sulfureuse en raison d’un tempérament impulsif qui le conduit à être très direct avec ses interlocuteurs. On le retrouvera pendu dix jours après le triple meurtre.

Sa femme et son fils, cible des bonnes gens et des bien-pensants devront s’exiler en région parisienne. Ses amis sont désemparés.



C’est le retour du fils de Samuel, vingt ans après, qui va pousser Callas à raconter ses conclusions sur l’enquête qu’il n’a cessé de mener pendant tout ce temps. Il ne peut imaginer son ami Samuel coupable d’une telle horreur et s'en veut de n’avoir pas su protéger son ami .



Ce très beau roman a de plus le mérite d’être bien écrit, dans un style agréable, et malgré un texte précis et détaillé; il présente beaucoup de rythme au cours du récit.

Cette histoire s’intègre dans le déroulement du vingtième siècle (1913 -1991- 2011…) avec quelques éléments historiques comme l’épisode de la bande à Bonnot.

Le choix d’un narrateur, s’il est original est cependant difficile à maîtriser. Comment en effet traduire l’action quand on est dans l'écrit, que l’on disserte, qui plus est si le texte est bien écrit et ne présente pas les défauts de l’oralité.

Mais cela ne gène pas le plaisir de tourner les pages de ce bouquin et de se laisser conduire par l’auteur vers la solution de cette énigme.

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D'aussi vastes déserts

D'aussi vastes déserts, finaliste du Prix boccace 2014



L’avis du comité de lecture

Alain Emery nous fait rencontrer des personnages originaux, baroques, comme son écriture. Il évolue par cercles concentriques pour tenter d’atteindre le cœur du personnage qui se dérobe toujours. Rien de banal, pas de lieu commun, une façon singulière de décrire des sentiments très forts, des lieux, des visages autour de l'amitié et de l'amour, et de la perte, sous une forme poétique mais sans fioritures. Il sait creuser avec ses mots au fond des âmes.

Une belle écriture, à la recherche du mot juste et une remarquable technique du suspense
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Quatre rivières

Quatre rivières, le dernier ouvrage d’Alain Emery aux Éditions Terres du couchant est de ces livres qui vous ferait oublier de descendre à votre station de métro. Quand on y entre, on est happé par la plume de l’auteur qui n’a pas son pareil pour décrire les méandres des âmes.

C’est d’une beauté sombre et profonde comme le lit des rivières qui charrient autant de vies que de morts et dont le silence peut être plus violent que les grondements.

Dans un village encore très marqué par la Grande Guerre, les hommes taisent les cris et les canons, qui résonnent encore profondément en eux, avec le fol espoir de parvenir enfin à renouer avec la normalité, quitte à faire semblant pour ne pas réveiller les démons.

Un très beau texte servi par une édition d’une belle sobriété. A lire assurément.
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Passage des mélancolies

Passage des Mélancolies, roman court et dense qui retrace la vie "extraordinaire" de Suzy, belle danseuse de cabaret, dans l'insouciance des Années Folles, avec ses espoirs, ses plaisirs, ses drames.

Il est des rencontres qu'on explique pas, mais il fallait quelqu'un comme Alain Emery pour sortir Suzy de l'anonymat d'une brocante, où il découvre par hasard les photos de la magnifique danseuse du Moulin Rouge; il fallait quelqu'un comme lui pour donner une seconde chance à cette jeune femme au charme fou.

La plume ciselée, sensible et élégante d'Alain Emery montre toute l'affection qu'il porte à son personnage. Ce livre est d'une telle justesse, d'une telle délicatesse, d'une telle sincérité qu'il fait partie de ceux qu'on oublie pas : il suffit simplement de se laisser porter par le destin de la belle Suzy, imaginé par l'auteur, et d'admirer sa photo en première de couverture, pour que l'éblouissement opère.
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Passage des mélancolies

Suzy s'est éteinte dans ses bras et malgré les soixante ans qui les séparaient, cette femme l'aura marquée au fer rouge. Est-ce de l'amour? une profonde amitié?

Il se souvient de leurs danses, de leurs discussions sans fin sur le balcon de son luxueux appartement face à la mer, du parfum de ses trois gouttes de jasmin, de sa sagesse, de sa canne au pommeau gravé, de ses yeux violets.

Lui, le voisin de palier devenu son ami et confident, il a eu l'immense privilège de vider son appartement et de plonger dans la vie insolite de cette femme hors du commun, qui, en quittant sa province bigote, s'est lancée dans une carrière de danseuse au Casino de Paris.

Protégée par deux hommes qui auraient donné sa vie pour elle, Suzy vivra une vie libérée et fantasque, faite d'étoffes soyeuses, de paillettes et de transatlantique, jusqu'au drame. À cette époque, on n'aime pas les filles trop libres.



J'ai beaucoup de chance, la librairie Le Grenier de Dinan adore les petites maisons d'édition, les trésors cachés, les pépites baroques, et quand je cherchais un livre sur la danse, l'un des libraires m'a mis ce petit bijou littéraire entre les mains.



J'ai mal commencé: arrivée à la moitié je ne comprenais rien. Je pensais lire l'histoire d'une danseuse des années 20, mais je lisais de la poésie. J'ai repris à zéro et là, la magie a opéré: ce récit de 80 pages transpire l'humain, c'est une ambiance, c'est l'art de la métaphore, la virtuosité du sensible.
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Quatre rivières

L'oubli est le thème de ce texte court. L'impossible oubli de la chair marquée à jamais. La chair que l'on répare, pour mieux repartir à la boucherie. Le médecin a l'état d'âme de celui qui a vu des corps meurtris à jamais, dérisoire réparation opérée, inutile cicatrice sur celui qui a vu l'indicible souffrance. L'âme perdu de l'errant vivant parmi les débris humains renvoie les survivants dans les limbes du questionnement : pourquoi ?

La douceur imaginaire d'un grain de peau, d'une épaule effleurée efface l'espace d'un instant le tourment installé à demeure. Une solution s'offre à l'acteur-spectateur survivant : fuir vers un ailleurs où les fantômes sont autres.

L'oubli de l'horreur est un oxymore.

Petit livre très sensible et juste, sélectionné pour le prix Louis Guilloux 2023.

A lire
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L'âme au Diable n°1

Les réseaux sociaux sont la pire et la meilleure des choses. J’essaie d’en oublier le pire pour ne garder que le meilleur. C’est ainsi que grâce au "post Facebook" d’une auteure que j’apprécie beaucoup, j’ai appris la naissance, à Saint-Brieuc dans les Côtes d’Armor, d’une nouvelle revue littéraire baptisée "L’âme au diable".



Fabienne Juhel, puisqu’il s’agit d’elle a partagé sur sa page un article du journal Ouest-France consacré à cette information. Il relate l’aventure littéraire de Stéphane Balcérowiak, médecin et amoureux des lettres. Aidée par sa compagne Virginie Le Lionnais, il se jette dans l’aventure de l’édition… Aussitôt lu, aussitôt envoyé un message à l’adresse indiquée. Aussitôt la réponse, aussitôt le virement réalisé, je n’ai pas attendu plus de trois jours… Le résultat est, là, tout simplement magique…en rouge et noir, les couleurs de l’enfer.



La revue est magnifique, au format livre joliment orné d’œuvres de divers artistes, croqueurs, dessinateurs, photographes présentés en début d’ouvrage. Elles agrémentent les seize textes, seize nouvelles inédites, toutes aux accents lucifériens. Dès l’avant-propos, signé de l’éditeur j’ai compris que la qualité serait au rendez-vous. L’écriture minutieusement travaillée, le vocabulaire particulièrement recherché, la syntaxe aux allures parfois désuètes mais tellement élégantes m’on tout de suite incitée à poursuivre. Et dans ce genre, le plaisir est de grapiller, inutile de suivre le fil, il n’y en a pas…Je ne vous les citerai pas toutes ces courtes histoires, là n’est pas le but. J’ai trouvé en chacune un petit quelque chose de "ouf", comme dirait mon petit-fils, j’y ai trouvé surtout une écriture de belle facture, lisse ou plus sèche, mais toujours coruscante.



Sombre est l’histoire racontée par Fabienne Juhel dans "La meute", qui m’a rappelée ce cher Joseph Ponthus et ses carcasses pour ce qui est du fond. Pour la forme, l’écriture emporte tout, vive, claquante et belle, aux phrases courtes et rythmées. Waouh ! Plus feutrée celle de Mérédith Le Dez qui fait route avec le diable, sereine et tranquille, enveloppée de brume. Et si Alain Emery m’a embarquée avec son voisin aux allures de démon dans une partie d’échecs un soir de tempête, Fañch Rebours m’a fait rire aux éclats, jaunes, lors de son "Faust-Noz", à la fois satanique et tellement actuel. Et tous les autres textes sont d’un haut niveau. Ils sont poétiques, éclectiques, érudits et la littérature partout présente.



Il m’a suffi d’un week-end pluvieux pour aller, par des chemins sinueux, au bout de cette aventure diabolique. Je souhaite une longue vie à cette revue méphistophélique belle sous tout rapport. Et je jure, la main droite levée, que sa bretonnitude n’y est pour rien.



C'est tout simplement une belle réussite.



Contact : lameaudiable@orange.fr






Lien : https://memo-emoi.fr
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Horn

Quelle délicatesse pour dire la rugosité des lieux, des gens. Une âpreté ténébreuse parfois. Ce livre se lit comme un long poème, dont s'échappe une musicalité douce-amère aux accents parfois sombres. Je viens de découvrir cet auteur et eu la chance de lire ce dernier texte, Horn. J’ai beaucoup aimé, sa façon de scruter les contours mouvants des âmes, des souvenirs, des plaies. Une belle réflexion sur le poids des secrets mais aussi le poids de la parole et des non-dits, sur l’enfance écorchée et les secrets de famille.
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Gibiers de potence

ne vieille légende prétend que ceux qui n’ont pas accompli de leur vivant le Tro Breizh (un pèlerinage destiné à relier entre elles Dol de Bretagne, Saint-Malo, Saint-Brieuc, Tréguier, Saint-Pol de Léon, Quimper et Vannes, en hommage aux sept saints fondateurs) seront alors condamnés à l’achever dans l’au-delà en avançant de la longueur de leur cercueil une fois tous les sept ans. Vous l'aurez compris, ces nouvelles se déroulent en Bretagne et dans vingt-sept villes différentes. Je vous rassure : nul besoin d'être breton pour les lire !

Les personnages de ces nouvelles sont sans scrupule, vils, mesquins, appâtés par l’argent, étouffés par la haine ou assoiffés de vengeance. Des nouvelles noires, très noires aussi sombres que les recoins les plus sordides de l’âme humaine.





La suite sur : http://fibromaman.blogspot.com/2011/06/alain-emery-gibiers-de-potence.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
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Gibiers de potence

J'ai emprunter ce livre un peu au hasard à la médiathèque de ma commune et franchement superbe découverte....Les nouvelles sont d'une grande qualité et plus noires les unes que les autres!! J'ai vraiment adhérer au style de l'auteur et franchement cela faisait un bon moment que je n'ai pas eu autant de plaisir avec une lecture. Bravo pour cela et merci!
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Gibiers de potence

Le Tro Breizh est Le Pélerinage catholique breton, à travers les petits chemins creux, de chapelle en chapelle, avec 27 grandes étapes.

A chaque ville étape correspond une nouvelle noire, très noire, toutes sont très réussies, plus sordides les unes que les autres. Pour les amateurs de romans noirs, à lire !
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Tant espérer des nuits

« Tant espérer des nuits » nous transporte au début du siècle dernier dans un Paris en guerre. On y rencontre Modigliani et son ami Cendras.



Alcool, drogue, voyages au bout de la nuit pour noyer le mal-être, recherche du plaisir de la chair, du pinceau dont le mouvement laisse apparaître des nus sensuels aux teintes chaudes.



Les nuits s'enchaînent, fiévreuses encore et encore.



Et parmi ce chaos, une petite irlandaise, putain des gueules cassées . On dit qu'elle n'est pas belle, que les hommes ne la regardent pas dans les yeux. Mais elle se donne à eux et tente de les sauver par un baiser, une caresse.



On raconte qu'elle a déjà croisé l'homme à la rose à plusieurs reprises.



On raconte aussi qu'elle pose pour les peintres et les sculpteurs .



Elle devient le modèle de l'artiste maudit le temps d'un soir.



Elle devient belle pour l'éternité.







Après avoir fermé le livre, je suis partie à la recherche de la petite irlandaise .



Pas une photo, pas un article. Nada.



La seule preuve de son existence, c'est Cendras qui nous la donne, lors d'un hommage à son ami Modigliani en 1953.











« Et le plus beau nu, il l'a fait avec une petite irlandaise qui était moche comme un sang de punaise. »











Merci Blaise pour ce cadeau, tu combles de bonheur un écrivain en lui permettant de parachever sa trilogie de portraits de femmes.



Car c'est ainsi, Alain Emery aime le mystère des photos oubliées, des destins anonymes, des illustres fantômes. Il se charge alors de les faire revivre le temps de quelques phrases, leur inventant une histoire avec finesse et immensément de respect.
Lien : http://loiseaulivre.over-blo..
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D'ombre et d'argile

Difficile exercice qu'entreprend Alain Emery, en acceptant de défendre Félicie P., condamnée pour un infanticide en 1896. En cette fin du 19ème siècle, le contraste entre l'énorme misère des ouvriers et des domestiques - le prolétariat en général - et l'insensibilité sociale de la bourgeoisie est encore plus marqué qu'aujourd'hui. C'est une époque âpre et dure - et sans pitié. S'appuyant sur le dossier d'assises et la minutieuse enquête livrée par les descendants de Félicie, Cécile et Benoît Connan, Alain Emery va s'attacher à retracer le parcours de la jeune femme et, plutôt que de se conformer à l'impression générale, de retenir - comme le faisait un certain Conan Doyle - les détails révélateurs de cette histoire. Le récit d'Alain Emery est dur, implacable, même s'il sait y introduire une forme de poésie. Il ne cherche pas à nier la monstruosité de l'acte d'infanticide, mais simplement à rendre figure humaine à Félicie. Elle n'est pas un monstre. Dans la majorité des cas, l'infanticide découle d'un immense désarroi, d'un sentiment d'impasse absolue. Bien davantage que d'être une criminelle, Félicie est avant tout une victime.

Alain Emery incarne complètement l'histoire qu'il raconte. Son écriture est difficile - tiraillée, déchirée entre la révélation du drame et le sentiment qu'il aurait pu être évité. Dans son style inimitable, il demande toute l'attention du lecteur, mais cela en vaut la peine. Grâce au travail de Cécile et Benoît Connan, de leur confiance en Alain Emery qui a été - sans conteste - à la hauteur de sa tâche, Félicie n'est plus seule. Que dire encore de ce récit émouvant ? Qu'à la fin, c'est l'écriture d'Alain Emery qui l'emporte, qu'il est réellement parvenu à "panser la brûlure" et que, derrière les ombres, j'y ai vu un peu de notre humanité. Félicie, je lui pardonne...

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Passage des mélancolies

http://parisiannemusarde.overblog.com/2017/05/alain-emery-passage-des-melancolies.html
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D'aussi vastes déserts

Derrière ce titre sibyllin, sept nouvelles qui ont en commun d’être écrites à la première personne et de mettre en avant un narrateur qui est plus que jamais ici « celui qui sait » et qui guide le lecteur dans la recherche de la vérité sur les personnages, sur leur passé, sur leurs actes… Aucune opposition manichéenne entre ceux qui savent et ceux qui ignorent, souvent décrits comme une sorte de chœur antique, mais une patiente interrogation sur les différentes versions qui courent, les différentes hypothèses qui permettraient d’expliquer telle ou telle attitude… (extrait du site Harfang)
Lien : http://nouvellesdharfang.blo..
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Une vie plus tard

Qui mieux qu’Alain Emery, avec sa plume incroyablement imagée, pouvait donner vie à Honoré Daumier, caricaturiste mais aussi peintre et sculpteur.



Dans cette novella, l’auteur nous offre à voir notre monde toujours grimaçant en donnant voix à un ami de Daumier, et dessine le portrait d’un homme discret et cruellement observateur.

L’écriture d’Alain Emery sait être aussi incisive que le trait du caricaturiste, et aussi attentive à l’humain que ce peintre ami de Balzac et de Delacroix.



Alain brosse un tableau très riche, nous invitant tout autant à revoir les tableaux, trop souvent oubliés, de cet inlassable regardeur, qu’à nous interroger sur les éternels recommencements de l’Histoire.



Un texte qui esquisse l’homme en posant son regard sur l’art. Quel meilleur prisme ?
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Une vie plus tard

Alain Emery nous plonge avec talent et conviction dans la vie, l'art et l'époque du peintre, graveur, sculpteur et caricaturiste Honoré Daumier. On y est à plein, notamment grâce à la langue utilisée, toute balzacienne, et au point de vue choisi : celui d'un ami de Daumier qui s'adresse à un jeune homme.



De nombreux échos nous ramènent aux injustices et absurdités d'aujourd'hui, Honoré Daumier, décrit comme "un homme simple" ayant passé sa vie, loin des ronds de jambe et des flagorneries, à représenter le peuple en souffrance, la misère noire, sordide, tandis que se gobergeaient sans vergogne les puissants, aristocrates et bourgeois. On reconnaît là l'engagement social et politique de l'auteur lui-même, "camarade de lutte" queques vies plus tard.

Le réalisme social et la verve satirique de l'artiste lui valurent comme on le sait quelques avanies, dont la prison en 1832.



Une bonne occasion avec ce récit de revisiter "l'oeuvre immense", "magistrale" de Daumier en grande partie ignorée tant on n'a en tête que ses poires et sa caricature de Louis-Philippe en Gargantua.

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Gibiers de potence

Le Tro Breizh désigne un pélerinage de 27 étapes à travers toute la Bretagne, en hommage aux sept saints fondateurs. D'après une vieille légende bretonne, ceux qui ne l'ont pas accompli sont condamnés à l'achever dans l'au-delà en avançant de la longueur de leur cercueil une fois tous les sept ans. Sur le chemin de ce périple, on trouve des personnages étranges...

Une plume grinçante et une prédilection pour les histoires sombres, nouvelliste dans l'âme, Alain Emery aborde dans son dernier ouvrage, un croisement entre les deux genres qu'il affectionne : la nouvelle et le roman policier. « Gibiers de potence », paru aux éditions Astoure rassemble 27 nouvelles qui nous emmènent dans un périple à travers la Bretagne, sur les chemins noirs des fous furieux, assassins en tous genres et truands à la petite semaine.

Une belle découverte


Lien : https://collectifpolar.com/
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