Je viens de refermer «
quatre rivières » de
Alain Emery que j'ai lu deux fois à quelques mois d'intervalle, tant j'avais besoin de me plonger dans les mots de l'écrivain
Alain Emery, comme on plongerait dans l'une des 4 rivières qui entourent (ou menacent) le village où s'installe un ancien chirurgien de Guerre. Et, comme après ma première lecture, j'ai été bouleversé.
Bouleversé par l'histoire bien sûr de ce chirurgien revenu brisé et désabusé des charniers de 14-18 et qui, en partance pour Cayenne où il décide de s'exiler, se souvient de la guerre et de sa récente tentative de pratiquer la médecine dans une campagne retirée. Dans sa tête résonne cet ordre de son colonel « sauver ce qui peut l'être ». Mais là aussi, comme à proximité des tranchées, rien ne se passera comme il aurait aimé.
Alain Emery nous entraîne dans sa langue, nous offre son style, pur, vif, la richesse de ses images, la qualité de ses phrases (surtout quand elles s'allongent). Les dits, les non dits, les silences et les regards, les mots pour conjurer le sort ou raviver la mémoire.
Je sais que faire des filiations est illusoire mais outre
Giono (celui du Roi sans divertissement ?) j'y retrouve un peu de
Maurice Genevoix et de
Julien Gracq… de hautes références à mes yeux. Je le dis tout à trac, sous le coup de l'émotion d'un grand plaisir de lecture.
«
Quatre Rivières » puis aussi «
Horn » sont des titres à retenir aux excellentes Éditions Terres du couchant de
Marc Nagels. Grand merci à lui.