Quelle délicatesse pour dire la rugosité des lieux, des gens. Une âpreté ténébreuse parfois. Ce livre se lit comme un long poème, dont s'échappe une musicalité douce-amère aux accents parfois sombres. Je viens de découvrir cet auteur et eu la chance de lire ce dernier texte, Horn. J'ai beaucoup aimé, sa façon de scruter les contours mouvants des âmes, des souvenirs, des plaies. Une belle réflexion sur le poids des secrets mais aussi le poids de la parole et des non-dits, sur l'enfance écorchée et les secrets de famille.
Commenter  J’apprécie         60
Cet été j'ai demandé à des libraires croisés durant mes vacances de me conseiller leurs coups de coeur. C'est à Quintin, à la librairie le marque-page que j'ai découvert cette petite merveille.
Un roman qui résume tout ce que j'aime en Bretagne : les caractères rudes et taiseux, les paysages âpres qui cachent toute leur douceur, une histoire secrète bâtie sur des non-dits, un "cap" à passer, des héros de l'ordinaire.
Je suis tombée sous le charme de l'écriture absolument magnifique de cet enfant du pays de Saint-Brieuc. Il y a tout l'amour pour les siens, et leur histoire, pour sa région, pour la mer dans des mots choisis avec soin et ciselés comme une dentelle.
Cela faisait bien longtemps que je n'étais pas restée toute "chose", le livre sur les genoux, les yeux au ciel et les pensées en voyage.
Une très très belle découverte.
Commenter  J’apprécie         10
A un journaliste qui me demandait d’où venait ma vocation d’écrivain, j’ai répondu qu’elle avait vu le jour ici, face à cette immensité têtue et indifférente à mon sort, dans ce vent large et impétueux qu’il m’était arrivé une fois où deux, beaucoup plus tard, de comparer à une monture. Je ne crois pas avoir menti.
Aussitôt, l’image de ma mère jeune m’est venue à l’esprit. Sa peau avait alors la teinte lumineuse et poignante d’un sable de rivière - pailleté d’or et parcouru d’invisibles étincelles - et ses yeux une couleur frontalière, entre la perle et l’anthracite.
Le sang farouche qui coulait dans ses veines l’avait poussé au sacrifice et, le reste du temps, l’avait condamné au silence. L’océan l’avait appelé et continuait de le réclamer.
Après coup, l’homme qu’on devient glisse un peu de lui-même dans les blessures des autres et le jeu qui se dévoile à lui, carte après carte, est tout bonnement faussé.