Ce sinistre jeu de massacre, auquel se livrent depuis toujours les faiseurs de pluie et de beau temps, l'avait-il écœurée avant même de prendre corps ? Avait-elle eu peur ? Assez pour mettre fin à ses jours ?
Tous ces mystères — dont la presse d'aujourd'hui continue de faire des gorges chaudes — sont les cadets de mes soucis. Ce sont des effets de manches, des supercheries, des fables que se racontent entre eux les braves gens, tandis que la vie des autres leur passe sous le nez. Tous ces bavardages croquent sous la dent et il n'en faut pas plus pour les occuper. Je les envie. J'aimerais leur ressembler. Je donnerais tout ce que je possède pour n'avoir, comme eux, qu'à m'étonner du geste d'Éva.
QUATRES JOUEURS ATTABLÉS.
Le doute profite toujours à celui qui le sème.
LA RACINE DU FLEUVE.
Certains hommes ne loupent pas une occasion de frayer dans la fange. Ils plongent la tête la première dans cette épice délectable.
LA RACINE DU FLEUVE.
On n'a pas idée de la volonté qu'il faut pour souffler sur la flamme d'une chandelle et renoncer à la moucher au tout dernier moment, alors qu'elle est sur le point de s'éteindre.
LA RACINE DU FLEUVE.
La loi est un bibelot. Un bijou dont on prend grand soin et qu'on ne sort que dans les grandes occasions.
LA RACINE DU FLEUVE.
Le succès est un loup. Il ne consent à s'approcher qu'à condition de vous dévorer.
QUATRES JOUEURS ATTABLÉS.
L'endroit empeste l'encaustique et la graisse froide mais j'y déjeune souvent. Sur les coups de midi, avocats et truands à la petite semaine s'y côtoient sans vergogne. C'est un concert de bougnats et de marchands de tapis. Sous la table, les alibis, roulés dans des billets de mille, passent d'une main à l'autre. J'adore ça. J'aime quand les entourloupes se nouent sous mon nez, quand la justice prend toute la verdeur d'un marché aux bestiaux.
LA RACINE DU FLEUVE.
Par nature, nous répugnons à suivre ceux qui s'aventurent trop loin dans l'obscurité. Ce n'est pas tant de voir surgir un monstre qui nous inquiète mais l'idée qu'il puisse, dans la complicité des ténèbres, se révéler en celui dont on emboîte le pas.
LA RACINE DU FLEUVE.
Les funérailles sont bien souvent une aubaine pour ceux qui prétendent vivre au sein d'une communauté comme il faut, chrétienne et charitable. Aussi n'ont-ils fait l'économie d'aucune simagrée.
LA RACINE DU FLEUVE.
On ne le répète jamais assez mais l’héroïsme c'est l'élégance de la connerie.