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Citations de Alain Tallon (17)


Les controverses théologiques, en revanche, touchent peu la masse des chrétiens. Avant la fin du Ve siècle, la conversion des barbares ariens n’est pas à l’ordre du jour. De même, les évêques semblent peu intéressés par les débats sur la nature du Christ qui agitent l’Orient. En 451 cependant, 44 prélats gaulois, réunis au concile d’Arles, souscrivent à la formule de foi énoncée par le pape Léon dans le Tome à Flavien et professent dans le Christ une seule personne en deux natures distinctes. Les Gaulois sont plus intéressés par la controverse, née des écrits de Pélage et d’Augustin, sur le rôle du libre arbitre et de la grâce dans l’œuvre du salut. Dès 429, un concile envoie Germain d’Auxerre et Loup de Troyes en Bretagne pour combattre le pélagianisme. Au contraire, à la même époque, les milieux monastiques du Midi, avec Cassien et Vincent de Lérins, s’élèvent contre la doctrine augustinienne qui rend vains les efforts ascétiques de l’homme non prédestiné. Il y a en effet de quoi décourager les vocations monastiques mais aussi, plus généralement, les efforts des fidèles, quand le débat finit par arriver jusqu’à eux. C’est ce que découvre Fauste, ancien abbé de Lérins devenu évêque de Riez, lorsqu’il apprend, vers 470, qu’un prêtre de son diocèse pousse à l’extrême les idées d’Augustin sur la prédestination. Il faut vite arrêter la contagion : Fauste réussit, non sans peine, à convaincre Lucidus de condamner à la fois ceux qui nient la nécessité de la grâce et ceux qui croient à son caractère sélectif. Puis un concile « de toutes les Églises des Gaules », réuni à Arles par l’évêque Leontius, proclame l’indispensable coopération de la grâce divine et des efforts de l’homme. Ces questions relatives aux conditions du salut troublaient vraisemblablement une grande partie des chrétiens, comme le montrent les inquiétudes dont un certain Paulinus fait part avec angoisse au même Fauste : la pénitence demandée sur le lit de mort est-elle sans valeur ? Les péchés de la chair vouent-ils à l’enfer éternel le chrétien qui n’a pas eu le temps de faire pénitence ? Si oui, quelle est la différence avec les impies ? Le chrétien pécheur ne peut-il expier ses fautes entre la mort et la résurrection (le futur purgatoire) ? Mais Fauste, malgré le canon 11 du concile d’Orange et les directives pontificales, nie toute valeur à la pénitence in extremis : celui qui n’a pas fait la pénitence appropriée est voué aux supplices éternels, gradués selon l’importance des fautes commises, donc encore plus insupportables pour les impies. Entre la mort et la résurrection, ceux qui sont déjà condamnés par leurs vices se préparent au châtiment « dans l’incendie de leur conscience », tandis que les pécheurs ordinaires se préparent au Jugement.

Chapitre 1 - Les premières communautés chrétiennes de la Gaule, des origines au Ve siècle
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En dehors de Lyon et de Vienne, il faut attendre le milieu du IIIe siècle pour trouver trace d’autres communautés chrétiennes en Gaule.

Chapitre 1 - Les premières communautés chrétiennes de la Gaule, des origines au Ve siècle
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Les évêques travaillent aussi à l’affermissement spirituel de leur troupeau par leur prédication. Sidoine Apollinaire vante ainsi l’éloquence efficace de Principius de Soissons dont l’enseignement inculque la vraie foi et dont les exhortations guident les fidèles sur les chemins de Dieu. Les conseils moraux sont au cœur du recueil de sermons attribués par la tradition manuscrite à Eusebius Gallicanus mais rédigés en réalité par plusieurs pontifes. L’un d’eux, œuvre sans doute de Fauste de Riez, prononcé lors de la fête des Maccabées, reflète bien les progrès de l’Église, enracinée désormais dans le quotidien. Malgré l’identité des personnages célébrés, le modèle proposé n’est pas le martyre mais celui de la mère qui a su éduquer correctement ses enfants. Dans chaque Église, l’enseignement est renforcé par la mise en place d’un calendrier liturgique qui honore tout au long de l’année non seulement les saints bibliques universels mais aussi les saints propres à chaque communauté : tous sont proposés en modèle à imiter, comme l’atteste la rédaction de Passiones, telle la Passio Saturnini (de Toulouse), ou de Vitae, telles la Vita s. Honorati par Hilaire d’Arles ou la Vita s. Germani Autissodoriensis par Constance de Lyon.

Chapitre 1 - Les premières communautés chrétiennes de la Gaule, des origines au Ve siècle
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Les Gaulois sont vite persuadés de la réalité de ces pouvoirs mais pensent que des saints locaux seraient, en tant que concitoyens, encore plus efficaces. Or, au début du Ve siècle, la Gaule manque de martyrs. Ce vide est comblé peu à peu par l’inventiomiraculeuse de corps saints et par l’essor du culte de saints qui, tel Martin, ont « atteint, sans verser le sang, la plénitude du martyre » par leur combat incessant contre le Mal. Le développement de ce culte est orchestré par les évêques qui, pour des raisons diverses bien analysées par Brigitte Beaujard, en sont les véritables « impresarii ». À Tours, un petit sanctuaire est rapidement construit au-dessus de la tombe de Martin, mais c’est surtout Perpetuus qui place la cité sous la double protection des apôtres et de Martin en édifiant, entre 458 et 467, deux somptueuses basiliques et en organisant un calendrier festif.
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Dans la tourmente, les communautés chrétiennes trouvent force et réconfort auprès de saints protecteurs. Le culte des martyrs apparaît tardivement en Gaule, mais il y connaît un développement rapide, sans doute sous l’influence d’Ambroise dont la découverte des corps de Gervais et Protais à Milan en 386, puis d’Agricola et Vital à Bologne en 393, eut un grand retentissement. Faute de martyrs locaux, on eut en effet d’abord recours à des reliques importées. Ainsi, dès 386, Martin et Victrice reçoivent-ils à Tours et à Rouen des reliques des martyrs milanais ; à Rouen, parviennent aussi des reliques orientales. En 396, à l’occasion de l’arrivée d’un deuxième lot, Victrice justifie l’introduction de cette nouveauté qui ne fait pas l’unanimité. Certes, ce ne sont que des « restes infimes », « du sang et de la terre », mais il s’agit de « quelque chose » d’où irradie la puissance de Dieu. Les martyrs, remplis de puissance divine de leur vivant, ont vaincu la mort : ils sont « vivants », ils ont gardé « toutes leurs vertus », chaque parcelle de leur corps est remplie de « la substance de la lumière », « attachée par un lien à toute l’envergure de l’éternité ». Le contraste stupéfiant entre la modestie de la relique et l’ampleur de sa virtus met en valeur l’extraordinaire miséricorde de Dieu. Par « la vertu de l’esprit », le corps qui a tant souffert guérit le corps de celui qui souffre. C’est pourquoi, « les reliques apportent un soulagement aux malheureux », les martyrs « défendent, purifient, protègent ».

Chapitre 1 - Les premières communautés chrétiennes de la Gaule, des origines au Ve siècle
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Le monachisme se développe en effet en Gaule dès la seconde moitié du IVe siècle. La première trace en est l’ermitage fondé vers 360 par Martin près de Poitiers, à Ligugé, où des disciples viennent rapidement le rejoindre. Devenu évêque, l’ancien soldat continue de vivre en moine dans le monastère qu’il fonde à Marmoutiers et que fréquenta Sulpice Sévère. D’après ce dernier, « 80 disciples s’y formaient à l’exemple de leur bienheureux maître. » Mais le plus célèbre monastère gaulois est sans conteste celui qui fut fondé par Honorat dans l’île de Lérins (au large de Cannes) vers 400-410. Son rayonnement spirituel et intellectuel est immense et beaucoup des moines qui y font retraite deviennent ensuite évêques, tels Honorat lui-même, puis Hilaire à Arles, Loup à Troyes, Eucher à Lyon, ses deux fils, Salonius et Veranus, à Genève et peut-être Vence, ou encore Fauste à Riez.

Chapitre 1 - Les premières communautés chrétiennes de la Gaule, des origines au Ve siècle
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D’où venaient les premiers évangélisateurs ? Ils étaient peut-être originaires d’Asie Mineure, puisque la lettre des survivants est envoyée aux frères d’Asie et de Phrygie et que Pothin porte un nom grec ; mais ils avaient probablement fait escale à Rome. On est en effet frappé par les liens précoces entre Lyon et Rome : ainsi, après la tourmente, l’Église de Lyon prie le pape Eleuthère d’avoir « en grande recommandation » son nouveau chef, le « presbytre » Irénée (lui-même venu d’Asie). En outre, dans la querelle pascale, Lyon suit l’usage romain, contre l’usage asiate quartodéciman, qui célèbre la Pâque le quatorzième jour du mois de Nisan. Enfin, Irénée estime qu’il suffit d’être en accord avec l’évêque de Rome pour être en accord avec la Tradition des Apôtres, c’est-à-dire l’enseignement transmis de génération en génération à travers la succession épiscopale.

Chapitre 1 - Les premières communautés chrétiennes de la Gaule, des origines au Ve siècle
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Les chrétiens de 177 appartiennent donc à une Église naissante qui utilise le vocabulaire ministériel des premiers temps missionnaires et ne connaît pas encore un cursus hiérarchisé rigoureux.

Chapitre 1 - Les premières communautés chrétiennes de la Gaule, des origines au Ve siècle
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(...) : les premiers témoins du christianisme sûrement attestés en Gaule sont les martyrs de Lyon et de Vienne en 177. Les communautés chrétiennes, encore peu nombreuses jusqu’en 314, s’épanouissent aux IVe et Ve siècles, malgré l’installation des barbares en Gaule au Ve siècle qui modifie la situation.

Chapitre 1 - Les premières communautés chrétiennes de la Gaule, des origines au Ve siècle
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L’historien doit éviter de se transformer en journaliste ou en prophète, et son rôle n’est pas de porter un jugement sur les transformations en cours, encore moins de prévoir leurs aboutissements. Mais la considération des crises profondes qu’a traversées le catholicisme français, en particulier depuis 1789, et des renaissances qu’il a connues à l’issue de tribulations qui semblaient annoncer sa disparition prochaine, devrait au moins permettre de prendre un peu de recul par rapport aux problèmes actuels, en les situant dans une perspective de longue durée où les temps d’épreuves ont été au moins aussi fréquents que les heures de gloire ou les moments de paix.

Préface
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Les lendemains de Vatican II furent très douloureux pour l’Église de France, avec le schisme de Mgr Lefebvre qui rassembla autour de lui les traditionalistes opposés à toute évolution et, surtout, la crise qui frappa l’ensemble des institutions ecclésiastiques et se traduisit par une chute spectaculaire du nombre des prêtres et des religieux ainsi que de la pratique religieuse ordinaire. En un demi-siècle, de grands bouleversements se sont produits dans la société française, dont les répercussions se font sentir dans le domaine religieux : l’islam est aujourd’hui la seconde religion dans notre pays et le protestantisme est maintenant majoritairement représenté par des Églises baptistes dont les façons de penser et d’agir diffèrent sensiblement de celles des Réformés calvinistes et luthériens.

Préface
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Dans le domaine culturel, les années 1930-1980 constituent une sorte d’âge d’or du catholicisme français, avec de grandes figures comme Paul Claudel, Georges Bernanos et François Mauriac dans le domaine littéraire, et des intellectuels de premier plan, tant clercs que laïcs, comme Jacques Maritain, Emmanuel Mounier, Henri de Lubac, Henri-Irénée Marrou, Yves Congar et Pierre Teilhard de Chardin, dont l’influence se fera fortement sentir à Vatican II.
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De l’ensemble de ces contributions aussi riches que variées se dégagent quelques caractères originaux et les lignes de faite de l’histoire religieuse de la France : une christianisation très ancienne puisqu’elle remonte au ive siècle de notre ère dans le Midi et en milieu urbain, mais qui s’est poursuivie jusqu’au ixe siècle dans certaines zones rurales ; un réseau diocésain et paroissial assez précoce avec, là aussi, d’importantes différences entre le Nord et le Midi qui a conservé jusqu’à la Révolution ses petits évêchés « à l’italienne » ; la survie, surtout parmi les paysans, de pratiques religieuses alternatives au modèle clérical à travers lesquelles s’est exprimée pendant des siècles une « culture folklorique » superficiellement christianisée ; le rôle très important joué par les moines et les ermites dans l’enracinement d’un christianisme ascétique et volontiers combatif à partir du xie siècle ; l’établissement d’un lien étroit entre l’Église et le pouvoir royal conduisant à une union du trône et de l’autel à partir du xiiie siècle ; une succession de crises politiques et religieuses violentes, depuis la croisade contre les Albigeois jusqu’aux guerres de Religion, qui ne remit pourtant pas en cause la prépondérance du catholicisme, même après la Réforme protestante, assez faiblement représentée au total en dehors de certaines régions comme les Cévennes, le Poitou ou l’Alsace, mais très influente sur le plan social et culturel ; la Révolution française qui révèle et accélère une profonde désaffection vis-à-vis de l’Église dans de larges couches de la population, même si l’Église regagnera au xixe siècle au sein de la bourgeoisie une audience qu’elle avait perdue alors du côté populaire ; la disparition complète des ordres monastiques et religieux, si importants à l’époque médiévale et moderne, supprimés par la Révolution et qui ne renaîtront que bien timidement à partir de 1840, avant d’être à nouveau expulsés de France autour de 1900 ; un essor des congrégations missionnaires, tant masculines que féminines, qui est allé de pair avec la politique d’expansion coloniale de la monarchie à partir du xviie siècle, et surtout celle du Second Empire et de la Troisième République ; le développement d’un très vif anticléricalisme dans l’ensemble de la société, en particulier dans les élites libérales et le milieu ouvrier, débouchant sur un mouvement de sécularisation très marqué dès les années 1880 ; enfin, à partir de 1905, un régime de liberté, mais aussi une situation de pauvreté que l’Église de France n’avait jamais connue au cours des siècles, à partir de la Séparation de l’Église et de l’État en 1905, ce qui l’a indirectement préparée à prendre de nombreuses initiatives dans le domaine social à partir des années 1930, marquées également par le développement de l’Action Catholique.

Préface
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Aussi le présent volume fait-il appel à des disciplines comme l’archéologie pour les périodes anciennes, l’iconographie, l’hérésiologie, l’histoire de la spiritualité, celle de la culture et du livre, et surtout la sociologie et l’anthropologie, suivant sur ce point les voies ouvertes par Gabriel Le Bras, qui fut en même temps un éminent spécialiste du droit canonique, et par Alphonse Dupront. Dans cette perspective, les auteurs ont cherché à embrasser d’un seul et même regard l’ensemble des manifestations religieuses, qu’elles soient dominantes ou minoritaires, déviantes ou orthodoxes, et, sans négliger les clercs, ont mis l’accent, dans la ligne de Jean Delumeau, sur le vécu religieux des laïcs qui ont constitué à toute époque l’immense majorité des fidèles mais avaient été longtemps négligés par les histoires traditionnelles de l’Église.
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Une autre considération justifierait, s’il en était besoin, la publication de cette Histoire du christianisme en France : il s’agit du profond renouvellement qu’a connu l’histoire dans notre pays depuis un demi-siècle environ. Ce livre rend compte en effet des derniers acquis des recherches ; il marque dans de nombreux domaines une avancée par rapport aux ouvrages que nous avons mentionnés précédemment, tant les progrès enregistrés dans ce domaine ont été importants et continus. Parmi les auteurs, figurent à la fois certains représentants les plus éminents de la génération qui a contribué à renouveler l’histoire religieuse en France dans les années 1960-1990 et plusieurs historiens de la « nouvelle vague » qui leur ont succédé à la tête des centres de recherche universitaires et des revues spécialisées, comme la Revue d’Histoire de l’Église de France, la Revue Mabillon, les Cahiers de Fanjeaux et le Centre d’Anthropologie religieuse européenne de l’École des Hautes Études en sciences sociales, pour ne citer que quelques-uns des principaux foyers de création et de réflexion dans ce domaine. Cette fusion des générations dans le cadre d’une entreprise commune contribue à donner à l’ensemble de l’ouvrage un caractère à la fois classique et novateur, favorisé par le fait que l’échelle et la distance choisies par rapport à l’objet étudié permettent à la fois de saisir des phénomènes de longue durée et de faire une place aux particularités de chaque époque. Dans ce cadre, il intègre l’acquis de la « révolution copernicienne » qu’a connue l’historiographie française depuis une cinquantaine d’années, qui procède essentiellement d’un effort de la part des chercheurs pour étudier l’histoire religieuse à la lumière des sciences humaines et sociales, sans pour autant nier la spécificité de son objet. Aussi le présent volume fait-il appel à des disciplines comme l’archéologie pour les périodes anciennes, l’iconographie, l’hérésiologie, l’histoire de la spiritualité, celle de la culture et du livre, et surtout la sociologie et l’anthropologie, suivant sur ce point les voies ouvertes par Gabriel Le Bras, qui fut en même temps un éminent spécialiste du droit canonique, et par Alphonse Dupront. Dans cette perspective, les auteurs ont cherché à embrasser d’un seul et même regard l’ensemble des manifestations religieuses, qu’elles soient dominantes ou minoritaires, déviantes ou orthodoxes, et, sans négliger les clercs, ont mis l’accent, dans la ligne de Jean Delumeau, sur le vécu religieux des laïcs qui ont constitué à toute époque l’immense majorité des fidèles mais avaient été longtemps négligés par les histoires traditionnelles de l’Église.

Préface
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Il n’est pas toujours justifié d’étudier des phénomènes religieux dans un cadre national, surtout quand le pays concerné a réalisé tardivement son unité, comme c’est le cas pour l’Allemagne et l’Italie, ou se caractérise par une grande diversité ethnique. Mais dans le cas de la France, le lien entre le christianisme et la nation ne pose pas de problème, tant sa formation est ancienne et sa continuité remarquable : du baptême de Clovis, suivi de la conversion des Francs au catholicisme romain, jusqu’au sacre de Charles X à Reims en 1825, les liens entre religion et politique ont toujours été étroits dans notre pays. L’État y a précédé la nation et la monarchie des « rois très chrétiens » a été pendant des siècles garante de l’unité nationale et religieuse, ce qui a laissé des traces dans les esprits : même aujourd’hui, le très laïc président de la République François Hollande n’a pas osé refuser le titre de chanoine honoraire de Saint-Jean de Latran qu’ont porté tous ses prédécesseurs depuis Henri IV, et l’État prend toujours à sa charge l’entretien, extrêmement onéreux, de nos cathédrales. D’autre part, aux yeux de l’historien, il ne fait aucun doute que la France a toujours constitué, au moins jusqu’au xxe siècle, une réalité spécifique au sein de l’Église universelle. Depuis les conciles de l’époque mérovingienne jusqu’au gallicanisme médiéval et moderne et aux conflits des années 1950 avec la papauté autour des prêtres-ouvriers, l’Église de France a fait preuve d’une réelle spécificité et a même, à certaines époques, revendiqué une large autonomie vis-à-vis des autorités romaines.

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La publication du présent volume me paraît d’autant plus opportune qu’elle comble une lacune. Il existe certes d’autres ouvrages sur le même sujet : l’Histoire du catholicisme en France (1957-1963) d’André Latreille et Étienne Delaruelle a eu de grands mérites en son temps mais ne correspond plus à l’état actuel de la recherche historique. Les quatre tomes de l’Histoire de la France religieuse, publiés sous la direction de René Rémond et Jacques Le Goff entre 1988 et 1992, demeurent une référence incontournable, mais leur ampleur même risque de décourager un public de non-spécialistes. Et si l’Histoire du Christianisme dirigée par Charles († ) et Luce Pietri, Marc Venard, Jean-Marie Mayeur († ) et moi-même (1990-2002) consacre évidemment d’importants développements à la France, celle-ci n’y fait pas l’objet d’une attention particulière. Le présent ouvrage n’a pas des ambitions aussi vastes : ses directeurs se sont proposés de fournir au public une synthèse couvrant l’ensemble des manifestations de la vie religieuse en France depuis les origines jusqu’à nos jours, dans le cadre d’un volume assez développé pour ne pas constituer un simple survol, mais en faisant l’économie d’une érudition qui pourrait décourager des lecteurs désireux avant tout de trouver une information claire et à jour. On ne manquera pas de constater que ce livre, sans ignorer l’importance du judaïsme et du protestantisme, accorde une place prépondérante au catholicisme. Mais force est de reconnaître que l’histoire religieuse de la France s’est identifiée dans une large mesure à celle du catholicisme qui est demeuré jusqu’à une époque relativement récente, selon l’expression qui figure dans le concordat de 1801, « la religion de la majorité des Français ».

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