Albert Lavignac, Marsch galop.
Ainsi qu'on peut le constater par de nombreux bas-reliefs antiques, l'idée primitive de la harpe remonte au moins aux anciens Égyptiens, c'est-à-dire à plus de six mille ans! Ils en avaient depuis 4 cordes jusqu'à 11 ou 12, et dans quelques-unes on voit déjà apparaître la forme élégante qui caractérise ce gracieux instrument. On le retrouve ensuite chez les Hébreux, puis dans toutes les grandes civilisations, toujours gagnant en étendue, mais sans aucun mécanisme. Or, c'est justement l'adaptation d'un mécanisme des plus ingénieux et sans analogue dans aucun instrument, mécanisme dont l'ébauche appartient à Naderman (1773 -1835), mais qui doit ses derniers perfectionnements au célèbre facteur Sébastien Erard, qui a donné droit de cité à la harpe dans l'orchestre moderne, ou, employée à propos et avec discrétion, elle produit des effets tantôt séraphiques, tantôt pompeux, toujours empreints do la plus grande suavité.
En écrivant un mil et unième ouvrage sur Richard Wagner et son oeuvre, je n'ai pas eu la prétention de faire mieux que ce qui a été fait précédemment. J'ai voulu faire autre chose : un véritable Guide pratique du Français à Bayreuth, répondant aux désirs et aux curiosités de ceux de nos nationaux qui n'ont pas encore accompli ce petit voyage, si facile pourtant et si plein d'attraits; j'ai voulu aussi leur indiquer dans quel état d'esprit on doit l'entreprendre et les séduisantes études préliminaires auxquelles on doit s'astreindre si l'on veut en jouir pleinement; j'ai voulu enfin présenter le style wagnérien dans la clarté spéciale qui lui est propre, en le dégageant des nébulosités dont l'enveloppent parfois certains de ses commentateurs, sans se rendre compte que, loin d'aplanir la route, ils la hérissent de difficultés; c'est la seule critique que je me permette de leur adresser : ils écrivent pour des wagnériens, non pour des néophytes.
Peut-on essayer de déterminer, avec quelque vraisemblance, les raisons de celte prééminence des instruments à cordes, de la vièle spécialement, aux temps de Grocheo et de nos estampies?
Peut-être suffira-t-il, pour y arriver, de réfléchir à ce qu'on pouvait alors demander aux instruments, à une époque dont la conception musicale était fort loin de ressembler à la nôtre. Au XIIIe ou au XIVe siècle, la musique à plusieurs voix, certes, est couramment pratiquée. Elle n'a pourtant point, comme aujourd'hui, étouffé complètement l'art exclusivement monodique. C'est sur celui-ci, dont la voix humaine demeure le plus parfait interprète, que s'est progressivement formée toute la théorie de la musique.
La beauté et l'originalité de l'art musical italien, aux siècles XIVe et XVe, résident principalement dans le chant populaire, c'est-à-dire dans les chansons simples et mélodieuses que des musiciens de profession composaient, à deux ou trois voix, sur des poésies à l'allure populaire et que les dilettantes et le peuple chantaient un peu partout, dans les rues et dans les champs, dans les salles des vieux palais et, à la campagne, dans les riantes villas. Les canzoni a ballo, les canzonette, les madriali, les Iaudi, sont les pièces préférées par les musiciens de celte époque, et en elles se révèle le caractère de cet art dont la nature franche et sincère ne pouvait se plier aux complications techniques des écoles étrangères et dont la tendance vers la clarté de la mélodie et du rythme devait conduire, assez tardivement, les musiciens italiens à chercher la vérité de l'expression musicale hors des combinaisons sonores de la polyphonie, dans les lignes pures de la monodie.
Tandis que le Califat de Cordoue s'élevait à son plus haut degré de splendeur, les Espagnols qui n'avaient point voulu se soumettre au joug de
l'envahisseur, du refuge qu'ils avaient trouvé dans les montagnes de la Cantabrie et dans les Hautes-Pyrénées, entreprirent une lutte tenace pour reconquérir la liberté. Un double soulèvement, parti de Covadonga et du Monastère de San Juan de la Pena, donna naissance aux minuscules États qui devaient former plus lard les deux royaumes de Castille et d'Aragon Mais ces peuplades exclusivement guerrières, constamment préoccupées de conserver leur indépendance et à refouler l'ennemi toujours aux
aguets, no pouvaient que fort difficilement, cultiver les arts de la paix. C'est pourquoi les traditions de la culture latino-visigothique ne se renouèrent dans le commencement que parmi les mozarabes.
Les anciens Égyptiens semblent n'avoir possédé aucun système de nutation musicale. Non seulement, en effet, parmi les milliers de papyrus qui sont parvenus jusqu'à nous, on n'en a rencontré aucun qui contînt des signes musicaux ou qui fit quelque allusion à une écriture musicale, mais encore, sur les innombrables scènes de musique d'ensemble que nous ont conservées les monuments éiiyptiens, jamais on n'a relevé un seul exemple d'un chanteur ou d'un instrumentiste portant, soit à la main, soit attaché à son instrument, un rectangle quelconque de bois ou de papyrus que l'on put considérer comme une "partie" écrite.
Je trouve a ce sujet une anecdote charmante dans les Mémoires de Gounod, et je la reproduis textuellement:
« Ma mère, qui avait été ma nourrice, m'avait certainement fait avaler autant de musique que de lait. Jamais elle ne m'allaitait sans chanter, et je peux dire que j'ai pris mes premières leçons sans m'en douter et sans avoir a leur donner cette attention si pénible au premier age et si difficile a obtenir des enfants. Sans en avoir conscience, j'avais déjà la notion très claire et très précise des intonations et des intervalles qu'elles représentent, des tout premiers éléments qui constituent la modulation, et de la différence caractéristique entre le mode majeur et le mode mineur, avant même de savoir parler, puisqu'un jour, ayant entendu chanter dans la rue par quelque mendiant sans doute) , une chanson en mode mineur, je m'écriai : « Maman, pourquoi il chante en do qui plore (pleure)? » .
J'avais d'une I'oreille parfaitement exercée, et je pouvais tenir avantageusement déjà ma place d'éleva dans un cours de solfège, où j'aurais pu même être professeur. »
Le folklore épique évoque la vie primitive de la Russie encore païenne, au temps de la droujina et des petits tyrans, puis la constitution des confréries
indépendantes des cosaques et leur dissolution. Toutes les aventures guerrières, les invasions barbares et les expéditions lointaines nous sont ainsi fidèlement rapportées, sur des thèmes graves ou joyeux. Nous suivons, phase par phase, les transformations de la Russie ancienne, son adhésion à la foi chrétienne, ses luttes contre les Tartares, les Turcs, les Polonais.
Une entière liberté a d'ailleurs été laissée aux auteurs pour exprimer leurs idées personnelles, dans le langage qui leur est propre. Chaque article est signé et daté et contient de nombreuses références bibliographiques.
Tous les sujets qui peuvent intéresser les compositeurs, les artistes, les érudits, les chercheurs et même les grands amateurs de musique, y sont traités ex cathedra, et souvent à plusieurs points de vue divers.
On peut affirmer que l'Espagne est l'un des pays où la musique fut cultivée dès les plus anciens temps. II est aussi certain que l'histoire de son développement artistique reste à peu près inconnue, bien qu'elle présente le plus vif intérêt. Seulement de nos jours on a commencé à déblayer le terrain, et à l'aire l'inventaire des innombrables trésors que le passé nous a légués.