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Citations de Alessandro Stella (17)


Il est difficile de l'expliquer, de le comprendre sans l'avoir vécu. Si l'analyse des facteurs du recours à la violence est compliquée, quiconque ayant fréquenté le mouvement ouvrier et étudiant au début des années 1970 sait qu'on y respirait un air insurrectionnel, que pour des millions d'Italiens la révolution était à l'ordre du jour, et que celle-ci n'était «pas un dîner de gala, mais un acte de violence » (comme disait Mao). Nous allions peu à peu nous en convaincre en pensant aux révolutions française, russe, chinoise et, enfin, cubaine. On entendait comme un son de tam-tam, de plus en plus fort et diffus, d'appel aux armes.
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Quant à l’auto-réduction dans les restaurants, elle était devenue une pratique de groupe spontanée et diffuse. On la pratiquait par groupes plus ou moins nombreux – en deçà d’un certain nombre, on risquait d’être coincés par le patron et les serveurs –, parfois après une réunion ou en fin de semaine. C’était une pratique de lutte politique qui permettait aussi à des fauchés de goûter à la gastronomie. À part quelques bousculades, il n’y avait pas de violence, le nombre et la détermination, entre le sérieux et la blague, suffisaient pour que les restaurateurs nous laissassent partir sans payer, probablement dans la crainte d’une ardoise encore plus salée.
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Cependant, il n’y avait pas que le politique dans notre vie. « Le personnel était politique », comme les camarades féministes nous l’avaient fait comprendre, bon an mal an. En réalité, alors que nous plongions la tête la première dans la dernière tentative de révolution communiste en Europe, c’est dans la sphère des relations interpersonnelles que nous étions en train de faire une révolution… Mais nous n’en avions pas vraiment conscience, pris comme nous l’étions dans des schémas anciens. Nous avions alors 20 ans, quelques-uns plus, d’autres moins. Et nous avions un désir débordant de mordre la vie, de plonger de tout notre corps dans une aventure enivrante, de profiter au maximum de tout ce que la vie pouvait nous offrir, ici, tout de suite, sans attendre ni le paradis céleste, ni le grand soir. « Qu’est-ce que vous voulez ? » nous demandait-on. On répondait : « Nous voulons tout ! »
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Après les luttes sur le renouvellement de la convention collective des métallurgistes, en 1972, l’agitation dans les usines avait continué, les grèves et les revendications se radicalisaient. L’occupation de l’usine Fiat de Mirafiori, aux portes de Turin, au mois de mars 1973, fut l’épisode le plus emblématique de la période, mais la confrontation était diffuse, comme le montrait la longue grève chez Lanerossi la même année. La réponse syndicale à la crise pétrolière avait été opportune et clairvoyante : contre l’augmentation des prix, le mouvement ouvrier avait imposé l’instauration de ce qu’on appela la scala mobile (« la remontée mécanique »), dans un premier temps appliquée aux salaires dans l’industrie puis étendue en 1975 à tous les secteurs d’activité. Ce fut une conquête historique, unique, que les travailleurs italiens réussirent à imposer ; établir un mécanisme qui faisait automatiquement augmenter les salaires si les prix augmentaient, était une vérité de La Palice permettant d’empêcher que l’inflation ne rognât les augmentations de salaire conquises de dure lutte. Cette conquête représenta probablement le pic du pouvoir que le mouvement ouvrier avait pris pendant ces années-là. Une mesure que le patronat et les banques furent obligés d’accepter, s’inclinant devant la force du mouvement ouvrier, mais qu’ils ne digérèrent jamais. Au cours des années suivantes, la scala mobile était devenue la bête noire du patronat, qui la rendait responsable du déclin industriel du pays et d’autres catastrophes – en réalité, elle signifiait seulement moins de profit dans leurs poches… Quand le climat social changea, les gouvernements de centre-gauche se firent les exécutants zélés des desiderata patronaux de revanche et, à partir de 1984, par des réformes successives, on arriva à l’abolition définitive de la scala mobile en 1992. Elle fut seulement conservée pour certaines catégories de « travailleurs », comme les députés et les journalistes…
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Quant aux personnes mariées, leur sexualité devait se limiter à la simple copulation afin d’enfanter, ils ne devaient pas éprouver de jouissance, mais seulement « accomplir le devoir conjugal ». Leur liberté sexuelle était bien limitée, puisque le plaisir ne devait pas entrer en ligne de compte : donc pas de positions extravagantes, pas de contraception (donc rapports moins fréquents), pas de fellation ou autre « onanisme », et l’interdit de la sodomie s’appliquait évidemment aussi au mari qui l’aurait pratiquée avec sa femme.
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Tout un chacun pouvait avoir des péchés de chair à confesser. Les célibataires, compte tenu de l’interdit de pratiquer la sexualité hors mariage, pouvaient les commettre tous : de la masturbation à la fornication, jusqu’au simple désir fantasmé d’une femme aperçue dans la rue, car la pensée sexuelle elle-même lui était interdite. Les fiancés devaient se limiter aux caresses « honnêtes », puisque, selon certains théologiens, le baiser sur la bouche constituait déjà une pente voluptueuse menant au péché mortel.
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C’est pourquoi l’erôs ivre et indiscipliné n’est pas une ascension extatique vers le divin, mais une chute, une dégradation de l’homme. » Pire : « L’erôs rabaissé simplement au “sexe” devient une marchandise, une chose qu’on peut acheter et vendre. »
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Selon Friedrich Nietzsche, le christianisme aurait donné à boire du venin à l’erôs, qui, sans en mourir, en serait venu à dégénérer en vice.
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À l’amour entre un homme et une femme, qui ne naît pas de la pensée ou de la volonté mais qui s’impose en fait à l’être humain, la Grèce antique avait donné le nom de erôs. Or l’Ancien Testament grec utilise deux fois seulement le mot erôs, tandis que le Nouveau Testament ne l’utilise jamais : des trois mots grecs relatifs à l’amour – erôs, philia (amour d’amitié) et agapê les écrits néotestamentaires privilégient ce dernier, qui, dans la langue grecque, était d’usage plutôt marginal. Quant à l’amour d’amitié (philia), il est développé dans l’Évangile de Jean pour exprimer la relation entre Jésus et ses disciples. La mise de côté du mot erôs, accompagnée de la nouvelle vision de l’amour qui s’exprime par le mot agapê, dénote sans aucun doute quelque chose d’essentiel dans la nouveauté du christianisme, concernant précisément la compréhension de l’amour.
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Si nos sociétés sont parvenues à définir la pédophilie comme un crime, par le passé, ces considérations sur l’enfance n’avaient probablement pas cours. L’organisation de la société ne laissait qu’à une poignée de privilégiés (mâles et riches) le temps et le loisir de vivre l’adolescence, alors que la plus grande partie des enfants passait rapidement de l’état de dépendance des parents à celui d’adulte autonome. Pour les filles, ce saut brutal s’accompagnait souvent d’un mariage, voire d’une grossesse au sortir de la puberté. Rappelons que, dans les sociétés traditionnelles de l’Europe du Sud, l’âge moyen des femmes au mariage variait de seize à dix-huit ans, que, très souvent, le mari avait deux fois l’âge de son épouse et qu’il n’était pas rare qu’un homme de quarante ans prenne pour femme une jeune fille de quinze ans.
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Le viol, en effet, a toujours été sévèrement poursuivi par la justice d’Ancien Régime, car à la violence pouvait s’ajouter la perte de l’honneur de la fille et de sa famille, ce qui en faisait un enjeu social majeur. Mais à la sévérité affichée par la législation correspondait une certaine tolérance dans la poursuite et le châtiment des coupables, due à l’indigence de l’administration de la justice, d’une part, à la suspicion vis-à-vis des victimes, d’autre part, et finalement à une bienveillance non avouée à l’égard d’hommes qui n’auraient pas su contenir leurs pulsions. Au XIXe puis surtout au XXe siècle, c’est le regard sur les conséquences psychiques du viol qui change et fait appliquer le droit dans toute sa rigueur.
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Nous n'étions pas les Brigades rouges, dont nous critiquions l'organisation sur un modèle de militantisme clandestin. Pour eux le militantisme signifiait accomplir des actions armées tout en se donnant, dans la vie quotidienne, une image d'employé modèle sortant de chez lui tous les matins à 8 heures avec son attaché-case pour aller travailler. Une schizophrénie, un dédoublement de la personnalité qui ne me convainquaient point.
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Ces hommes en habit religieux expriment une multitude de désirs, voilà pourquoi j’emploie le pluriel et parle de sexualités et d’amours. Réduire leurs désirs à l’homosexualité ou à l’hétérosexualité, et davantage encore à la pédophilie, serait faire du tort à leur subconscient et sacrifier au passage la richesse des sources documentaires qui nous indiquent des variations plus complexes. Parfois, des curés ne demandent que de simples gestes d’affection de la part de l’autre ou des contacts charnels faits de caresses et de baisers.
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Le rapprochement nécessaire des visages pour mieux entendre met enfin en jeu la perception olfactive de l’autre. On sait qu’en matière d’érotisme, les détails et les petites touches allusives permettent à l’imagination de courir et sont plus troublants et provocants que l’étalage de corps nus.
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D’abord, on pèche par l’acte consommé de diverses manières : avec une célibataire c’est la fornication, avec la femme mariée l’adultère, avec une vierge le stupre, avec une parente l’inceste, avec une religieuse ou contre le vœu de chasteté le sacrilège, avec une personne du même sexe la sodomie, avec un animal la bestialité, avec soi-même en solitaire mollesse ou pollution. » Non seulement les actes, mais les pensées étaient considérés comme des péchés : et le désir charnel était une très mauvaise pensée !
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L’amour chrétien est l’agapê, qui, en grec ancien, aussi bien dans son substantif que dans ses formes verbale et adjectivale, renvoie à l’amour fraternel, à l’affection portée à quelqu’un. L’emploi en latin du même terme est d’ailleurs associé au christianisme puisqu’il connote l’amour du prochain et fait référence à l’agapê comme repas partagé, à l’ultima cena de Jésus avec les apôtres ; un moment de joie partagée, festive, fraternelle.
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La fiction met en scène un curé qui, tout au long du film, assume de plus en plus le rôle du méchant de l’histoire, violent, hypocrite, insidieux ; toutefois, une fin moins attendue montre ce dernier contenant ses larmes et racontant sa propre histoire d’enfant abusé, d’homosexuel honteux et caché, porteur d’une affection profonde et sincère à l’égard d’un jeune homme en perdition. L’intelligence des propos d’Almodovar contraste singulièrement avec les anathèmes lancés contre lui par l’épiscopat espagnol.
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