AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782748902778
164 pages
Agone (10/10/2016)
4/5   1 notes
Résumé :
Il n'y avait pourtant pas que le politique dans notre vie. "Le personnel est politique", comme les camarades féministes nous l'avaient fait comprendre, bon an mal an. En fait, alors que nous plongions la tête la première dans la dernière tentative de révolution communiste en Europe, c'est dans la sphère des relations interpersonnelles que nous étions en train de faire une révolution... Mais nous n'en avions pas vraiment conscience, pris comme nous l'étions dans des ... >Voir plus
Que lire après Années de rêves et de plomb : Des grèves à la lutte armée en Italie (1968-1980)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce témoignage des mouvements sociaux qui ont agité l'Italie des années 68 au début des années 80 revient sur l'activité des militants d'Autonomie Ouvrière dont l'auteur faisait parti.
Il raconte comment, pendant ces années mouvementées, des jeunes révoltés, des militants proches des groupes d'extrême gauche Lotta Continua et Pouvoir Ouvrier ainsi que des déçus du puissant Parti Communiste Italien vont vouloir changer le monde. Libertaires, autogestionnaires, critiques des Maos (courant influencé par.le PC chinois), anti staliniens (et donc critique du PCI) Ils sont dans le nord de l'Italie, en Vénétie, à Thiene, ces militants qui forment des comités inscrits dans les luttes locales, pour l'émancipation ouvrière, celles des femmes... Leurs actions prennent toutes sorte de formes : festives, par la radio, dans les comités de locataires contre les loyers trop élevés, contre les hausses de prix dans les magasins par des "réquisitions", sur les piquets de grève contre l'exploitation capitaliste, anti-colonialiste, se battant contre la précarité.
Quand les Brigades Rouges enlèveront Aldo Moro (assassiné par.les BR), la Démocratie Chrétienne conservatrice et le PCI institutionnalisé vont abattre sans nuance l'appareil répressif sur ces révoltés et la lutte revendicative prendra une forme plus radicale : la lutte armé.
C'est alors une autre phase qui commence : clandestinité, braquages pour financer le mouvement, arrestations, fuite en exil ou prison, assassinat et prise d'otage sont le quotidien des ces groupes plus ou moins liés ou assimilés aux Brigades Rouges par le pouvoir.
Sans renier ses convictions révolutionnaires, Alessandro Stella est critique, un peu amer, sur cette phase et raconte cette évolution et les incidences sur la vie des militants et du mouvement revendicatif.
C'est vivant, intéressant, partisan, et lucide. L'auteur fait une mise au point pour remettre dans son contexte ces différentes formes de lutte, on est loin des terroristes sanguinaires parfois décrits par le pouvoir italien de l'époque. C'est un récit qui donne aussi des perspectives aux mouvements revendicatifs actuels (A. Stella, actuellement en France, a soutenu les Nuits Debouts ou autres Gilets Jaunes).
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Après les luttes sur le renouvellement de la convention collective des métallurgistes, en 1972, l’agitation dans les usines avait continué, les grèves et les revendications se radicalisaient. L’occupation de l’usine Fiat de Mirafiori, aux portes de Turin, au mois de mars 1973, fut l’épisode le plus emblématique de la période, mais la confrontation était diffuse, comme le montrait la longue grève chez Lanerossi la même année. La réponse syndicale à la crise pétrolière avait été opportune et clairvoyante : contre l’augmentation des prix, le mouvement ouvrier avait imposé l’instauration de ce qu’on appela la scala mobile (« la remontée mécanique »), dans un premier temps appliquée aux salaires dans l’industrie puis étendue en 1975 à tous les secteurs d’activité. Ce fut une conquête historique, unique, que les travailleurs italiens réussirent à imposer ; établir un mécanisme qui faisait automatiquement augmenter les salaires si les prix augmentaient, était une vérité de La Palice permettant d’empêcher que l’inflation ne rognât les augmentations de salaire conquises de dure lutte. Cette conquête représenta probablement le pic du pouvoir que le mouvement ouvrier avait pris pendant ces années-là. Une mesure que le patronat et les banques furent obligés d’accepter, s’inclinant devant la force du mouvement ouvrier, mais qu’ils ne digérèrent jamais. Au cours des années suivantes, la scala mobile était devenue la bête noire du patronat, qui la rendait responsable du déclin industriel du pays et d’autres catastrophes – en réalité, elle signifiait seulement moins de profit dans leurs poches… Quand le climat social changea, les gouvernements de centre-gauche se firent les exécutants zélés des desiderata patronaux de revanche et, à partir de 1984, par des réformes successives, on arriva à l’abolition définitive de la scala mobile en 1992. Elle fut seulement conservée pour certaines catégories de « travailleurs », comme les députés et les journalistes…
Commenter  J’apprécie          10
Cependant, il n’y avait pas que le politique dans notre vie. « Le personnel était politique », comme les camarades féministes nous l’avaient fait comprendre, bon an mal an. En réalité, alors que nous plongions la tête la première dans la dernière tentative de révolution communiste en Europe, c’est dans la sphère des relations interpersonnelles que nous étions en train de faire une révolution… Mais nous n’en avions pas vraiment conscience, pris comme nous l’étions dans des schémas anciens. Nous avions alors 20 ans, quelques-uns plus, d’autres moins. Et nous avions un désir débordant de mordre la vie, de plonger de tout notre corps dans une aventure enivrante, de profiter au maximum de tout ce que la vie pouvait nous offrir, ici, tout de suite, sans attendre ni le paradis céleste, ni le grand soir. « Qu’est-ce que vous voulez ? » nous demandait-on. On répondait : « Nous voulons tout ! »
Commenter  J’apprécie          10
Quant à l’auto-réduction dans les restaurants, elle était devenue une pratique de groupe spontanée et diffuse. On la pratiquait par groupes plus ou moins nombreux – en deçà d’un certain nombre, on risquait d’être coincés par le patron et les serveurs –, parfois après une réunion ou en fin de semaine. C’était une pratique de lutte politique qui permettait aussi à des fauchés de goûter à la gastronomie. À part quelques bousculades, il n’y avait pas de violence, le nombre et la détermination, entre le sérieux et la blague, suffisaient pour que les restaurateurs nous laissassent partir sans payer, probablement dans la crainte d’une ardoise encore plus salée.
Commenter  J’apprécie          10
Il est difficile de l'expliquer, de le comprendre sans l'avoir vécu. Si l'analyse des facteurs du recours à la violence est compliquée, quiconque ayant fréquenté le mouvement ouvrier et étudiant au début des années 1970 sait qu'on y respirait un air insurrectionnel, que pour des millions d'Italiens la révolution était à l'ordre du jour, et que celle-ci n'était «pas un dîner de gala, mais un acte de violence » (comme disait Mao). Nous allions peu à peu nous en convaincre en pensant aux révolutions française, russe, chinoise et, enfin, cubaine. On entendait comme un son de tam-tam, de plus en plus fort et diffus, d'appel aux armes.
Commenter  J’apprécie          10
Nous n'étions pas les Brigades rouges, dont nous critiquions l'organisation sur un modèle de militantisme clandestin. Pour eux le militantisme signifiait accomplir des actions armées tout en se donnant, dans la vie quotidienne, une image d'employé modèle sortant de chez lui tous les matins à 8 heures avec son attaché-case pour aller travailler. Une schizophrénie, un dédoublement de la personnalité qui ne me convainquaient point.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Alessandro Stella (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alessandro Stella
Alessandro Stella, auteur de “Le prêtre et le sexe. Les révélations des procès de l'Inquisition”, revient sur la position de l'Église en matière de sexualité. L'institution a-t-elle beaucoup évolué sur ce sujet depuis l'Inquisition ?
À travers son ouvrage “Le prêtre et le sexe. Les révélations des procès de l'Inquisition”, Alessandro Stella nous emmène dans le Mexique colonial où l’Inquisition a instruit – entre 1540 et 1810 – près de deux mille procès contre des religieux accusés de délits liés à la sexualité. Comment l’Église condamnait-elle les délits sexuels (pédophilie, viol, harcèlement) commis par les religieux ? Quelles étaient les sentences prononcées comparées à celles rendues aujourd’hui ? Quel était le profil des prêtres déviants et de leurs victimes ? Plus d'informations sur le site de l'éditeur : http://www.andreversailleediteur.com/?livreid=721
+ Lire la suite
autres livres classés : histoire socialeVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Autres livres de Alessandro Stella (1) Voir plus

Lecteurs (12) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3182 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}