La guitare de Pearl Thompson envahit la pièce, un parfum séraphique qui fait vibrer les murs, le cœur et les tripes.
Le silence s'installe, érigeant un mur de plus entre les deux sœurs. Elles n'ont jamais eu grand-chose à se dire de toute manière. Charlie a certes des convictions, mais elle ne les utilise que pour attaquer les ennemies qu'elle s'invente. Pour elle, le danger est partout sauf dans ses relations, parce que la violence qu'elle connaît n'est rien en comparaison avec des complots mondiaux que les recoins d'internet lui dévoilent. En réaction à un système qui a échoué à la protéger, Charlie cherche ses réponses sur des sites conspirationnistes, un rare lieu d'appartenance qui réconforte sa personnalité excessive.
Jules rêve de mots qui veulent dire qu'une seule chose. Elle s'armerait de ces noyaux incontestables, qui résistent à la rouille de la mauvaise foi, qui nomment ce qu'ils veulent dire dans la plus évidente clarté. Elle passerait ses nuits à les polir pour qu'ils entrent dans les têtes sans aucune résistance et s'y logent, dévastateurs dans les esprits qui savent normalement les déjouer.