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4.71/5 (sur 7 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Alix Geoffroy est née en 1982 à Colombes. Elle exerce la profession de juriste dans l’Essonne où elle vit aujourd’hui, avec son mari et leur enfant. Quand elle n’est pas devant son ordinateur à jouer à des jeux vidéos, elle dévore des livres ou regarde les dernières séries télévisées américaines.

L'empire du Dragon Passionnée d’Heroic Fantasy, elle a imaginé l’univers de l’Empire du Dragon pendant plus de 10 ans, tout d’abord sur les bancs de sa faculté de droit, avant de se décider à en jeter les premières lignes sur papier. Elle ne s’est plus arrêtée depuis.

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Alix Geoffroy
CHAPITRE III – Récits croisés

—Leurs… leurs cadavres se relèvent ? répéta Meghan pour la troisième fois.

Et pour la troisième fois, Keldric répondit par l’affirmative. Il avait laissé à ses compagnons le soin de poursuivre les opérations de déblaiement pendant qu’il relatait à son épouse tout ce qui lui était arrivé depuis qu’ils avaient été séparés. Thorwald et Warwick s’étaient éloignés afin de leur laisser un semblant d’intimité, et ils aidaient les autres en dégageant à la main les gravats qui s’accumulaient à leurs pieds. Meghan avait peu commenté ce qui avait forcé ses alliés à reculer. Elle s’était contentée de marmonner : « une brume orange qui dissout les gens ? Je me demande bien pourquoi je n’y ai pas pensé, c’est tellement plus crédible qu’une défection ! » Sous-entendu : « ce n’est pas ma faute ».

Keldric avait décidé de ne pas polémiquer. Ils avaient tous les deux des torts, mais, au final, c’était elle qui avait perdu ses hommes et qui était gravement blessée. Il pouvait bien endosser toute la responsabilité de la situation. Le cauchemar qu’il avait vécu en croyant l’avoir perdue à jamais était encore trop frais dans son esprit pour qu’il ne soit pas prêt à toutes les concessions. Pour l’instant. Le jeune homme était ensuite passé rapidement sur la découverte morbide du champ de bataille, cimetière de la cavalerie dracke, ainsi que sur les sentiments qu’il avait éprouvés en comprenant que sa femme était tombée dans la faille. Meghan ne chercha pas à en savoir plus. Elle fut seulement ravie d’apprendre que les Velcaniens avaient retrouvé son ami Rash’anshakar en vie.

Keldric lui raconta également l’escarmouche que les troupes du consortium avaient menée contre les Srills, l’apparition d’Erwan qui avait senti le pouvoir de la jeune reine s’éveiller, puis la formation de leur petit groupe, le périple qui les avait menés à elle dans l’antre des Déchus, et la manière dont les deux hommes l’avaient « ramenée » à la vie par l’entremise de la Marque. Enfin, il avait conclu son récit par la nouvelle alarmante de l’immortalité des Srills, nouvelle dont Meghan avait du mal à se remettre.

—Et tu dis qu’ils peuvent ressusciter indéfiniment ?

—Apparemment, oui.

—Tous ?

—Au moins ceux qui sont ici. Je ne sais pas si l’influence des Déchus s’étend jusqu’à ceux de la surface, mais s’ils ont un tel pouvoir, je crains que nos chances de victoire passent de faibles à nulles très rapidement, conclut Keldric avec un soupir.

—Il y a toujours un espoir, Keldric, toujours. Tu me l’as rappelé toi-même il n’y a pas si longtemps. Il faut seulement trouver en quoi il consiste.

Le prince de Velcania esquissa un sourire et serra plus fortement la main de son épouse.

—Depuis le début, Meg’, l’espoir, c’est toi.

Loin d’être convaincue, l’intéressée émit un reniflement désabusé.

—Si tu veux parler de la Marque que j’ai au poignet, désolée de te décevoir, mais je ne sais même pas si je serai capable de m’en servir à nouveau.

—Je ne parlais pas de ton tatouage, mais de toi, de ce que tu représentes, de ce que tu nous inspires. Tu es notre port dans la tempête, Meghan, que nous soyons Dracks ou pas, Humains ou pas. Tu nous as tous unis derrière ta bannière et montré la voie. Alors, sans même évoquer de quelconques pouvoirs divins, s’il y a bien quelqu’un qui incarne l’espoir, c’est toi.

Il avait prononcé cet éloge sentencieux avec un naturel désarmant et une conviction absolue. La jeune femme détourna les yeux. Elle sentit alors une brise tiède effleurer ses pensées, et la voix d’Erwan retentit dans son esprit : « Il a raison, votre pouvoir est bien plus grand que vous ne l’imaginez, et pas seulement grâce au cadeau que vous ont fait nos Maîtres. » Puis, aussi soudainement qu’elle était arrivée, sa présence s’évanouit.

—Quelque chose ne va pas ? s’inquiéta Keldric en la voyant prendre un air absent.

—Ton meilleur ami est du même avis que toi.

Keldric pivota vers Erwan. Il était toujours en train de creuser et rien dans son comportement ne laissait suggérer qu’il venait d’établir une connexion spirituelle avec sa Liée.

—Si tu veux lui parler, Erwan, si tu veux nous parler, tu peux venir, l’invita Keldric.

—Il faut bien que quelqu’un creuse ! répondit sèchement le colosse sans daigner se détourner de son ouvrage. Le prince secoua la tête, et poussa un long soupir.

—Il n’a pas tant changé que cela, finalement ! Meghan lui adressa un sourire de connivence, mais cet instant de détente ne fut qu’éphémère. Ils replongèrent tous deux dans la morosité en songeant à l’avenir lugubre qui guettait leur monde, jusqu’à ce que Keldric brise à nouveau le silence.

—Et toi, tu veux bien me raconter ce que tu as vécu ?

Sans y penser, il avait légèrement élevé la voix. Les martèlements diminuèrent aussitôt d’intensité, tandis que tous les membres du petit groupe se mettaient à tendre l’oreille.

—Je ne veux pas en par…

La jeune femme se mordit la langue plutôt que de finir sa phrase. Elle avait payé cher sa propension au mensonge et à la rétention d’information sous prétexte de vouloir préserver son époux. À tort. La vérité n’allait pas le briser. Il n’était pas si fragile. Il venait de braver mille dangers pour venir la chercher en plein cœur du royaume des Déchus. Et même s’il restait en lui une certaine candeur qu’elle-même avait perdue depuis bien longtemps, le monde dans lequel il vivait se chargerait de la lui ôter bien plus brutalement qu’elle. Vouloir l’épargner n’était pas lui rendre service, bien au contraire. Elle le comprenait enfin.

—D’accord, je vais te… vous raconter, rectifia-t-elle, consciente que Keldric n’était pas le seul qui méritait d’entendre son histoire.

Ils étaient tous venus pour elle, ils avaient mis leurs vies en jeu pour sauver la sienne, elle leur devait au moins la vérité. Même au Wyn qu’elle avait du mal à considérer autrement que la « demi-portion », ou à l’Alénien et ses allures de mort-vivant qui lui donnait froid dans le dos, ces deux êtres qu’elle méprisait, et qui pourtant lui avaient sauvé la vie, l’un en lui prodiguant les premiers soins, l’autre en la trouvant au fond de cette caverne. Même si son récit devait mettre en lumière ses erreurs, ses faiblesses, et ses mauvais choix…
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"Depuis combien de temps fuyait-il ? Il avait perdu le compte des jours. Un aboiement
lointain le fit sursauter. Il se retourna avec appréhension. Avaient-ils finalement décidé de
lancer les chiens à ses trousses ?
Mais le chemin derrière lui était désert. Le cœur encore battant, il reprit son avancée,
serrant contre lui sa cape déchirée pour se protéger du froid mordant de l’hiver. Pour la
première fois de sa vie, l’oracle était un homme traqué, affamé, et privé de tout pouvoir.
La chute de la reine Alvira avait annoncé sa propre déchéance, et il avait dû fuir en hâte de
Shakan-Karak, la capitale du Drackenmaar. Nul besoin d’être devin pour prévoir le sort
funeste que lui aurait réservé la nouvelle maîtresse des lieux, s’il était resté…
Une fois hors des murailles de la forteresse, il avait tenté d’user de son don pour semer ses
poursuivants. Il n’avait vu que le néant. Le souvenir de cet instant où il avait compris qu’il
n’était plus rien était encore si vivace qu’une bouffée d’angoisse l’étreignit et lui fit perdre
l’équilibre. Il tituba sur quelques mètres, avant de tomber à genoux sur le chemin verglacé qui
serpentait vers la montagne.
La faim lui tenaillait le ventre, et les spasmes violents qui le contractèrent lui arrachèrent
des larmes. Depuis bien longtemps, il ne se nourrissait que de baies trouvées au hasard de sa
route. Il n’avait plus que la peau sur les os, et son visage émacié aux orbites creuses le faisait
paraître plus mort que vivant.
Il inspira profondément afin de faire refluer sa panique et les vertiges causés par son jeûne
forcé. Il ne pouvait s’attarder. Le jour déclinait, et il lui fallait encore trouver un abri pour la
nuit.
Un grincement d’essieu lui fit soudain redresser la tête. Un homme trapu avançait vers lui
en tirant une carriole à la force de ses bras. En apercevant la silhouette noire qui lui faisait
face, l’inconnu s’immobilisa, et son front se plissa d’inquiétude.
— Je ne sais pas ce que tu cherches, vagabond, mais il n’y a rien pour toi par ici, dit-il.
Quitte cette contrée avant que les soldats te trouvent et te pendent. L’oracle déchu éclata d’un rire hystérique. Lui, la voix des puissances, le conseiller influent
d’une reine, autrefois craint et respecté, en était donc réduit à être pris de haut par un paysan.
Quelle cruelle ironie !
L’homme à la carriole fronça les sourcils. Il n’aimait pas que l’on se moque de lui.
— Dégage de mon chemin si tu ne veux pas que je te caresse les côtes avec mes poings,
mendiant !
Le fuyard tressaillit sous cette nouvelle insulte, et son rire cessa abruptement. Ses doigts se
refermèrent sur le morceau de bois effilé qu’il gardait dans sa manche. Avant que sa cible
n’ait pu esquisser le moindre geste, l’oracle se jeta en avant et lui planta son arme improvisée
dans la poitrine.
Le bois éclata en escarbilles sous la force du coup, tandis que le gros homme hurlait de
douleur et de surprise. Il vacilla en arrière et s’effondra contre sa carriole.
Avec des gestes mesurés, l’oracle se baissa pour ramasser une pierre sur le sol. Un sourire
froid étira ses lèvres, donnant à son visage l’aspect d’un masque de cire. Il s’approcha de sa
victime gémissante, qui leva une main implorante vers lui.
— Attends… je…
Mais l’oracle ne lui laissa pas l’occasion d’en dire plus. Il abattit de toutes ses forces la
pierre sur le crâne du malheureux, le tuant sur le coup. Il frappa pourtant une deuxième fois, puis une troisième, fasciné par la vue du visage sanglant qui perdait ses contours à chaque
nouveau coup. Lorsqu’il en eut fini, sa cape était couverte de sang et de chairs pulvérisées.
Il contempla son œuvre atroce, sans cesser de sourire. C’était la première fois qu’il tuait de
ses mains et la sensation était grisante. L’espace d’un instant, il était redevenu tout-puissant.
Qu’importe la perte de son don. Il trouverait le moyen d’atteindre celle qui l’avait dépouillé
de tout. Il y consacrerait désormais sa vie.
Il n’était plus l’oracle. Il serait Grim, celui qui avance masqué. "
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Prologue

Erwan rajouta une branche morte dans le feu qui flamba de plus belle. Le bois résineux
dégageait une odeur entêtante.
Il retourna s’asseoir sur sa couverture et contempla la fumée s’élever au-dessus du camp de
fortune avant de se dissiper dans la nuit. Ils avaient bien avancé aujourd’hui. L’imposante
silhouette des Montagnes Glacées s’était estompée lorsque l’obscurité était devenue totale,
mais le jeune officier savait qu’elles étaient toutes proches. Demain soir, ils seraient à leurs
pieds. Demain soir, commencerait leur véritable quête.
Il frissonna à la perspective de ce qui les attendait. Ce plongeon dans l’inconnu, à la merci
totale du bon vouloir des dieux, le rendait nerveux. Sans doute aussi angoissée que lui, sa
compagne s’agitait faiblement dans un sommeil qu’il n’avait pas réussi à trouver. Il avait tué
le temps en polissant ses armes puis il s’était occupé de nettoyer sa plaie déjà presque
refermée et de refaire son bandage. Il ne savait désormais plus quoi faire, et malgré l’heure
avancée de la nuit, le sommeil ne venait toujours pas.
La jeune femme poussa un petit gémissement, et Erwan tourna la tête dans sa direction.
Elle se débattait, luttant contre l’ennemi invisible qui envahissait chacun de ses rêves. Sa
respiration s’affola et lorsqu’elle geignit une nouvelle fois, l’officier émit un long soupir
résigné.
Il se leva sans bruit et vint s’asseoir à ses côtés. Elle gesticulait tant qu’on aurait pu croire
qu’elle convulsait.
— Chut, tout va bien, murmura-t-il en posant doucement sa main sur celle de la jeune
femme.
Mais elle ne se calma pas, et Erwan se mordit la lèvre. Il ne se voyait pas lui chanter une
berceuse ! Il s’installa aussi confortablement que possible et, du bout des doigts, se mit à lui
caresser maladroitement le dos de la main. Sa peau était plus douce que du velours. Il se racla
la gorge et, d’une voix un peu tremblante, fit une autre tentative pour l’apaiser.
— Ça n’est qu’un cauchemar, calmez-vous, tout va bien.
Elle lui saisit soudain la main et entrelaça ses doigts dans les siens.
— Ce n’est pas ce que je voulais, dit-elle plaintivement.
Pris au dépourvu, l’officier cessa de respirer quelques instants, puis il déglutit avec
difficulté tant sa gorge était devenue sèche.
— Meghan ? Est-ce que… est-ce que vous m’entendez ?
C’était la première fois qu’il l’appelait par son prénom, et la sensation était aussi curieuse
que plaisante. Il avait l’impression de briser une barrière invisible entre eux.
— Je suis désolée Keldric, tellement désolée, geignit-elle pour toute réponse.
Des larmes roulèrent sur ses joues, et le jeune homme resserra instinctivement ses doigts
autour des siens en un geste de réconfort.
— Je sais enfin pourquoi vous êtes là, souffla-t-il. Et, moi aussi, je suis désolé. Pour tout.


LIVRE I
Sept mois plus tôt…
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"Les yeux laiteux de l’Alénien balayèrent rapidement la pièce basse et sans fenêtres qu’une dizaine de flambeaux éclairaient. Autour de la grande table en granit blanc, ses pairs des autres nations étaient déjà installés : Wyn, Parcite, Éranéen, Iskien…, même le roi des Krolls était là, pour la première fois depuis des mois. Engoncé dans sa robe trop étriquée pour lui, le souverain à l’aspect simiesque jetait des regards apeurés au jeune prince de Velcania, assis à la gauche de son père.

— Nous n’attendions plus que vous, Ser Ter’ryl, annonça Leoric. Je vous en prie, prenez place.

Ter’ryl salua les membres du conseil d’une brève formule de politesse. Puis il avança vers une place laissée vacante à côté de Warwick, l’ambassadeur wyn. Le petit émissaire l’accueillit d’un chaleureux sourire auquel Ter’ryl répondit d’un simple hochement de tête.

Comme tous les membres de son peuple, l’Alénien à la peau translucide veinée d’argent ne montrait toujours que l’impassibilité la plus totale. Même lorsqu’il était, comme aujourd’hui, passablement agacé."
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