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Critiques de Ana Blandiana (7)
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Roumanie nouvelle

Les éditions Syros avaient une collection appelée «L’arbre aux accents, des livres qui parlent en deux langues» et qui proposait trois livres bilingues donc par pays (d’où la couverture) : cuisine, contes, nouvelles contemporaines. Il s’agit ici de celui consacré à la Roumanie pour la nouvelle contemporaine «L’Église fantôme».

C’est la légende assez invraisemblable du déplacement d’une église sur une dizaine de kilomètres, entre deux villages de montagne. Une parenthèse pour préciser que sous le régime de Ceaușescu de nombreuses églises bucarestoises ont été déplacées sur des rails pour leur éviter d’être démolies. Elles ont été «poussées» à l’arrière des immeubles prévus sur les grandes artères de la capitale communiste. Ainsi, la légende ancienne trouve un écho contemporain dans la réalité.

Pour revenir à la légende le déplacement se passait bien jusqu’à la traversée d’un cours d’eau quand les plans des paysans furent déjoués par la météo. En effet, la glace n’était pas encore assez ferme pour permettre la traversée et l’église se retrouva prisonnière des eaux glacées pour la durée de l’hiver. La suite mêle mystère de foi et réalité fantastique et s’achève sur ces lignes : «Maintenant encore, quand les jours de la révolte ne sont plus qu’histoire depuis longtemps révolue et le voyage de l’église légende à conter aux touristes, il émane de ces gens de Bassespierres (forestiers, ouvriers de la fabrique de meubles, navetteurs) entassés dans des bus poussiéreux et déglingués, il émane donc de ces montagnards taciturnes aux longs regards scrutateurs, quelque chose de mystérieux et d’indéfinissable qui semble dire : “Oui, tout ne va pas comme il faudrait, mais cela n’a pas d’importance, car au-delà de ce que l’on voit il y a une autre réalité, une réalité où les choses sont bien différentes.”»

Un bémol quant à la mise en page : le texte est souvent inscrit sur un cadre plus clair de l’image, mais pas assez, ce qui rend la lecture un peu fastidieuse.

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L'architecture des vagues

Pour mieux cerner ce recueil force est de reprendre ici l'avertissement d'Ana Blandiana elle-même et daté du 28 décembre 1989 : « Ce livre a été terminé en 1987. Quelques-uns des poèmes qui le composent ont été publiés en revues, grâce au courage et à la solidarité des rédacteurs au cours du printemps et de l'été de l'année suivante, jusqu'au jour de mon interdiction de signature en août 1988. Il reflète un état d'esprit dans lequel l'exaspération et l'humiliation, la colère et le désespoir, la honte et la révolte se fondaient pour moi dans le pressentiment de l'imminence de la fin comme unique alternative à un improbable salut. La liberté a transformé ces pages, se présentant au départ comme de simples manifestes recopiés à la main ou lus entre les lignes, en documents de la mémoire collective et, purement et simplement, en poèmes ne rêvant d'autre pérennité qu'esthétique. Je les dédie à ceux qui, en mourant, ont rendu possible, à côté de bien d'autres choses, le retour de la poésie pour la poésie. »

Dans « Sytématisation » (p. 27) avec « l'effondrement » et «architecture» on entrevoit des références plus ou moins voilées au destin de la Roumanie sous le régime de Ceaușescu durant lequel une urbanisation parfois chaotique a laissé des stigmates profonds.

Les visions lyriques de ce recueil s'inscrivent sous le signe de l'intransigeance morale, car l'atmosphère des poèmes est résolument apocalyptique. L'être est anéanti, la conscience aliénée. Il n'y a plus d'espoir dans le présent, ni même dans l'avenir. Un sentiment d'abrutissement naît de la vision de plusieurs paradigmes d'un monde agonisant. L'Histoire décline et délire même avec ces statues qui ne sont que des mensonges. L'exhortation à la libération n'est pourtant pas absente, comme en témoigne les deux derniers vers du poème « Obsession » (p. 78) : « O seigneur de l'Histoire, libère/Son futur au-delà des limites ! ». La ténacité non plus n'a pas complètement disparu, car avec le dernier poème (« Ballade », p.79) le moi de la poétesse s'exprime en une triste référence au mythe de Maître Manole le bâtisseur : « J'édifie un monastère éternellement liquide/Voué à s'effondrer sur le rivage ».
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Les Saisons

Ana Blandiana est en Roumanie une auteure devenue classique de son vivant. Le chat "Arpagic" est une de ses créatures les plus connues, c'est aussi un personnage d'opposition politique courageuse. Plusieurs de ses recueils de poèmes ont été traduit en français, mais sont difficiles à trouver, et elle reste dans l'ensemble peu connue en France.

Ce livre, qui regroupe plusieurs de ses nouvelles, et publié chez un petit éditeur spécialisé en littérature fantastique, est miraculeux et j'espère pouvoir en faire bientôt une critique plus approfondie.

Félicitations à la traductrice pour son travail et pour avoir sorti ces textes de l'ombre.
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Variations sur un thème donné

Après la disparition de son compagnon, Ana Blandiana reconstruit sa poésie au rythme du deuil. Elle constate que le temps et la solitude ne revêtent plus les mêmes significations qu'auparavant. Beaucoup de choses ont changé, mais pas l'intensité de son amour, qu'elle veut chanter encore. Dans ce but, la poétesse s'appuie sur une grande variété de formes, du sonnet au poème en prose. Face à l'inconnu de la mort, Blandiana envisage une subsistance de l'être, entre ombre et lumière, entre spiritualité et jeux d'enfants. le don de soi se renouvelle au fil de ces variations. La figure de l'autre se redessine alors dans un monde que l'on réapprend à regarder.

« Et je rêve de l'ombre qui me tient debout

À jamais mon présent salvateur

Que je t'offre parmi ces remous. »
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Variations sur un thème donné

Les morts sont les invisibles , mais ils ne sont pas les absents , disait Victor Hugo . C'est en partant de ce postulat qu'Anna Blandiana continue à s'exprimer avec son mari , décédé deux plus tôt , à travers cette poésie en vers libres ou sous forme de sonnets .

Car sa disparition physique ne signifie pas la fin des sentiments qui les unissent , l'autrice réinvente son amour pour son compagnon en s'adressant à lui comme s'il était encore présent : son décès ne fait que déclencher un nouveau départ .

C'est une forme de dialogue avec celui qui n'est plus là , transcendé par un amour éternel , la solitude n'est pas aussi prégnante qu'elle paraît :

"Les feuilles tombent ...

Y a-t-il des saisons chez vous aussi ?

Elles sont plus belles à terre

Que sur l'arbre .

Elles se font lumière

Lorsqu'en elles la mort prend feu

Comme une cathédrale

Qu'éclaire la flamme des cierges ."

Dans l'esprit de la poétesse , le temps n'a plus la même substance , il ne possède plus le même sens qu'avant la disparition de son mari . Cependant , l'intensité de ses sentiments ne faiblit pas , elle est sublimée par la spiritualité (sans aucun lien avec la religion) .

"Je me rappelle t'avoir demandé un jour

Si nous avions deux anges gardiens

Parce que , comme nous étions toujours ensemble

C'aurait été du gaspillage .

Un seul suffisait .

Il ne m'était pas venu à l'esprit

Que nous pourrions un jour être séparés "

Il ne faut pas perdre de vue que , pendant plusieurs mois avant la révolution qui eut lieu en 1989 contre la dictature de Ceaucescu , la maison de leur couple était surveillée en permanence par les services de sécurité . Ce qui eut pour conséquence que personne ne leur rendait visite , et que leur couple s'est renforcé davantage , est devenu encore plus solidaire (s'il en était besoin ) .

Le lecteur que je suis a vraiment été touché et ému par ces poèmes et cette histoire d'amour qui perdure au-delà de la mort . J'ai lu avec intérêt la version roumaine des poèmes (même si je ne possède que des rudiments de la langue) , ce qui permet d'apprécier la traduction rigoureuse de Jean Poncet .

Merci à Jacques André éditeur , à Anna Blandiana et à Babelio pour ce livre de poésie , une magnifique découverte .
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Variations sur un thème donné

Merci à la masse critique de Babelio et à Jacques André éditeur pour l'envoi de ce livre.

Je lis habituellement peu de recueils de poésie. J'aime lire des poèmes, mais un de temps en temps, guère plus. Mais avec ce livre-ci, je me suis régalée. Les poèmes sont courts, en prose, et en quelques mots, on ressent immédiatement les sentiments de l'auteur. Elle trouve les mots justes, parfois dans un registre très concret, parfois dans un registre plus lyrique ou mystique, mais à chaque fois pile dans l'émotion. Je ne connais pas le grand malheur d'avoir perdu mon mari comme l'auteur mais pourtant ses mots résonnent en moi, je me suis dit "voilà des phrases que je pourrais dire je crois". D'ailleurs, j'ai lu et relu plusieurs fois ses poèmes, et les ai mêmes lus à voix hautes à mon époux. Car ce sont de doux mots, des mots tendres, parfois douloureux, mais que l'on a envie de partager.

J'ai également beaucoup aimé que les poèmes soient partagés au lecteur en langue originale et traduits en français. Je ne parle pas un mot de roumain, mais j'aimais lire les poèmes en version originales, tentant de retrouver la musicalité et le sens des mots.

C'est un très joli recueil que je conseille donc (et que je prendrai moi-même plaisir à relire)

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Autrefois les arbres avaient des yeux : Ant..

Ana Blandiana est une grande dame de la littérature.
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