Citations de Annaka Harris (13)
Tout comme il existe différentes branches de la physique, théorique et expérimentale, nous pourrions avoir besoin de créer un nouveau terme pour désigner ce champ de recherches consacrées à la conscience, afin de le distinguer des travaux des neuroscientifiques qui étudient les corrélats neuraux de la conscience.
Nous devrions être aussi surpris par la réalité de notre propre conscience que nous le serions en découvrant que le dernier smartphone est conscient.
… Galen Strawson va dans le même sens en renversant le mystère de la conscience. Il défend l'idée que la conscience est en réalité la seule chose qui ne soit pas un mystère de l'Univers, puisque c'est la seule chose à laquelle notre entendement a un accès direct. C'est en revanche la matière qui, selon Strawson, est totalement mystérieuse, parce que nous ne comprenons absolument pas sa nature profonde. C'est ce qu'il appelle malicieusement le « problème difficile de la matière ».
Quelle que soit la somme des connaissances que nous accumulons sur le fonctionnement du cerveau, la question qui se pose restera probablement sans réponse : jusqu'à quel point la conscience imprègne-t-elle l'Univers ?
Par ailleurs, lorsque les scientifiques croient avoir contourné le problème difficile en décrivant la conscience comme une propriété émergente, c'est-à-dire un phénomène complexe non prédit par les parties constitutives de la chose considérée, ils changent le sujet. Tous les phénomènes émergents, qu'il s'agisse de colonies de fourmis, de flocons de neige ou de vagues, demeurent des descriptions de la matière et de son comportement tel qu'observé depuis l'extérieur.
Si la conscience n'était pas présente dans la matière, cela conduirait à une théorie de l'émergence forte qui serait fondamentalement antiscientifique. Cette émergence est « radicalement opposée à l'esprit de la science, qui a toujours tenté d'expliquer la complexité dans des termes simples… ».
L'expérience psychédélique de la « non-dualité » suggère que la conscience survit à la disparition du moi et que ce dernier n'est finalement pas aussi indispensable que nous (et lui) l'estimons.
… il est difficile de voir comment notre comportement, nos préférences et même nos choix pourraient être réellement sous le contrôle de notre volonté consciente. Il semble bien plus exact de dire que la conscience suit le mouvement : elle est spectatrice de l'action au lieu d'en être l'instigatrice ou la directrice. En théorie, nous pouvons aller jusqu'à dire que peu (voire aucun) de nos comportements dépendent de la conscience pour se manifester.
Dès lors, quel rôle joue la conscience si elle ne crée pas la volonté de bouger, mais se contente de regarder le mouvement se faire tout en ayant l'illusion d'être impliquée ? Nous constatons que le sentiment de libre arbitre, tel que nous l'éprouvons habituellement, n'est pas aussi immédiat qu'il y paraît.
Le problème réside dans le fait que les états conscients et non conscients semblent compatibles avec n'importe quel comportement, même ceux associés à des émotions, si bien qu'un comportement n'est pas nécessairement le signe de l'existence d'une conscience.
Si nous concevons une intelligence artificielle qui, un jour, commence à dire des choses comme « Arrête ! Ça fait mal », devrions-nous y voir une preuve de conscience, ou simplement le résultat d'une programmation complexe sans la moindre étincelle de vie à l'intérieur ?
Le moment où la matière devient consciente semble au moins aussi mystérieux que celui où la matière et l'énergie sont apparues. Le mystère de la conscience rivalise avec une des plus grandes énigmes à avoir jamais occupé la pensée humaine : comment quelque chose peut-il jaillir du néant ? De même, comment l'expérience ressentie surgit-elle de la matière non sensible ?
[Un] organisme a des états mentaux conscients si cela lui fait un certain effet d'être cet organisme.