L'extrême pauvreté, le nombre des victimes des guerres, la mortalité infantile, la criminalité, la faim, le travail des enfants, les décès dus aux catastrophes naturelles et le nombre de crashs aériens ont tous chuté au cours des dernières décennies. Nous n'avons jamais été aussi riches, en sécurité et en bonne santé.
Pourquoi nous l'ignorons ? C'est bien simple : parce que les infos ne parlent que des exceptions. Attentats, violences, catastrophes : plus un événement est exceptionnel, plus il a de chances de faire la une.
Si nous "croyons" que la plupart ses gens sont mauvais, c'est ainsi que nous allons nous traiter mutuellement. Du coup, nous allons flatter chez chacun et chacune, les plus vils instincts.
Nos lointains ancêtres ont rarement mis l'individu sur un piédestal. Les chasseurs et cueilleurs du monde entier, des toundras glacées aux déserts brûlants, croyaient que tout était lié. Ils concevaient l'être humain comme faisant partie d'un tout beaucoup plus vaste, comme étant relié à tous les animaux, à toutes les plantes ainsi qu'à la Terre-Mère.
Car il n'y a rien de plus puissant que des gens qui font ce qu'ils font "parce qu'ils ont envie de le faire".
Au cours des dernières décennies, les centres-villes ont été défigurés les uns après les autres par d'énormes panneaux publicitaires. Si quelqu'un recouvre votre maison de graffitis, on appelle cela du vandalisme. Mais lorsqu'il s'agit de publicité, on peut sans problème en barbouiller l'espace public. les économistes parlent alors de "croissance".
En temps normal, l'être humain fonctionne constamment en miroir. Si quelqu'un rit, nous rions aussi. Si quelqu'un bâille, nous bâillons aussi. Mais les puissants réagissent bien moins souvent en miroir. C'est comme s'ils n'étaient plus reliés aux autres. Comme si on avait débranché le cordon.
Lorsqu’un chercheur dépeignait l’être humain comme un primate sanguinaire, ses recherches étaient souvent reprises par les journalistes. Mais lorsque l’un ou l’autre de ses collègues livrait un tableau moins sombre, presque personne ne l’écoutait. (pages 104-105)
Premièrement : à quel point notre vision de l’humanité est déformée, et comment des journalistes en mal de sensations en jouent. Et deuxièmement : à quel point nous pouvons compter les uns sur les autres en cas d’urgence. (page 215)
L'idée selon laquelle les gens seraient naturellement égoïstes, agressifs et portés à la panique est un mythe tenace. Le biologiste Frans de Waal appelle cela la "théorie du vernis". La civilisation ne serait qu'une mince couche qui se craquellerait à la moindre anicroche. En réalité, c'est l'inverse : c'est précisément lorsque les bombes tombent du ciel ou lorsque les digues rompent que le meilleur en nous affleure à la surface.
Trop de militants écologistes sous-estiment la résilience de l’être humain. Et je crains que leur cynisme ne fonctionne comme une prophétie autoréalisatrice, un nocebo qui nous décourage, et qui ne fasse qu’accélérer le réchauffement de la planète. Le mouvement pour le climat a lui aussi besoin d’un nouveau réalisme. (page 156)