Anne Augereau

Un ouvrage instructif, qui ne fait pas dans le sensationnalisme. Le sujet en vaut la peine et pour comprendre l'origine de la division sexuelle des tâches dans les sociétés humaines. Un sujet pas anodin du tout, car il explore les moyens d'aborder cette question, centrale chez notre espèce, à partir des données de l'anthropologie sociale et celles de l'archéologie. Sans oublier le regard porté sur les singes, qui a beaucoup évolué ces dernières années.

Finalement, la question à se poser concerne bien, comme le souligne Anne Augereau, préhistorienne à l'Inrap, l'origine même de cette innovation au sein des hominines. Si le Néolithique marque bien l'installation dans l'organisation humaine d'une répartition sexuée des tâches, celle-ci est probablement plus ancienne. Mais elle n'est pas un système d'organisation propre à notre lignée. Cette répartition s'accompagne d'une sélection d'activités réservées aux hommes et c'est un autre pan de la réflexion, qui ouvre de nombreuses perspectives d'études archéologiques, à venir.

Un ouvrage qui m'a passionnée (MERCI Babelio de me l'avoir envoyé!!!) car il entrait en résonnance avec une de mes interrogations actuelles : les origines du dimorphisme sexuel en ce qui concerne la taille...

Anne AUGEREAU n'y a pas apporté de réponse, mais proposé des pistes, notamment au travers d'une bibliographie fouillée.

L'auteure, dans un premier chapitre, fait un état des lieux des recherches sur le genre en archéologie, et constate que la France n'est pas en pointe dans le domaine.

Dans le chapitre central, assez technique, elle revisite le Rubané, société agricole néolithique largement présente en Europe, en reprenant les données disponibles et en les étudiant selon le prisme du genre ; le matériel funéraire est largement mis à contribution. Les analyses osseuses permettent également de montrer que les femmes "bougent" davantage et que cette société est patrilocale.

Dans sa conclusion, l'auteure, au travers des éléments recueillis, peut affirmer que les identités de genre sont acquises dès l'enfance, et que l'identité masculine est généralement plus fortement marquée. Sur l'organisation sociale, les éléments manquent encore pour confirmer la subordination des femmes et affirmer que notre société inégalitaire plonge ses racines très loin dans le passé.

Une grande question en effet..

Quand sommes nous arrivés à des sociétés majoritairement patriarcales dans le monde?

Ce bouquin est une véritable étude des sépultures au néolithique proposant ainsi un début de questionnement sur les différences hommes femmes.

De nombreux questionnement sont soulevés et méritent que l'on se penche dessus.

Pourquoi cette différenciation homme-femme dans l'utilisation des outils ou bien dans l'alimentation?

J'avoue que l'autrice m'a intriguée et me pousse à faire d'avantage de recherche.

Attention cependant c'est un véritable ouvrage scientifique donc il ne faut pas s'attendre à des conclusions tranchées voir à des conclusions tout court.

Le but étant de nous amener à nous questionner je pense.

Pour ma part ce fût très efficace.

Ce livre a tout du projet de thèse.

Nous avons un premier grand chapitre qui nous explique le genre et l'archéologie du genre. J'ai trouvé particulièrement intéressant d'apprendre que le genre est différent du sexe, qu'il est lié à la société. Il semblerait également que cette étude sous la perspective du genre soit moins pratiquée en France que dans les pays nordiques notamment. On peut facilement grincer des dents à cette lecture quand on saisit les implications sur la place de la femme et depuis combien de temps la société patriarcale lui accorde un rôle moindre, notamment pour avoir le contrôle sur l'enfantement.



Le second chapitre aborde l'étude de genre expérimentée pour connaitre la manière dont se sont organisés les rapports entre les deux sexes lors d'un changement d'économie. Passage d'une population migrante à une population ayant introduit l'agriculture et l'élevage. C'est l'une des premières cultures néolithiques européennes, le Rubané.

L'étude passe par l'habitat, le mobilier, les échanges. Également les traditions funéraires, toujours un point très important. Le livre comporte également les photos, les schémas, les plans, les tableaux qui permettent d'illustrer les recherches.



Le dernier chapitre est donc la conclusion sur cette étude de base de la société néolithique où finalement il a beaucoup été question des hommes. La conclusion n'est guère réjouissante quant à la place de la femme, plus effacée, considérée comme plus immature. L'autrice conclue quand même avec prudence parce que les études de la condition des femmes à la fin de la préhistoire et au début du néolithique ne fait que commencer.



Je ne peux pas dire que cette lecture m'a mise en joie. Alors certes, elle est particulièrement intéressante car très fouillée. Mais en tant que femme, c'est un peu un coup de bambou sur notre place dans la société. Le féminisme et son égalitarisme ont encore beaucoup de travail de déconstruction du genre à faire.
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Un ouvrage proposant plusieurs contributions sur la question de la préhistoire de la notion de genre. Plusieurs approches croisées interrogent la préhistoire pour essayer de comprendre quelle place avait le genre, comment est né le patriarcat , est-ce que la matriarcat a existé ... L'ouvrage est aussi très constructif sur la méthode scientifique et montre que des corrélations ne sont pas des causalités et que certaines caractéristiques des traces préhistoriques peuvent être interprétées de différentes façons.

J'ai retenu les informations suivantes : les sociétés humaines non genrées n'ont jamais existé (Cela ne signifie pas que cela ne peut pas ou ne doit pas advenir un jour). Il y a toujours eu des rôles plus spécifiquement masculins ou féminins. Effacer toute forme de discrimination de genre est une ambition nouvelle de notre civilisation occidentale. La division sexuée des tâches est antédiluvienne cependant elle peut tout à fait être remise en question. C'est une voie de progrès de l'humanité.

Aux origines du genre établit un bilan provisoire de ces débats, et propose un discours de la méthode pour sciences sociales en terrain idéologiquement sensible. Se refusant à des attitudes symétriquement fausses, l’ouvrage regroupe six études de cas.
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Même si l’auteure reste très prudente et ouvre de nombreuses pistes de recherches complémentaires à mener, il semble que le patriarcat était dominant dans les premières sociétés agricoles néolithiques et précédentes.

Son analyse est rigoureuse et austère, décrivant au plus prêt les éléments archéologiques connus sans se lancer dans des interprétations foireuses.

Du coup si on n’est pas un spécialiste on peut se contenter de lire la conclusion des chapitres et du livre.

Et vu l’antériorité du phénomène, on comprend que le combat pour l’égalité soit long et difficile.