Ce récit et témoignage est une étude sociologique sur la condition de la femme et plus particulièrement au Népal, où l'auteure a réalisé plusieurs treks avec son mari journaliste et écrivain, tous deux originaires des Alpes, passionnés de sommets enneigés et de grimpe.
J'ai reçu ce livre dans le cadre de Masse critique et je remercie Babélio de m'avoir procuré cet ouvrage. le thème de cette masse critique est « penser demain » et je vais le garder à l'esprit en écrivant ma critique.
Aider la femme à sortir de son éducation. Mais en la laissant faire émerger sa propre solution. Ces femmes népalaises ont su trouver, seules, le chemin qui les a conduites à leur propre émancipation, et la première fut Pasang Lahmu dont l'exploit est étudié en classe. Avec des soutiens divers, bien sûr elles ont su s'entourer de soutiens précieux, elles se sont fait confiance et elles ont écouté la voix intérieure qui les a propulsées hors de la famille castratrice, et, par leurs ascensions spectaculaires, ont su attirer le regard de différents milieux, politiques, montagnards, industriels, culturels et porter leur désir le plus profond : se réaliser et à travers l'effort et la lutte, permettre à d'autres petites filles d'émerger de leur condition de femme soumise, dans ce pays, comme tant d'autres, où la religion humilie et asservie la femme.
A travers le récit d'Anne Benoit-Janin on a le sentiment de revenir, en France, à ces pionnières du début du 19è siècle qui ont bousculé les traditions machistes qui emprisonnaient les femmes dans leur corps, leur esprit, leur pensée, réduisant leur liberté dans tous les domaines. Telles les premières femmes médecins et chirurgiennes comme Suzanne Noël, (https://marguerite-deprez-audebert.fr/zoom-sur/la-circo/260-suzanne-noel-de-la-chirurgie-reparatrice-des-gueules-cassees-au-club-soroptimist) dont, une bande dessinée lui est consacré en 2020 : @à mains nues, de Leila Slimani et Clément Oubrerie) , ou les artistes peintres, de théâtre, écrivaines, politiques, qui sont peu à peu mises en lumière dans notre pays où les femmes tentent de s'arracher à leur statut.
Cet écrit est une mine d'information sur la vie quotidienne des népalais contraints à l'exil en Inde ou les pays du golfe persique où en croyant échapper à la misère de leur pays retombent dans une détresse plus grande, des femmes maltraitées et conduites vers l'esclavage du sexe pour gagner de quoi vivre au quotidien.
Dans le milieu montagnard, qui a permis à des sherpas de nourrir leur famille pendant des décennies, tout en restant dans l'ombre des grandes ascensions dans leur propre pays, il semble qu'un terreau formateur d'évolution des pensées soit en marche. Depuis la première femme à l'Everest, la Japonaise Junko Tabeï , en 1975, la française à l'Everest (et la 10 e femme au sommet) est le docteur Christine Janin, qui a depuis fondé l'association à « Chacun son Everest » pour aider les enfants malades à vaincre la maladie par la pratique de la montagne, et plus tard en 2015, après le séisme qui a ravagé le Népal, pour récolter des dons et venir en aide aux sinistrés, Christine crée l'association « Bikram Solidarité Népal », pour aider à la scolarisation de jeunes filles par le biais de parrainages.
Penser demain, ne serait-ce pas unir ses forces (toutes les forces) face à l'adversité par un soutien et une solidarité inconditionnels ?
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Les livres de montagne traitent rarement des guides népalais et autres porteurs, aides indispensables aux expéditions sur les plus hauts sommets de la terre. Et encore moins des femmes qui assurent ces rôles. Dans une époque où l’on se pose de plus en plus de questions sur le rôle des femmes dans une société et l’équité homme / femme, ce livre nous plonge dans les coulisses des expéditions au Népal, un pays très traditionnaliste voire archaïque pour nous occidentaux.
Anne Benoit-Janin s’est intéressé au destin de 11 femmes alpinistes népalaises, pour trouver des points communs et ce qui relie ces personnes. L’élément déclencheur pour presque toutes a été l’ascension de Pasang Lhamu Sherpa, la première népalaise sur l’Everest, tragiquement décédée à la descente juste après avoir atteint le sommet. Elle était mère de 3 enfants, et avait déjà fait plusieurs tentatives sur la montagne. Son succès a changé la vision que les népalais avaient de leurs épouses, mères, sœurs, leur montrant qu’elles aussi pouvaient faire de grandes choses sur ces géants de la terre.
Les 10 portraits suivants de ces femmes décrivent leurs motivations, leurs parcours, leurs doutes, et leurs réussites. On trouve quasiment à chaque fois l’envie de faire autre chose de sa vie que l’itinéraire classique mariage => responsabilité de la belle-famille, et charge de toutes les taches ménagères / éducation des enfants, tel qu’il semblait être la norme jusqu’à pas si longtemps en fait… La plupart ont refusé le mariage arrangé prévu par leurs parents, ont dû s’extraire de leurs conditions voire partir dans une autre région, dans ce pays ou la pression des castes et la diversité des tribus est grande.
On découvre ainsi comment Doma Sherpa Pinasa est devenue journaliste, Dawa Yangzum Sherpa première femme guide népalaise, et comment toutes à leur manière aident les femmes à sortir de leur condition, en bousculant les préjugés, et faisant évoluer la façon dont les familles fonctionnent. Mais tout n’est pas forcément rose ou facile, et ces femmes font quand même figure d’exception.
Ce livre se lit bien, on fait connaissance avec chacune comme l’autrice a dû le faire pour son travail d’interview dans son objectif de réaliser un documentaire sur ces femmes. On visite plusieurs lieux emblématiques de Katmandou à côté desquels ont lieu les entretiens. J’avoue avoir appris beaucoup de choses, sur des questions que je ne m’étais jamais posées. En cela l’objectif est rempli.
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Quelle belle idée que cet essai qui met en avant ces femmes népalaises ayant bravé le poids des coutumes pour monter les plus hauts sommets du monde. Anne Benoit-Janin fait en effet ici un tour assez complet des grandes alpinistes népalaises qu'elle a eu l'opportunité de rencontrer et d'interviewer dans le cadre de son film, les Belles Envolées. Malheureusement, si ces histoires sont intéressantes, réellement inspirantes, ouvrant tout un pan sur la culture népalaise, le livre devient, à force... un peu répétitif. Car il s'agit essentiellement de retranscription d'interviews et conversations qui sont toutes agencées selon le même schéma, les mêmes questions que la sociologue a posées aux alpinistes, un chapitre par personne. En vue du CV d'Anne Benoit-Janin, j'espérais un plus grand appareil critique, une analyse plus poussée, et l'essai m'a donc clairement laissée sur ma faim. On se dit finalement qu'il est sans doute préférable de voir le documentaire plutôt que de lire cet essai, le montage et les sous-textes des images offrant sans doute plus de cohérence et de réflexions.
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