AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Anne Reverseau (7)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Sur les rails

Train et littérature ont toujours fait bon ménage. Voilà en parenthèse de lecture une très plaisante anthologie du rail. Un rendez-vous donné aux amateurs de trains et de rencontres insolites entre auteur(e)s. Anna de Noailles et Dekobra, quelques Pauls (Morand, Dermée, de Kock, Verlaine et Valéry), l'incontournable Cendrars, Miriam van Hee, Walt Whitman surprenant, de Jonckheere, Roubaud, Desnos, Queneau etc. Choix de textes poétiques ou extraits en prose cent pour cent ferroviaires, de 1837 au TGV d'aujourd'hui, en des registres très divers, du plus optimiste au plus sombre, qu'Anne Reverseau a rassemblés en sept thématiques et brefs chapitres illustrés (estampes, photographies, dessins ou croquis). A son avènement le rail eut ses adeptes enthousiastes dont Gautier manifestement ne faisait pas partie (Zigszags, 1845). Alfred de Vigny pressentait : "La distance et le temps sont vaincus. La science/Trace autour de la terre un chemin triste et droit./Le monde est rétréci par notre expérience/Et l'équateur n'est plus qu'un anneau trop étroit./Plus de hasard chacun glissera sur sa ligne,/Immobile au seul rang que le départ lui assigne,/Plongé dans un calcul silencieux et froid." (La Maison du Berger, 1844). Dix ans après Walt Whitman rendra son plus bel hommage "A une locomotive en hiver" (Feuille d'herbe, 1855). Strindberg détestait dans un compartiment la promiscuité de tant d'inconnus et pour Pierre Loti le train était "quelque chose de laid, de noirâtre, de tapageur et d'idiotement empressé"(p. 24).



Le rail est ici à plusieurs vitesses : grande (Marinetti, Manifeste futuriste, 1909 ; Trains express, Emile Verhaeren, 1923) ou petite, souvent porteuse d'éloge et de promesse (Tortillards, Maurice Fombeure, 1942). On le sait bien le rail aime évidemment la nuit : les trains y filent ou y restent bloqués ; là une avalanche en pleine montagne entre France et Espagne (Pierre Louÿs, La Femme et le pantin, 1898) ; là une nuit de luxe dans le Nord-Express avec Valéry Larbaud. Mais le Noir est synonyme de tragédie pour d'autres (Henri Bataille, 1916) et de désastres. Un poème d'Amédée Pommier (1844) et une estampe gravée (reproduite), évoquent la première catastrophe meurtrière de l'histoire du chemin de fer, à Meudon sur la ligne Versailles rive gauche/Paris, le 8 mai 1842. La félicité est totale en revanche pour Charles Cros qui s'exclame : "Peut-être le bonheur n'est-il que dans les gares !" (1873). Dans Alcools Apollinaire en appelle aux souvenirs : "Te souviens-tu de l'orphelinat des gares/ [...]Te souviens-tu des banlieues et du troupeau plaintif des paysages ?" Quelques morceaux cocasses, de fantasmagories, ou d'autres caustiques sur les trains internationaux (Richard Minne, 1927). Le défilement du paysage le nez contre la vitre est une autre source d'inspiration : Italo Svevo, 1928 ou François Bon dans le Paris - Nancy, en 2003.



Quelques retrouvailles de lecture font sourire : l'influence des sifflements du Paris/Sceaux sur un fantasme de des Esseintes (A Rebours) ; ou bien le jeune narrateur courant d'une fenêtre à l'autre de son compartiment à la Recherche de "sa bande de ciel rose" (Proust, A l'ombre des Jeunes filles en fleurs). Dans le frisson des départs et le désordre des arrivées que de pas perdus et de minutes comptées, de mouchoirs agités et de trains manqués ! Mais traverse ce parcours l'esprit d'un rail parfois nettement méditatif : il semble à Paul Valéry quittant la Hollande "que le Temps commence ; le Temps se met en train, le train se fait modèle du temps [...]" (Variété II, 1930) ; de même Philippe de Jonckheere évoque t-il dans un superbe texte "l'accident de personne" brutal qui maintient son train en arrêt sur la voie ("A quoi tu penses", 2008, p. 43). Inconditionnelle des trains et des anthologies j'aimais sans doute ce livre avant de l'avoir lu. Par son sujet "Sur les rails" pouvait prendre la forme d'un "beau livre". L'invitation au voyage est ici d'un rang plus modeste bien que somptueusement empanachée. Format ramassé, "ligne" généraliste et un je ne sais quoi de sans façons, très attractif, dans l'imagerie des premiers temps héroïques. S'il ne reste plus au regard d'aujourd'hui que la courbe sexy et dépouillée des TGV fendant les paysages ce recueil prouverait que la littérature continuera probablempent longtemps à s'aggriper à leurs flancs. Merci aux Impressions Nouvelles et à babelio pour cet envoi express.





Commenter  J’apprécie          230
Paris petite anthologie du désamour

Merci beaucoup à la masse critique de Babelio de m'avoir envoyé ce livre.



Cependant je n'ai pas du tout aimé ce livre, je pensais qu'il s'agirait d'un portrait drôle et ironique de Paris où je me serais amusée à retrouver les défauts et clichés sur les parisiens. Mais c'est en fait un recueil de texte qui montre que Paris est sale, méchante et petite ! Donc bien que certains textes soient très beaux l'ensemble m'a peu intéressée.
Commenter  J’apprécie          170
Sur les rails

Je souhaite tout d'abord remercier Babelio et les éditions "les impressions nouvelles" pour l'envoi de ce joli petit ouvrage dans le cadre de la dernière opération Masse critique.



"Sur les rails", donc... tout un programme ! La promesse de voyages, de rencontres, de paysages... ce recueil regroupe de nombreux extraits d'oeuvres (romans, poèmes,...) ayant pour sujet commun le train, et classés en sept thématiques (sept arrêts, comme cela est élégamment dit), comme par exemple "Trains de nuit" ou "Trains et fantasmagories". Ces textes sont plus ou moins récents, remontant pour certains aux prémices de l'ère ferroviaire quand d'autres datent de quelques années à peine. Ils sont signés d'Hugo, Zola, Proust, Verlaine, Apollinaire, parmi les plus connus. Chaque page est agrémentée de gravures, photos, dessins, en lien avec le monde des trains.



La lecture de ce livre est vraiment très agréable et dépaysante. Les textes sont variés, évocateurs (j'ai notamment apprécié les poèmes d'Emile Verhaeren)... et donnent finalement une furieuse envie de refaire un voyage en train. Pas en ayant ses yeux rivés sur son écran de téléphone ou d'ordinateur, non... mais en contemplant plutôt les paysages ruraux ou urbains traversés, en laissant son esprit lentement dériver, apaisé. Tout le plaisir d'un voyage en train quoi !
Commenter  J’apprécie          120
Petit musée d'histoire littéraire (1900-1950)

Les objets, les choses, les machines constituent l'armature d'une époque. La littérature y puise son décor et y cherche ou y invente du sens. Ce livre zigzague entre les objets qui firent le début du vingtième siècle, du corset ou la femme était enfermée au maillot de Musidora qui révèle ses formes (et qui ressemble étrangement à un burkini, puisque l'on voit qu'aujourd'hui aussi les objets font parler d'eux). On y voit l'impact de ses objets sur l'oeuvre des écrivains et sur la société qu'il décrivent et qu'ils changent. Petit à petit, les objets sont plus inquiétants, plus sombres, plus violents, jusqu'à la bombe atomique, qui condense toutes les horreurs de la guerre dans un seul objet. Faire l'histoire des objets et de leur présence dans l'imagination des hommes, c'est montrer ce qui a vraiment de l'importance au quotidien, loin des grandes idées mais présents en elles.
Commenter  J’apprécie          20
Paris petite anthologie du désamour

Une anthologie sur Paris et ce que la capitale recèle de pire : la crasse, la promiscuité, les Parisiens, le bruit...

On (re)découvre des textes écrits il y a plusieurs siècles qui n'ont pas pris une ride. Certaines choses ne changent pas...

Avec plaisir également, on lit Mozart ou Dostoïevski arrivant à Paris. Le regard étranger est intéressant.

On peut regretter tout de même deux ou trois choses.

La première, c'est une certaine lassitude qui s'installe au fil de la lecture, les chapitres thématiques se ressemblent un peu et on a un peu de mal à rester motivé jusqu'à la dernière page.

La 2e, c'est l'humour si absent qu'on en arrive à se demander pourquoi. C'est dommage car le potentiel "cadeau sympa" de ce livre, un peu triste, s'en trouve réduit à néant.

Et sans être féministe, on ne peut que remarquer sur une centaine de pages, on ne trouve que 5 auteurs femmes.

Merci à Masse critique pour cette découverte et le plaisir de relire des auteurs classiques.
Commenter  J’apprécie          20
Sur les rails

Ne souhaitant pas reprendre ce qui a déjà été fort bien exposé dans les critiques précédentes, j’aimerai vous livrer quelques réflexions suite à la lecture de cet ouvrage, moteur à nous faire aller plus loin, à nous transporter.

Le format même du recueil permet de l’emporter aisément. De part le titre seul, on aurait pu s’attendre à un beau livre avec de magnifiques illustrations sur papier glacé. A. Reverseau a délibérément opté pour une édition de poche, pratique, avec une jaquette couleur charbon. Belle entrée en matière…

Que dire de l’atmosphère qui se dégage des voyages en train à travers les époques.. Pour certains, l’atmosphère est studieuse, voire détendue. Marcel Proust (1919) accompagne ses voyages de journaux illustrés, de jeux de carte et d’œufs durs (à défaut de madeleines) et François Bon (2003) garde à portée de main journaux, magazines et écouteurs.

Les impressions des voyageurs semblent traduire le merveilleux. Le train offre le monde à profusion, villes et villages, travaux des champs défilent. Dans le train, on regarde. Plus on cherche à regarder, plus il y a à voir. Paul de Knock (1842) nous rassure que « voyager en chemin de fer ne fatigue pas, c’est un plaisir, un agrément. On se sent rouler avec une douceur inconcevable, ou plutôt, on ne se sent pas rouler ». Plus près de nous dans le temps, que dire du luxe, des ambiances feutrées des trains comme l‘Orient Express, les Pullmans aux Etats-Unis d’Amérique... Edward Hopper s’est fait l’écho de cette fascination du train dans quelques unes de ses œuvres. Hitchcock a, par contre, donné dans l’épouvante, en utilisant le huis clos du train (« 39 marches », entre autres). M. Portillo nous balade à travers l’Europe, dans ses documentaires télévisés, guide Bradshaw de 1839 à la main….

Tout à l’engouement suscité par les voyages en train, il faudrait citer l’ouvrage coloré et très informé des éditions Locus Solus de Chateaulin (Finistère) sur les affiches touristiques. Modes vestimentaires, fêtes traditionnelles et sites pittoresques ont été répertoriés et apportés à la connaissance du public, contribuant ainsi à l’essor de ce moyen de transport et au développement des contrées les plus reculées.

Le train et son formidable pouvoir économique, qui a aidé au développement de pays, de régions, terroirs et territoires et à la construction de gigantesques temples que sont les gares de Grand Central Station de New York, de Union Station de Chicago…… pour ne nommer que quelques unes. On a vite crû aux enjeux économiques du train et à leurs retombées..

Que dire de la nouvelle Route de la Soie, qui relie l’Asie à l’Europe par voie ferrée.



Un grand merci à l’auteur, qui a réveillé en nous cette passion pour le voyage en train, à l’époque de la vitesse….

Commenter  J’apprécie          10
Paris petite anthologie du désamour

Rien de tel qu'un livre de ce format pour le glisser dans son sac le matin et en grappiller des passages à la faveur de quelques stations de métro ou d'une file d'attente ! Merci aux Editions Parigramme et à Babelio de m'avoir permis de vibrer avec les poètes, écrivains et chanteurs (et j'en oublie) qui sont mis en valeur dans ce recueil astucieusement ordonné ! La couverture du livre est actuelle mais le contenu est intemporel ! Comme il est agréable de voir Paris critiquée, c'est un plaisir coupable enfin assouvi, un exutoire, et cela permet de ne l'en aimer que mieux une fois le livre refermé ! Tant de noms bien connus regroupés dans un même ouvrage, de Mozart à Beigbeder, c'est une véritable gourmandise... Ne pas en abuser toutefois, les mots râleurs s'apprécient mieux par petites bouchées, un ou deux poèmes ou extraits à la fois, c'est parfait !
Commenter  J’apprécie          10


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Anne Reverseau (9)Voir plus

Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3673 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur cet auteur

{* *}