Citations de Antoine George (27)
Dans le désert torride qui s’ouvrait devant lui, le spectre de la maladie n’était encore qu’une silhouette noire à l’horizon, déformée par la chaleur, mais s’annonçant implacablement et contraignant l’esprit à la suivre,
la chercher quand un mamelon de sable la cachait au regard, puis la redécouvrir avec un frisson de peur et de sécurité mêlées quand elle réapparaissait, toujours plus proche, mais encore lointaine.
Nous autres, soldats, sommes de grands naïfs. Nous aimons les idées simples qui aident à donner et recevoir la mort. Pour les politiques, nous ne sommes qu’un outil, une pièce sur l’échiquier, l’instrument de leur pouvoir.
Même le sachant, je ne peux regretter d’avoir vécu et pensé ainsi. Je me préfère droit que sinueux, simpliste qu’opportuniste, perdant que fourbe. J’assume tout. D’ailleurs, mon pays m’a déjà jugé … et condamné.
Qu’est – ce que la vie ? Un clignement de cils de l’éternité, un éclair fugitif à l’échelle de l’univers. A l’heure où le soleil disparaît en laissant sur le monde une dernière caresse
d’ombres étirées, je ne veux pas tomber dans le piège de magnifier ma vie. Elle a été. Ni plus ni moins que d’autres, j’ai vécu mon parcours, j’ai été emporté par les émotions, secoué dans les tourmentes,
bercé d’illusions. J’ai commis des erreurs que j’ai payées comptant. J’ai vécu mon destin d’homme.
J’aime les mots. J’aurais voulu les garder aussi longtemps que possible. Ils sont l’élégance de la pensée, le vase de fleurs dans la maison. Parfois je les perds et je reste plume en l’air à me demander … « … « Parfois aussi, j’ouvre le dictionnaire
et je me laisse dériver au milieu des mots comme un collectionneur visite son musée préféré. Chacun est une invitation au voyage.
… Il me faut des béquilles pour écrire. Hier, j’écrivais que les arquebusiers avançaient « drapeaux en tête, suivis de leur musique ». Puis, avec mon dictionnaire, j’ai changé « drapeaux » en oriflammes qui donnait un air moyenâgeux,
puis « étendards » qui fait plus guerrier, puis j’ai finalement écrit « gonfalons » qui donne un côté bon enfant méridional. C’était la même troupe, mais les mots lui donnaient des couleurs.
La nuit qui m’a tant exalté tombe et m’enveloppe. Le temps dira si mes tableaux peuvent se défendre seuls.
Je pars avec cet espoir au cœur.
Lorsqu'on a le feu en soi, on ne peut pas le garder sous l'éteignoir-on préfère brûler qu'étouffer.
J'ai été l'homme de l'échec magnifique, somptueux, lumineux échec dont rien ne peut vous extirper, l'échec absolu, irrémédiable.
Pour nous, le ciel est noir et les étoiles éteintes.
Je ne suis que pesanteurs. Depuis l'origine, rien ne m'est simple. Ma vie est un chemin de croix que je parcours au plus profond de la douleur. Mon combat est sans fin.
Je suis tombé par hasard sur ce magnifique voyage dans la vie parfois nébuleuse de Van Gogh. Pas besoin de connaître l'oeuvre de VVG pour plonger dans ce roman que j'ai trouvé à la fois très enrichissant et très émouvant. Et quelle écriture ! Bravo et merci Babelio pour cette très belle découverte.
S'il avait, une seule fois, fermé sa Bible et ouvert son cœur... (Van Gogh à propos de son père)
Les émotions qui me prennent devant la nature vont chez moi jusqu'à l'évanouissement et alors il en résulte une quinzaine de jours pendant lesquels je suis incapable de travailler.
Ma vraie force, c'est que je n'ai jamais réellement cessé d’espérer. J'ai traversé de terribles périodes de crises, mais toujours l'espérance a repris le dessus.
Une proposition initiale fausse est renforcée par un aphorisme final du plus bel effet, sans aucune justification. C'est tout Vincent.
Elle était restée pure, en dépit de sa corruption. Elle dans sa déchéance physique et moi dans ma détresse morale, nous avions besoin l'un de l'autre.
Il me semble toujours être un voyageur allant quelque part, vers une destination... qui n'existe pas.
Je suis un usurpateur, un tricheur qui ne mérite pas l'amour des miens. Théo m'a sauvé et je suis son bourreau. Judas.
J'ai vécu debout : pauvre, humilié, méprisé, moqué, mais debout.
J'ai vécu ma vie comme un combat et j'ai peint en guerrier, aurait-elle été meilleure si j'avais accepté de conclure une paix douteuse ?
Ainsi, j'ai sauvé ma vie en construisant mon malheur.