"Rome, cette mère des arts, qui suffit à tout ce que l'imagination et la curiosité humaines peuvent désirer de connaître » sait retenir ceux qui, de toutes les contrées du monde, se^ sentent attirés vers elle. En apprenant à la comprendre, on ne tarde pas à l'aimer. Tel est l'effet qu'elle produit, même sur les indifférents ; à plus forte raison sur les hommes qui ne peuvent pas rester insensibles aux émotions profondes qu'excitent ces trois grandes choses : l'Antiquité, la Religion, l'Art. Plus qu'aucun autre, Seroux d'Agincourt éprouva cette influence irrésistible de la ville éternelle. Il la vit, l'admira, l'aima bientôt, et s'y fixa pour toujours. C'est à Rome qu'il composa « l'Histoire de l'art par les monuments, œuvre de trente années de recherches et de travail, qui fit le charme de sa vie, et qui maintenant recommande son souvenir à la postérité.
Colbert mérite d'être compté parmi les plus illustres amateurs français, non-seulement parce qu'il aimait les arts 'et s'y connaissait, mais à cause de l'impulsion qu'il sut leur communiquer pendant sa longue administration. Doué d'un génie qui s'appliquait à tout avec succès, il ne s'occupa pas des arts comme un ministre ordinaire, qui se borne à donner ou à refuser son approbation aux projets qui lui sont présentés : mais il eut souvent le bonheur d'invoquer les idées premières, qu'il faisait ensuite mettre exécution. Les préoccupations delà politique, les embarras des finances, les difficultés du gouvernement, loin de le détourner des beaux-arts, l'y ramenaient comme au délassement le plus agréable, le plus instructif et le plus utile qu'un homme d'État puisse se donner.
On a raconté, sur le séjour de Rabelais à Rome et sur ses entrevues avec le pape, un grand nombre d’anecdotes composées d’après le caractère présumé et l’esprit satirique de l’auteur de Gargantua. Il est à peine nécessaire de faire remarquer que tous ces récits sont des contes inventés à plaisir. On ne doit pas oublier quelle était, au commencement du seizième siècle, la puissance du pape : or, Rabelais, soumis à la censure ecclésiastique en sa qualité de prêtre, venait en suppliant solliciter son pardon du souverain pontife.
Le comte de Caylus et Crozat, grands amateurs des belles choses et même un peu artistes, furent ceux vers lesquels Mariette se sentit attiré par une plus grande communauté d'opinions et de sentiments : il vécut avec eux dans la plus grande intimité, profitant de leurs connaissances aussi variées que solides, et leur apportant, de son côté, le contingent d'une instruction tout aussi étendue et d'un jugement non moins sûr.
Mais parmi ces écoles, il en est une que les grands seigneurs espagnols, à l'imitation de leur roi, prirent en une affection singulière, c'est celle des coloristes vénitiens, la plus attrayante de toutes. Ce qu'il y a de singulier, c'est que, parmi toutes les villes d'Italie, Venise fut la seule qui sut conserver son indépendance, et n'ouvrit ni ses canaux, ni ses lagunes aux conquérants.
Devenu roi, le fils de Charles-Quint n'oublia pas le peintre. Comme son père, il s'empressa de rechercher ses œuvres, en lui confirmant l'assurance de sa protection royale et la continuation de ses honneurs et de ses pensions.