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Critiques de Antoine Terrasse (6)
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Bonnard : ''La couleur agit''

Je ne sais pas exactement pourquoi la sauce n'a pas pris avec cet opus de la collection Découvertes Gallimard sur le peintre Bonnard. Sans doute me suis-je mal organisée : j'aurais dû lire cet ouvrage, puis aller voir l'exposition qui se déroule en ce moment au musée d'Orsay. Au lieu de ça, j'ai d'abord écouté une conférence en ligne des deux commissaires d'exposition, puis j'ai enchaîné sur l'expo. Ce n'est qu'ensuite que j'ai lu "Bonnard : la couleur agit". Mauvais timing, sans doute, puisque j'avais alors, de fait, déjà pas mal d'informations en tête et que j'avais aussi commencé à me livrer à mes propres réflexions sur le sujet.



Il y a quelques points chez Bonnard, qui pour ainsi dire sautent aux yeux lorsqu'on regarde ses tableaux : sa passion pour la nature et les jardins, son utilisation de la couleur et de la lumière, le jeu entre intérieur et extérieur (et cela, Antoine Terrasse le traite), mais aussi la déconstruction de la perspective - et pas seulement lors de sa période nabi - qui l'a amené à utiliser des aplats de couleurs qu'on pourrait dire "en étagements" : là, je trouve que le sujet est abordé un peu trop légèrement, étant donné qu'il est totalement inhérent à l'ensemble du travail de Bonnard. de même, le thème de la mélancolie qui revient sans cesse dans l'oeuvre, et qui n'est pas seulement le fait d'un artiste vieillissant, n'est guère exploitée . L'évolution de Bonnard, de la peinture nabi à des formes plus traditionnelles, n'est pas ou peu expliquée ; du reste, l'analyse de la période nabi se révèle vraiment très superficielle. Enfin, pas de regard un tant soit peu critique sur ce qu'on a appelé "le retour à l'ordre", et qui a concerné Bonnard mais aussi bien d'autres, dont Picasso. Bonnard était devenu, dans les années vingt, un peintre très à la mode, adulé des bourgeois : cela aurait peut-être valu qu'on y passe un peu de temps, comme dans l'ouvrage consacré à Vuillard dans la même collection. Je note d'ailleurs qu'il n'est pas précisé, dans la présentation qu'on nous fait d'Antoine Terrasse, l'auteur, que celui-ci était le petit-neveu du peintre (même s'il s'agit d'un historien de l'art reconnu). Or, c'est parfois un problème lorsqu'un membre de la famille se lance dans l'analyse de l'oeuvre d'un ancêtre : il se peut qu'il éprouve des difficultés à se détacher d'un sentiment d'admiration sans bornes pour le génie de la famille. Je l'ai observé dans les cas de Camille Claudel et Paul Delvaux.



A l'inverse de ce que j'ai pointé plus haut, Antoine Terrasse reste très discret sur la vie privée de Bonnard. Je sais bien que j'ai plutôt tendance à me plaindre, en général, du trop-plein de détails matériels et les faits secondaires m'importent en général assez peu. Mais, ici, nous sommes face à un homme qui a eu essentiellement deux femmes dans sa vie, qui a vu une de ses deux maîtresse se suicider par noyade lorsqu'il a choisi d'épouser l'autre, et dont l'épouse, donc, s'est révélée atteinte de maladie mentale : toutes choses qui ont eu beaucoup d'incidences sur sa vie ; entre autres exemples, Marthe ne supportait pas la société et vivait plus ou moins cloîtrée, et le groupe des Nabis la détestaient plus ou moins. Ce ne sont pas de vulgaires détails. On avait aussi prescrit à Marthe des bains réguliers. Or, lorsque l'on ces songe à ces bains médicaux liés à un état pour le moins dépressif de la patiente (Marthe), ainsi qu'au suicide par noyade de Renée (la maîtresse éconduite), il me semble que tous les tableaux de Bonnard représentant une femme prenant un bain (et dont la tête est cachée, donc non identifiable) peuvent susciter bien des réflexions. Il est curieux qu'Antoine Terrasse ne se soit pas penché sur le sujet.



Pour toutes ces raisons, il me semble que "Bonnard : la couleur agit" constitue certes un livre qui aide à entrer dans l'univers de Bonnard, mais qui se donne trop de limites (même pour un Découvertes Gallimard) et ne se révèle donc pas suffisant pour une approche élémentaire de son oeuvre et de sa vie.

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Bonnard : ''La couleur agit''

J’ai lu cet ouvrage que l’on m’a prêté lors du

« repos » forcé d’un séjour hospitalier. Un ouvrage passionnant, richement documenté comme tous les «  Découvertes Gallimard » et qui présente toutes les facettes d’un peintre moins célèbre que Picasso , Dali, Monet, Renoir ou Cezanne et Matisse mais mais tout aussi génial.

J’avais beaucoup apprécié l’exposition rétrospective qui avait eu lieu il y’a quelques années à Paris, notamment ces nus quasi irréels et les autoportraits.

L’ouvrage nous décrit l’évolution et la démarche de ce grand peintre, qui va, après avoir participé au groupe des Nabis, influencé à la fois par Gauguin et les peintres japonais, va suivre son propre chemin, dans lequel la couleur et la composition priment sur tout le reste.

Un texte très éclairant et pédagogique.

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Bonnard : ''La couleur agit''

Dans la même collection (dont je ne vante plus les mérites) que Vuillard : le temps détourné", voici "Bonnard : la couleur agit. Si je parle volontiers des deux peintres, c'est que ces deux là sont de grands amis et le resteront toujours. Bonnard est né en 1867, il est licencié en droit et commence tout juste sa carrière juridique lorsqu'il se laisse happer par la peinture qu'il pratique depuis sa prime jeunesse. C'est la vie d'artiste qui l'intéresse avant tout. Il rencontre Vuillard, Sérusier, Denis et bien d'autres à L'Académie Julian et formeront le noyau initial des Nabis. Pour mieux les connaître voir l'ouvrage éponyme du même Antoine Terrasse co-écrit avec Claire Frèches-Thoiry.



S'agissant de Vuillard, Guy Cogeval dresse le portrait contrasté d'un peintre inventeur à ses débuts d'une nouvelle formulation plastique qui aurait pu le mener à l'abstraction mais qui, évoluant ensuite vers une facture plus classique au tournant des années 1910-1920, devient le portraitiste surdoué, mais convenu, de son temps. Antoine Terrasse propose, au contraire, pour Bonnard, une compréhension de l'oeuvre inscrite dans la continuité d'une recherche picturale personnelle où composition et couleur restent primordiales. Ajoutons que la renommée de Bonnard, ce qui n'est pas le cas de son ami, dépasse largement la période Nabie.



L'auteur montre ici comment, dans toute la peinture de l'artiste, une évolution sensible est perceptible. de ses réalisations de jeunesse de la période Nabie d'influence nettement japonisante (La partie de croquet ; Les femmes au jardin ; le corsage à carreaux, les trois de 1892), jusqu'à la magie colorée des oeuvres de la maturité, d'une composition de plus en plus élaborée où tout se règle, in fine, par la couleur (Cabinet de toilette de 1933, L'avant midi commencé en 1940 et achevé en 1946 ou L'atelier au mimosa achevé en 1946). Une interprétation qui se vérifie bien sûr par le support de la reproduction dans cet ouvrage, petit mais précis.



Chez Bonnard, pas de hiérarchie sclérosante de sa vision des arts. Comme son ami Vuillard, il s'adonne à la gravure et à la peinture. Il s'intéresse en même temps aux arts décoratifs et pratique très tôt la photographie qui tient un rôle important pour lui.



Bonnard et Vuillard partagent le même goût pour le milieu du théâtre. Bonnard réalise les décors d'Ubu Roi de Jarry en 1896, au Théâtre de l'Oeuvre. Ils fréquentent ensemble le milieu de la Revue Blanche et Bonnard pratique également la lithographie. Comme illustrateur de livres, il donne 109 lithographies à Ambroise Vollard pour orner l'album Parallèlement de Verlaine (paru en septembre 1900) ainsi que Daphnis et Chloé, qui restent parmi les plus beaux livres d'artistes jamais réalisés.



Décorateur, il le sera aussi pour Misia, célèbre égérie du groupe Nabi : quatre immenses panneaux pour son appartement du quai Voltaire. Sa peinture se fait l'écho de ses voyages et déplacements successifs, des endroits où il vit et séjourne : Paris bien sûr, mais aussi le Dauphiné, berceau familial, la Normandie, Arcachon, La baule et à compter de 1909, le midi où il achètera la maison du Cannet. Il représente des scènes intimistes Petite fille au chat de 1899, L'effet de glace de 1909 ou des natures mortes avec un souci très neuf du cadrage.



A partir de 1910 une exigence nouvelle de composition s'invite dans ses toiles (La salle à manger à la campagne de 1913) l'esprit en reste cependant impressionniste. A contre-courant des tendances contemporaines (fauvisme, cubisme, surréalisme) et tandis que s'affirme le débat Picasso/Braque, il continue d'explorer sa propre voie, celle d'une utilisation de la couleur comme élément déterminant de la composition. Sa femme Marthe est une source d'inspiration infinie pour des études de nus innombrables à partir de leur rencontre en 1893 : Nu accroupi au tub, plusieurs Nu à la baignoire, Nu devant la glace, Nu s'habillant etc. qui ne sont pas sans rappeler Degas dont il était admirateur.



Bonnard et Matisse qui se connaissaient exposeront ensemble à la Galerie Bernheim-Jeune et entretiendront une correspondance régulière dans un "dialogue serein", poursuivi jusqu'à la mort de Bonnard en 1947.



Une synthèse claire et plaisante à lire pour découvrir les diverses facettes de l'oeuvre de Bonnard. A lire en duo avec le petit Vuillard de la même collection.

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Les Nabis

Ce n'est pas une actualité Nabie qui me pousse à parler de ce livre. C'est peut-être la lecture du Portrait de Dorian Gray que je viens de faire. Les dernières années du XIXe siècle, moment où parut le roman, sont marquées par une grande effervescence artistique. Les interrogations sur l'art ou la beauté, qui parcourent le roman De Wilde, sont contemporaines de celles que soulève en France, dans le domaine des arts plastiques, la génération des Nabis.



Paru en 2003 ce livre porte une double invitation, connaître des artistes bien sûr mais aussi, découvrir le monde de la création artistique de la fin des années 1880 - de 1888, pour être précise, jusqu'en 1900 environ. Il est signé Claire Frèches-Thory, conservatrice au musée d'Orsay et Antoine Terrasse, spécialiste du post-impressionnisme. le mot Nabi vient de l'hébreu et de l'arabe Nebiim. Il signifie prophète, c'est un terme d'atelier que les artistes utilisèrent entre eux. Mais c'est sous l'appellation de "peintres impressionnistes et symbolistes" qu'ils exposeront à la galerie le Barc de Boutteville de 1891 à 1896. Plus que prophètes ils sont les messagers d'une transition esthétique qui connaît une furieuse accélération dans ces années là. C'est un livre lumineux.



Le groupe s'est constitué en 1888 autour de Paul Sérusier qui, rentrant de Pont-Aven, présente à ses amis de l'Académie Julian, Pierre Bonnard, Paul Ranson, Gabriel Ibels et Maurice Denis, une petite ébauche sur bois (27 x 22 cm) qu'il dit avoir peinte sous la dictée de Paul Gauguin et représentant un paysage de Pont-Aven, le Bois d'Amour. Ce que Paul Sérusier leur met sous les yeux, très différent de ce qu'il a fait jusqu'alors - une juxtaposition de couleurs aux formes presque dissoutes - les ébranle complètement. Elle deviendra ensuite leur talisman et, passant du statut d'ébauche à celui d'icône, elle restera au coeur de tous leurs questionnements. Maurice Denis (1870-1943), théoricien du groupe, à qui elle sera offerte, reviendra souvent sur cette leçon de Paul Gauguin à Paul Sérusier que les Nabis n'oublieront jamais.



Ces jeunes peintres enthousiastes (Denis le plus jeune a 18 ans, Ranson le plus âgé 27 ans) forment le noyau initial du groupe auxquels s'adjoignent d'autres artistes, Edouard Vuillard et Ker-Xavier Roussel élèves aux Beaux-Arts, Jan Verkade le hollandais, Georges Lacombe, Aristide Maillol, Félix Valloton, Mogens Ballin le danois et Joseph Rippl-Ronai le hongrois. Treize au total, d'une génération née entre 1861 et 1871, qui ont tous reçu une formation académique et naturaliste et sont fascinés en même temps par l'art japonais que l'Europe découvre à partir de 1868. Ils ne connaissaient pas encore la peinture impressionniste qui s'exposait toujours dans des galeries privées faute d'être reconnue (ils souhaiteront la dépasser par la suite).



En 1886 c'est Seurat ("Un dimanche après-midi sur l'île de la Grande Jatte") qui retenait leur attention mais surtout Gauguin dont ils virent "La vision après le sermon", au café Volpini en 1889, et Emile Bernard. Novateurs à plus d'un titre ; leur histoire est autant celle d'une rupture que celle d'une transmission. Rupture avec le contexte artistique contemporain car ils ont pris position contre l'académisme ambiant qui règnait majoritairement dans les salons officiels et transmission, via Gauguin, de l'héritage de Cézanne et Degas (pour la rigueur de la composition).



Ils mettent en avant le support plan de la toile (contre les illusions d'optiques créées depuis la Rennaissance) et conçoivent le tableau comme une oeuvre en soi. Ils vont définir non plus une nouvelle manière de peindre mais une manière nouvelle de penser la peinture. Pendant douze ans, ils produisent une peinture très audacieuse, se jouant des aplats de couleurs, du décentrement de l'espace, des cadrages, de l'oubli des perspectives, de la simplification des formes et vont réconcilier, ce que j'aime par-dessus tout chez eux, toutes les productions artistiques. Les arts graphiques, les arts décoratifs (vitrail, céramique, tapisserie, paravents) et surtout les grands ensembles décoratifs, sont remis à l'honneur (Vuillard, Denis, Bonnard), leur donnent les moyens de prouver combien reste artificielle la distinction arts majeurs/arts mineurs, la hiérarchie des genres. Si une chose les a bien réunis et distingués c'est leur propension à décloisonner les arts.



Tout est pertinemment composé et choisi dans cet ouvrage passionnant. le texte est limpide, l'iconographie généreuse et très belle. Images et propos s'équilibrent et se servent mutuellement qui permettent au lecteur d'apprécier les audaces et les libertés prises par les Nabis sans que l'analyse des courants esthétiques où elles s'inscrivent (symbolisme, synthétisme, cloisonnisme, néo-impresionnisme etc.), ne viennent jamais troubler la perception de leur originale beauté. Les éléments de la biographie et les oeuvres de chacun des artistes sont exposés en chapîtres successifs, puis le découpage devient thématique et les tendances développées au sein du groupe peuvent se déployer dans toutes leurs diversités. Ils exposeront ensemble pendant douze années de fièvre puis prendront chacun des voies différentes selon leurs tempéraments. On peut admirer le Talisman au musée d'Orsay qui l'a acquis en 1985.



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Paul Delvaux

Je ne suis pas très fan de l’univers de Delvaux, tout simplement parce que sa peinture ne m’a jamais procuré d’émotion positive.

Cependant, ce livre fait une assez très belle présentation de sa peinture.

Il s’agit d’une collection « La septième face du Dé » des éditions Filipacchi consacrée aux maîtres du surréalisme et de l’étrange (et qui a déjà publié dans cette collection Magritte, Ernst, Bellmer, Clovis Trouille…) et qui a pour originalité de présenter d’abord les œuvres avant d’en faire des commentaires de manière à ce que le lecteur s’y confronte et se fasse son propre jugement d’abord.

Les photos sont parfois en grand format sur double page, en noir et blanc ou en couleur, mais je préfère de loin celles qui sont en noir et blanc, car celles en couleur ne sont vraiment pas top !

A noter qu’il n’y a aucun élément biographique dans ce livre.

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Pont-Aven : L'Ecole buissonnière

EXCELLENT découverte Gallimard. Un des meilleurs découverte Gallimard que j'ai pu lire. Ce livre est très complet sans être abscond et confus.

On apprend énormément sur les peintres ayant recherché la Bretagne et ayant séjourné à Pont-Aven puis Pouldou.

Le livre débute avec le premier séjour de Gauguin en Bretagne. ce peintre un peu le fil directeur de ce livre et nous présentera bien d'autres artistes moins connus mais aussi très dignes d'intérêts. Il permet de se rendre compte que l'on s'attache à bien trop peu de noms alors que les talents sont tellement nombreux. C'est toute une époque artistique qui s'épanouit devant nos yeux. Tant de chefs d'œuvres sont nés en ses lieux. On en découvre certains et on rêve de voir les autres.

Ce livre offre plus que des bases sur cette école et donne envie d'en connaître beaucoup plus. c'est un excellent prélude!
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