Il y eut jadis un chevalier, venu aussi des parties de l’Allemagne, « qui sont gens grandement voyageurs et cherchant les choses merveilleuses autant ou plus que nulles autres gens du monde », qui, ayant entendu parler des merveilles du mont de la Sibylle, résolut de les voir. Il entra donc avec son écuyer. – Ayant franchi les portes de métal, ils se trouvèrent devant une grande porte de cristal. Ils appelèrent, et on leur demanda qui ils étaient. Sur leur réponse, on alla prévenir « la reine », et bientôt on leur ouvrit la porte ; on leur fit d’abord changer leurs vêtements pour d’autres très riches ; puis, au son des instruments et des mélodies, on les conduisit, à travers des chambres, des salles, des jardins, plus beaux les uns que les autres et pleins de dames et de demoiselles, de chevaliers et d’écuyers noblement vêtus, jusqu’à la reine, qui les reçut assise sur un trône magnifique et leur fit le meilleur accueil, dans leur langue maternelle, – car la reine et tous les habitants du lieu, quand ils y ont passé trois cent trente jours, parlent toutes les langues du monde ; quand ils y ont passé neuf jours, ils les comprennent sans les parler.
Madame dit à ses femmes que pour obtenir pardon mieux et plus dignement elle voulait se confesser au seigneur Abbé, qui était prélat et lui semblait de grande dévotion.Alors dame Jehanne lui dit :" Madame, ce serait très bien, et en ce qui me concerne, je le fus hier." Alors Madame fait monter à cheval le petit Perrin, son page, et fit dire au seigneur Abbé qu'il vienne immédiatement la trouver.
Le seigneur Abbé fit diligence et obéit en hâte à Madame ; alors Madame, après avoir fait la révérence devant toutes ses femmes, lui dit publiquement: "Abbé, pour gagner plus dignement votre absolution, nous sommes disposées à nous confesser à un prêtre. - Ah ! Ma dame, dit le seigneur Abbé, vous êtes bien du côté de Dieu ; et, ma dame, qui est votre confesseur, que je puisse lui donner quelque puissance, s'il en a besoin ?"
Alors Madame dit: "Il n'y en a ici aucun qui soit plus digne ni plus suffisant que vous. - Ah ! Ma dame, c'est donc à cause de la crosse, car pour le reste je suis le plus ignorant de tous."