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Citations de Antonio Iturbe (271)


Deux professeurs lèvent des visages angoissés. Ils ont entre leurs mains une chose rigoureusement interdite à Auschwitz et peuvent être condamnés à mort si jamais on les découvre. Ces engins, tellement dangereux que leur possession justifie la peine maximale, ne tirent pas de projectiles et ne sont pas non plus des objets pointus, coupants ou contondants. Ce que les implacables soldats du Reich redoutent tant, ce ne sont que des livres : de vieux ouvrages sans reliures, aux pages arrachées et presque en lambeaux. Mais les nazis les traquent, les chassent et les bannissent d'une façon qui tourne à l'obsession. Au cours de l'Histoire, tous les dictateurs, tyrans et répresseurs, qu'ils soient aryens, noirs, orientaux, arabes, slaves ou de n'importe quelle autre couleur de peau, qu'ils défendent la révolution du peuple, les privilèges des classes patriciennes, le mandat de Dieu, ou la discipline sommaire des militaires, quelle que soit leur idéologie, tous ont eu un point commun : ils ont toujours traqué les livres avec acharnement. Les livres sont dangereux, ils font réfléchir.
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La première leçon que tout vétéran donne à un nouvel arrivant est qu'il faut toujours garder clairement à l'esprit son objectif : survivre. Survivre quelques heures de plus, et accumuler ainsi un jour de plus, qui additionné à d'autres pourra devenir une semaine de plus. Et ainsi de suite : ne jamais faire de grands projets, ne jamais avoir de grands objectifs, seulement survivre à chaque instant. Vivre est un verbe qui ne se conjugue qu'au présent.
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A Auschwitz, le temps ne court pas, il se traîne. Il tourne à une vitesse infiniment plus lente que dans le reste du monde. Quelques jours à Auschwitz changent un novice en vétéran. Ils peuvent aussi transformer un jeune en vieillard, ou une personne robuste en un être décrépit.
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Quand les individus sont entassés, marqués et sacrifiés comme des animaux, ils en viennent à croire qu'ils sont du bétail. Rire et pleurer leur rappelle qu'ils sont des êtres humains.
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- Le bon soldat est celui qui n'a pas besoin d'attendre de recevoir des ordres car il sait toujours où est son devoir.
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Les courageux ne sont pas ceux qui n'ont pas peur. Ceux-là, ce sont les téméraires, ceux qui ignorent le risque et se mettent en péril sans être conscients des conséquences. Quelqu'un qui n'est pas conscient du danger peut faire courir un risque à tous ceux qui sont à ses côtés. C'est le genre de personne que je ne veux pas dans mon équipe. Ceux dont j'ai besoin, ce sont ceux qui tremblent mais qui ne cèdent pas, ceux qui sont conscients de ce qu'ils risquent et qui continuent malgré tout.
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Ce n'était pas une grande bibliothèque. En réalité, elle était constituée de huit livres, et certains en mauvais état. Mais c'était des livres. Dans cet endroit obscur où l'humanité avait atteint sa propre noirceur, la présence de livres était un vestige d'époques moins lugubres, plus douces, où les mots avaient plus de force que les mitraillettes. Un temps révolu. Dita avait pris un par un les volumes entre ses mains avec la même délicatesse qu'une personne qui berce un nouveau-né.
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Auschwitz ne tue pas seulement des innocents, il tue également l'innocence.
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Il avait su qu'Edita s'occuperait soigneusement de la bibliothèque. Elle avait ce lien qui unit certaines personnes aux livres. Une complicité que lui-même ne possédait pas, trop actif pour se laisser absorber par des lignes imprimées sur du papier. Fredy préférait l'action, l'exercice, les chansons, les discours... Mais il avait compris que Dita avait cette empathie qui fait que, pour certaines personnes, et pour elles seules, une poignée de pages se transforme en un monde entier.
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Les adultes s'épuisent inutilement à la recherche du bonheur qu'ils ne trouvent jamais ; alors que les enfants, au contraire, ont le bonheur qui leur pousse au creux de la main.
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Il pense que dire la vérité rend les hommes libres. Dire la vérité est très prestigieux, c'est ce que font les courageux. Mais il est vrai aussi que la vérité brûle parfois tout ce qu'elle touche.
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Dita regardait les livres, mais plus encore elle les caressait. Ils étaient écornés et déchirés, usés, ocellés de ronds brunâtres d'humidité, certains mutilés... mais c'était un trésor. Leur fragilité les rendait encore plus précieux. Elle comprenait qu'elle devait soigner ces livres comme des vieilles personnes ayant survécus à une catastrophe, car ils avaient une importance cruciale : sans eux, le savoir de siècles de civilisation pouvait se perdre. La technique géographique, qui nous permettait de connaître la forme du monde ; l'art de la littérature qui multipliait la vie d'un lecteur par des douzaines d'autres ; le progrès scientifique que signifiaient les mathématiques ; l'Histoire, qui nous rappelait d'où nous venions et nous aiderait peut-être à décider vers où aller ; la grammaire, qui permettait de tisser les liens de la communication entre les gens... Plus qu'une bibliothécaire, Dita était devenue ce jour-là une infirmière de livre.
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C'était un matin de septembre. Il s'attendait à la même chose que d'habitude : des individus dans leur uniforme de prisonnier, aux traits froissés, aux crânes rasés, encore hébétés par leur arrivée dans le monde barbelé d'Auschwitz, qui empeste la chair brûlée. Des visages de stupeur identiques, car le désespoir met tout le monde sur un pied d'égalité. Mais ce qu'il avait trouvé de l'autre côté de la table lorsqu'il avait levé les yeux, c'était la frimousse enjouée d'une fillette mouchetée de tâches de rousseur et coiffée de deux tresses blondes, qui serrait un ours en peluche. Il en était resté coi. La fillette se tenait là et le regardait. Après tant d'atrocités, le slovaque avait oublié qu'il était possible de regarder le monde de cette façon : sans peur, sans haine, sans trace de folie. Elle avait six ans et elle était vivante à Auschwitz. Il avait cru à un miracle.
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Les premiers jours, elle ne comprenait pas cet intérêt soudain pour les livres, y compris chez les élèves les mains appliqués. Mais elle a peu à peu réaliser que si les livres ont un lien avec les examens, l'étude et les corvées les plus ingrates de la scolarité, ils sont également le signe d'une vie sans barbelés ni peur. Même ceux qui n'ont jamais ouvert un livre autrement qu'en ronchonnant reconnaissent maintenant, dans cet objet fait de pâte à papier, un allié. Si les nazis interdisent les livres, c'est parce que les livres sont de leur côté. Toucher des livres les rapproche un peu plus de la normalité, et c'est leur rêve à tous.
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Elle se rend compte qu'il est facile de mesurer la grandeur de l'héroïsme, de le quantifier avec des honneurs et de médailles. Mais comment mesure-t-on le courage de ceux qui renoncent ?
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Elle était montée dans le train de la lecture. Elle avait ressenti cette nuit-là l'émotion d'une découverte : celle du savoir que toutes les barrières que pouvaient poser tous les Reich de la planète n'avaient pas d'importance, car il lui suffisait d'ouvrir un livre pour sauter par-dessus.
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Commencer un livre, c'est monter dans un train qui vous emmène en vacances.
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La méfiance est une démangeaison qui démarre en douceur mais, quand vous en prenez conscience, vous ne pouvez déjà plus vous empêcher de gratter.
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Pendant de nombreuses fins d'après-midi de lecture assidue, la barrière qui la séparait des personnages, qui isole de la réalité réelle, fondait dans sa tête comme du chocolat chaud. La réalité du livre était beaucoup plus véridique et compréhensible que celle qui l'entourait dans cette ville cernait de murs. Plus crédible que ce cauchemar d'électricité et de chambre à gaz qui constituait son monde actuel, Auschwitz.
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Mais la peinture ne la transportait pas au loin et ne la faisait pas non plus monter dans le wagon d'autres vies comme les livres. C'était plutôt le contraire : la peinture la catapultait à l'intérieur d'elle-même. Peindre n'était pas une façon de sortir, mais de rentrer.
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