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Critiques de Arielle Meyer MacLeod (5)
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Vues d’intérieur après destruction

Une maison au Liban



Dans ce court et bouleversant roman, Arielle Meyer MacLeod raconte la douleur de l'exil autour du voyage de la narratrice au Liban. Après la mort de son ami, elle part pour Beyrouth afin de retrouver son histoire, sa maison.



Ce roman est né d'une pulsion, d'une envie soudaine, sans doute un besoin. Après les obsèques de son ami Gabriel, mort après avoir lutté en vain contre sa maladie, la narratrice prend un billet à destination de Beyrouth. Elle entend tenir post-mortem la promesse qu'il lui avait faite, lui faire découvrir son pays natal et sa maison. Des lieux qu'il n'a jamais revus depuis son exil en France. Cet exil qui les avait tous deux rapprochés: «Nous partagions cette nécessité, vitale et impérieuse, de garder toujours un pied dehors lorsque nous foulions de nouveaux territoires.»

En arrivant à Beyrouth, elle est à la fois triste de découvrir une ville défigurée par la guerre et l'explosion du port qui ont laissé de douloureux stigmates et heureuse de humer l'air de ce pays fantasmé depuis la France et qui a gardé une part de sa beauté, de ses parfums. Peut-être aussi ce goût de l'enfance qui laisse à l'imagination la liberté de s'appuyer sur des rêves. Comme celui de Gabriel décrivant sa maison, son palais. Mais comment retrouver une construction plus imaginaire que réelle, re-construite des dizaines de fois pour son amie? Car, il y a «des maisons qui sont des ancres, des maisons matrices auxquelles s'accrocher. Des maisons-récits, des havres réels ou fantasmés vers lesquels revenir.» Pour les trouver, il faut laisser sa part au hasard et la chance guider vos pas. Elle va se personnifier dans Nassim, un chauffeur de taxi à l'optimisme chevillé au corps. Lorsqu'il s'engage sur les routes de montagne vers le village de Bhamdoun, il est sûr de parvenir à retrouver cette belle demeure. Promesse tenue, même s'il ne reste que quelques murs, quelques pierres, quelques traces de la demeure. À l'image de Gabriel, elle retourne à la poussière, ne vit plus que dans le souvenir de ceux qui ont pu la contempler.

Comme l'avait fait son père, parti trop vite, c'est avec les mots que Gabriel avait réussi à conserver la splendeur de sa maison, à adoucir son exil. Les mots qui disent la douleur de l'exil en sublimant la beauté du lieu. «Je voudrais coudre ces histoires — l’histoire d’une maison et celle d'une lettre —, assembler les pièces manquantes». Et si quelques clichés accompagnent le texte, c'est parce qu'ils réussissent, comme l'affirme la citation de W. G. Sebald en exergue du livre, à faire apparaître «sorties du néant pour ainsi dire, les ombres de la réalité, exactement comme les souvenirs qui surgissent en nous au milieu de la nuit».

C'est en creusant l'intime dans ce qu'il a de plus fort qu'Arielle Meyer MacLeod atteint l'universel. Avec une écriture toute en pudeur et en finesse, elle donne ses lettres de noblesse à une humanité qui conserve par-delà les drames un souffle de vie. Alors souffle le vent de l'espoir, des montagnes du Liban jusqu'au cœur des exilés.

NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.




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Tourner la page (avec Balzac)

Ce livre court est une petite perle rare qui se tient entre critique littéraire, récit intime et enquête sur l’écriture de soi.



Point de départ : une rupture. Autre point de départ : le seuil qui ouvre la voie quasiment royale à la Comédie humaine ; un seuil très modeste pourtant, celui de la boutique quelque peu obscure du marchand drapier monsieur Guillaume, à l’enseigne du Chat-qui-pelote.



Cela fait des années qu’un essai sur ce premier roman de la Comédie humaine dormait au fond d’un fichier d’ordinateur de la narratrice.

Puis c’est à l’occasion de la rupture brutale et douloureuse avec son compagnon P qu’elle retrouve, non sans peine, cet essai.



'Passer à autre chose', 'faire son deuil', 'tourner la page', autant de phrases faciles et banales qu'on vous conseille pour expulser un douloureux passé qui ne se conjugue plus, figé dans le temps. Mais peut-on vraiment l'expulser ?



La narratrice se tourne alors vers le réalisme balzacien et le texte de La Maison du Chat-qui-Pelote. Notamment l'obsession qu'avait le personnage Théodore de Sommervieux avec l'image d'Augustine, la fille du maître drapier. La narratrice donne une analyse magistrale de ces deux personnages qui inaugurent la Comédie humaine de façon si tragique.



Réussit-elle à franchir le seuil avec Balzac, le seuil qui nous dévoile les secrets de son œuvre immense, et le seuil d'une nouvelle vie où P ne la hantera plus, tourner la page avec Balzac ?
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Tourner la page (avec Balzac)

Merci aux éditions Zoé et à Babelio de m'avoir permis de lire ce livre, que je chronique avec un certain retard...

Le titre, et notamment sa parenthèse, m'intriguait. Dans le titre apparaît déjà la dualité entre les deux genres de ce livre : l'autofiction et la critique littéraire d'une nouvelle de Balzac.

C'est la partie "autofiction" qui m'a le plus intéressée. Ce récit d'une rupture et de la tentative de la narratrice de tourner la page m'a rappelé Annie Ernaux, auteure d'ailleurs citée. Le style est ici très travaillé, et j'ai tout d'abord trouvé le récit trop bien écrit pour me laisser toucher véritablement par l'histoire. Je ressentais une espèce de décalage entre la violence des sentiments et le travail d'orfèvre de l'écriture. Puis, je me suis laissée emporter. Un auteur à découvrir !
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Tourner la page (avec Balzac)

Je tiens a remercier tout d'abord masse critique pour m'avoir permi de recevoir ce roman ! J'ai beaucoup l'écriture, la façon d'amener les choses. L'histoire est très touchante et m'a parfois beaucoup émue, je recommande vraiment ce roman ! Le retour en arrière de son aventure avec son compagnon appelé juste P est vraiment poignante et très émouvante a certains passages ! La narratrice essaie tant bien que mal à comprendre comment l'homme qui fut son mari à pu lui tourner le dos de cette manière pour enfin l'oublier... Nous pouvons vraiment ressentir toute la tristesse ressenti par cette femme lors de cette rupture qui fut si douloureuse pour elle... J'ai vraiment beaucoup aimé.
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Tourner la page (avec Balzac)

A l'occasion d'une rupture avec P., son compagnon, l'auteur se replonge dans une critique faite de "La maison du Chat-qui-pelote", nouvelle qui précède la longue série de "La comédie humaine" de Balzac.



Dans la nouvelle, un riche aristocrate s'éprend d'une jeune fille de marchands avant de l'abandonner pour de plus fraiches conquêtes. Et dans la vie d'Arielle Meyer MacLeod, car il s'agit bien de l'écrivain, dans cette autofiction, la rupture consommée appuie sur une douleur encore vivace pour celle qui a été quittée.



C'est que la narratrice revit l'histoire d'échouée, réapprend la vie en solitaire et ne parvient pas à comprendre comment celui qui l'avait hier courtisée a pu se détourner d'elle. Sont étalés quelques instantanés de vie, notamment comblés par les enfants, mais aussi ces petites douleurs infimes qui sont toutes personnelles et livrées avec beaucoup de poésie. L'auteur invoque quelques grands noms comme rempart à la réalité : Annie Ernaux, Kleist, Lacan, Paul Ricoeur... de quoi doucement s'affranchir du péril sentimental et de la douleur intérieure.



Ce livre a été lu dans le cadre de l'opération Masse critique menée par Babelio en partenariat avec les éditions Zoé. Merci beaucoup !
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