Les enfants quelquefois font devant un miroir des grimaces pour s'effrayer. Ces prisonniers faisaient le contraire. Ils étaient entre eux avares de leurs émotions, exempts de sensiblerie, parfois sans pitié. Mais ils entretenaient mutuellement leurs espoirs parce qu'ils ne pouvaient supporter de mourir désespérés pour une cause perdue. Aujourd'hui Tolède tombait, le l'enfer c'était Burgos et Séville ; ils se mentaient jusqu'à la mort comme les enfants s'endorment à force de pleurer. Leur information n’était exacte que sur un point. Chacun des treize cents hommes de la prison savait combien il y avait eu d'exécutions la nuit précédente. (P. 247)