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Citation de enkidu_


Le temps s’étendait, parfaitement superflu, devant lui. Rien ni personne ne l’intéressait. Il ressentit une légère compassion pour lui-même. Très furtivement, de façon inopinée, l’idée lui vint de se rendre dans une gare quelconque, de partir, la destination était sans importance, de disparaître aux yeux de tous ceux qui l’avaient connu, de resurgir quelque part dans un lieu étranger et de commencer une nouvelle vie en devenant un autre homme, un homme nouveau.

Il se remémora certains cas cliniques singuliers qu’il connaissait par ses livres de psychiatrie, et qu’on appelait des existences doubles : quelqu’un vivant jusque-là de façon très rangée disparaissait soudain, perdu pour tous, revenait après des mois ou des années, ne se souvenant plus lui-même où il avait été pendant tout ce temps, mais plus tard quelqu’un le reconnaissait pour l’avoir rencontrée quelque part dans un pays lointain, et le revenant n’en savait rien du tout.

Certes, de telles choses ne se produisaient que rarement, mais pourtant, c’était attesté. Et sans doute certaines personnes les vivaient sous une forme atténuée. Quand on revenait d’un rêve, par exemple ? Certes, on se souvenait… Mais il y avait sûrement aussi des rêves qu’on oubliait complètement, dont il ne restait rien qu’une atmosphère énigmatique, une mystérieuse torpeur. Ou bien on ne se souvenait que plus tard, beaucoup plus tard, et on ne savait plus si on avait vécu quelque chose ou si on l’avait seulement rêvé. Seulement – Seulement – ! (p. 147)
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