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Brigitte Vergne-Cain (Éditeur scientifique)Gérard Rudent (Éditeur scientifique)Philippe Forget (Traducteur)
EAN : 9782253933588
190 pages
Le Livre de Poche (10/02/2002)
3.84/5   148 notes
Résumé :
Ce récit fantasmagorique (terminé en 1925, après une genèse de 17 ans) est sans nul doute l'un des plus riches, des plus accomplis et des plus troubles de l'œuvre du romancier et dramaturge autrichien.

Un couple, Valentine et Fridolin, heureux et aimants, parents d'une petite fille, va vivre des expériences identiques, l'un en songe, l'autre au cours de débauches nocturnes.

Entre les songes pervers de l'épouse et les transgressions "rée... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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La Nouvelle rêvée, Double rêve, Rien qu'un rêve... le titre du récit de Schnitzler aura eu droit a pas mal de traductions différentes tant le texte semble difficile à appréhender.

Mais pour moi, c'est Eyes Wide Shut. Et oui, j'ai découvert ce récit par le prisme du cinéma avec le magnifique film de Stanley Kubrick.
J'adore ce film, c'est un petit bijou. Quand je tenais un blog de cinéma, j'avais eu un plaisir fou à écrire un article détaillé sur cette histoire irréelle.

Dire que j'attendais beaucoup du texte original serait peu dire. D'où, peut-être, une légère déception.
À moins que ça ne soit simplement parce que l'histoire est trop linéaire à mon goût. Désolée mais je n'y vois pas grand mystère (ou du moins, il n'y en n'a pas autant que dans le film).
Oui, la scène du rêve est étrange mais pas plus que mes propres rêves. le reste est une histoire de jalousie, de désir, de refoulement... le tout teinté d'un érotisme aussi suranné que le style de l'auteur.

Je ne regrette cependant pas cette lecture car elle met en lumière tout le talent de Kubrick.

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J'ai lu La Nouvelle rêvée au début de l'été et je n'ai hélas pas réussi à écrire une chronique sur la lancée.
Je sais que je ne dois jamais faire cela.
Entre deux, il y a eu plusieurs livres, plusieurs ambiance, plusieurs émotions.
Et me voilà en ce jour d'août, perplexe devant mon écran, à tenter de faire remonter les souvenirs de ma lecture à la surface...
Et c'est compliqué...
En voici des bribes : Carnaval, masque, femme, fantasme, rêve, désir, Carnaval encore, rue sombre, trouble, fantasme encore...
Je me souviens avoir apprécié cette histoire d'un autre temps mais sans débordement d'émotions.
Eyes Wide Shut... Je ne l'ai pas vu. Peut-être qu'en découvrant Tom Cruise et Nicole Kidman mis en scène par Kubrick, La Nouvelle rêvée se rappellera à moi de manière plus intense.
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Plus connue pour son adaptation cinématographique qui a fait grand bruit en 1998, La nouvelle rêvée est un texte court, composé en 1925. Il est immersif, inventif et pourtant assez contemplatif. Lire ce petit plaisir est indispensable pour bien apprécier le film de Kubrick (et sans doute celui qui l'a précédé mais que tout le monde a oublié).

L'auteur a passé dix-sept ans a composer ces pages. La complexité, l'effort d'imagination, la maturité de l'oeuvre sautent aux yeux. Certes, tout cela est court mais intense. le style est fluide, facile d'accès, malgré la barrière linguistique et temporelle. L'on pourra toutefois regretter les très nombreuses questions restées sans réponse. Cette frustration fait pleinement partie du charme de la nouvelle.

Certains passages sont plus ardus que d'autres… notamment ceux qui évoquent les rêves. Leur interprétation tient d'ailleurs ici une grande place. L'influence de la psychanalyse est très importante et aisément perceptible. Pour ce qui est de la compréhension il va différemment. L'exercice est plus ambitieux, ce qui offre un important potentiel de relecture.

Les éditions le livre de poche ont donc décroché une petite pépite. Dommage qu'elle est si peu mise en valeur. La préface et la présentation sont beaucoup trop longues au regard du texte (près des deux tiers de la nouvelle). Celles-ci s'adressent à un public de spécialistes et recourt à du jargon difficile à digérer. Voilà de quoi décourager les moins motivés…

Au final, cette nouvelle, malgré un caractère introspectif, se révèle passionnante. La lecture est plaisante surtout si elle accompagnée par La flûte enchanté de Mozart en fonds sonore.
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Parfois, quand on lit un livre dont on a déjà vu l'adaptation cinématographique, les images du film se substituent à celles que nous aurions formées à la lecture. Ici, le processus fut plus auditif que visuel. Des incantations sépulcrales et autres notes de piano discordantes rejaillirent régulièrement au fil des pages, en imposant leur cadence à des yeux grand fermés, temporairement aveugles à ce qu'ils lisaient.

C'est donc au rythme inquiétant du film de Kubrick (Eyes Wide Shut) que j'ai découvert cette longue nouvelle, qui débute en soirée, « à la fin du carnaval ». Cette indication peut sembler ironique dans un récit où les masques jouent un rôle important. Pourtant, le premier chapitre est celui où les époux se démasquent, en se confessant leurs fantasmes d'adultère, au seuil de l'endormissement dans le lit conjugal. Ces aveux croisés sont le prélude d'une séparation, mais uniquement sur le plan onirique : la femme, Albertine, disparaît du récit, perdue dans un sommeil profond, tandis que nous suivons son mari Fridolin dans des péripéties au long cours, qui se mettent très vite à ressembler à un rêve éveillé, où Eros et Thanatos cohabitent dans la même chambre obscure.

Chacun de leur côté, les amants cherchent à préserver leurs illusions communes par le biais du rêve. Cette quête de salvation prend chez Fridolin la forme d'un long chemin de croix, à la recherche de son idéal perdu, qui revêt de nombreux masques de chair. La forme parfaite de son fantasme arbore cependant un voile de nonne. Une Eurydice des temps moderne que notre héros masochiste cherche trop à regarder et à démasquer, au point que la vie ne paraît plus qu'un masque supplémentaire appliqué au corps.

Cette profanation de son idéal lui est retournée sadiquement dans le rêve féminin, un rêve dans son rêve : sommeil paradoxal, où il se retrouve dépossédé. Endormi et immobile, le corps de la femme est source d'énigmes insolubles, de réseaux de symboles qui s'interpénètrent sans fin, car ils sont réfléchis par le regard masculin. Comme un jeu de miroirs déformants. En rouvrant les yeux au lever du jour, les stigmates de la lucidité nocturne seront tant bien que mal cicatrisés par le retour du quotidien du couple, une idylle/idole dont la destruction n'aurait eu lieu que dans une fiction qu'on raconte la nuit pour se faire peur. Cette catharsis a-t-elle refoulé pour de bon les rêves lugubres ? Pas sûr, car comme l'écrivait Artaud à la même époque : « les rêves sont vrais ». Et la vie éveillée ressemble à un bal masqué sans fin.

https://youtu.be/CoZJdil0_HI
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Les corps rêvés par Gustav Klimt, d'une lueur spectrale, s'étreignent, langoureusement, se confondent, et les dormeuses, les rêveuses, s'abandonnent, lascives, aux bras de Morphée, au délice du sommeil. Les membres des corps fragmentés se disjoignent et se rejoignent par leurs contorsions convulsives, compulsives ; les rêves fragmentés s'assemblent comme s'assemblent les organes, en un seul corps monstrueux et c'est l'orgasme.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Le temps s’étendait, parfaitement superflu, devant lui. Rien ni personne ne l’intéressait. Il ressentit une légère compassion pour lui-même. Très furtivement, de façon inopinée, l’idée lui vint de se rendre dans une gare quelconque, de partir, la destination était sans importance, de disparaître aux yeux de tous ceux qui l’avaient connu, de resurgir quelque part dans un lieu étranger et de commencer une nouvelle vie en devenant un autre homme, un homme nouveau.

Il se remémora certains cas cliniques singuliers qu’il connaissait par ses livres de psychiatrie, et qu’on appelait des existences doubles : quelqu’un vivant jusque-là de façon très rangée disparaissait soudain, perdu pour tous, revenait après des mois ou des années, ne se souvenant plus lui-même où il avait été pendant tout ce temps, mais plus tard quelqu’un le reconnaissait pour l’avoir rencontrée quelque part dans un pays lointain, et le revenant n’en savait rien du tout.

Certes, de telles choses ne se produisaient que rarement, mais pourtant, c’était attesté. Et sans doute certaines personnes les vivaient sous une forme atténuée. Quand on revenait d’un rêve, par exemple ? Certes, on se souvenait… Mais il y avait sûrement aussi des rêves qu’on oubliait complètement, dont il ne restait rien qu’une atmosphère énigmatique, une mystérieuse torpeur. Ou bien on ne se souvenait que plus tard, beaucoup plus tard, et on ne savait plus si on avait vécu quelque chose ou si on l’avait seulement rêvé. Seulement – Seulement – ! (p. 147)
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Elle sourit, puis répondit après une brève hésitation :
«Remercier le destin, je crois, d'être sortis sains et saufs de toutes ces aventures - réelles ou rêvées.»
«En es-tu absolument certaine ?» demanda-t-il ?
«Aussi certaine que cette intuition : ni la réalité d’une nuit, ni même celle de toute une vie humaine ne peut signifier notre vérité intime.»
«Et il n’y a pas de rêve» soupira-t-il doucement, «qui soit totalement un rêve».
Elle prit sa tête entre ses deux mains et la blottit contre sa poitrine. «À présent, nous sommes sans doute éveillés», dit-elle, «pour longtemps.»
Pour toujours, voulut-il ajouter, mais avant même qu'il eût prononcé ces paroles, elle posa un doigt sur ses lèvres et murmura, comme pour elle-même : «Ne jamais tenter l'avenir.»
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Il fit monter Fridolin dans le magasin par un escalier en colimaçon. Cela sentait la soie, le velours, les parfums, la poussière et les fleurs séchées ; des éclairs argent et rouge traversaient l’obscurité ambiante ; et soudain brillèrent une foule de petites lampes entre les armoires ouvertes d’un long couloir étroit dont l’extrémité se perdait dans l’obscurité. De gauche et de droite étaient suspendus des costumes de toutes sortes ; d’un côté des chevaliers, des pages, des paysans, des chasseurs, des savants, des Orientaux, des bouffons, de l’autre des Dames de cour, de nobles demoiselles, des paysannes, des caméristes, des Reines de la Nuit. Au-dessus des costumes, on pouvait voir les couvre-chefs correspondants, et Fridolin avait la sensation de marcher à travers une allée de pendus sur le point de s’inviter mutuellement à danser.
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Et comme il continuait ainsi, tout en prenant sans le vouloir la direction de sa maison, il arriva à proximité de cette rue sombre et plutôt mal famée, où, moins de vingt-quatre heures auparavant, il avait suivi une créature perdue jusqu’à son logis misérable et pourtant chaleureux. Perdue, cette fille-là ? Et mal famée, cette rue, justement celle-là ? Comme nos habitudes paresseuses nous font nommer et juger les rues, les destins, les gens, parce que nous cédons toujours à la séduction des mots. Cette jeune fille n’était-elle pas au fond, de toutes celles que de curieux hasards lui avaient fait rencontrer la nuit passée, la plus gracieuse, pour ne pas dire la plus pure ? Il ressentait quelque émotion quand il songeait à elle.
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Ni la réalité d’une nuit, ni même celle de toute une vie humaine ne peut signifier notre vérité intime. Et il n’y a pas de rêve qui soit totalement un rêve.
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