Avant toute chose je remercie Babélio et les éditions Steinkis pour cet envoi lors de la dernière opération de masse critique.
Cette bande dessinée me faisait très envie.
J'ai craqué sur la couverture d'abord : sur ce visage d'homme en pleine page, et aussi sur le titre, qui indiquait une histoire sortant des sentiers battus.
Un homme, travaillant dans un établissement de pompes funèbres, va devoir veiller sur un cadavre durant deux jours, en attendant que la fille de ce dernier arrive de l'étranger.
J'ai aimé cette histoire originale, le graphisme et les couleurs chaudes, mais je ressors de cette bande dessinée un peu déçue.
Déçue car l'histoire est un peu rapide, que les personnages manquent d'épaisseur, surtout les personnages secondaires, qu'on aurait envie de suivre un peu plus longtemps, et ce souci d'économie des mots donne finalement à l'ensemble un goût d'inachevé.
J'aurais aimé en apprendre un peu plus sur les personnages; cette tranche de vie, ces deux jours, sont beaucoup trop courts et le peu de texte traduit bien certaines émotions, mais nous laisse sur une sensation de bande dessinée pas totalement aboutie.
Il n'aurait pas fallu grand-chose pour que ce soit un coup de coeur, dommage...
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Un dessin et des lumières qui m'ont immédiatement séduits mais des personnages qui ont manqué un peu de profondeur pour que l'histoire puisse me charmer pleinement.
Un album idéal pour une fin de week end
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Quelle étrange BD...
Une parenthèse dans la vie d'un croque-mort, en Grèce.
Cet homme se trouve dans l'obligation de faire la veillée du corps d'un homme mort depuis un mois, pendant deux jours. Et comme la chambre froide est en panne, il s’acquittera de sa tâche en pleine campagne.
L’air de rien, cette courte expérience va amener cet homme entre deux âges à s'interroger sur son quotidien, sur sa vie et ses priorités.
Très peu de texte dans ce court one-shot. Un rythme volontairement lent, un côté désenchanté et touchant. Le dessin d'Athanassios Pétrou apporte beaucoup de finesse et de subtilité au récit, tout ce qui n'est pas dit est discrètement suggéré, sans excès ni fioriture. Un travail d’orfèvre au niveau des expressions et des postures.
Je regrette que le portrait qui y est fait de la Grèce d'aujourd'hui soit trop flou, trop axée sur le parallèle avec cet homme vieillissant et solitaire.
Je suis restée sur ma faim...
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Leftéris vit seul dans un appartement de Thessalonique. Un soir, alors qu'il est en train de préparer son repas, le téléphone sonne. C'est son patron. C'est urgent. Il doit venir immédiatement aux pompes funèbres Léonidas. Car Leftéris est croque-mort. Il va devoir veiller le corps d'un vieil homme qu'on n'a découvert qu'un mois après son trépas. Sa fille habite loin. Il faut qu'on la trouve avant de pouvoir organiser l'enterrement.
Sur la couverture, un visage en gros plan. Celui d'un homme qui ressemble un peu à Victor Hugo. Ses joues et son menton sont recouverts d'une barbe blanche. La moustache taillée en arc de cercle, les yeux chassieux lui donnent un air triste. C'est ce qui frappe au premier abord. Cet homme exerce un métier dont on ne parle pas souvent, ni dans la littérature, ni même dans la vie : croque-mort. Alexis, le neveu du patron dit : « Avant, je pensais que les croque-morts étaient des gens bizarres (…) Tout le monde regarde mon oncle de travers dans la famille. Moi, je ne pourrais pas faire ce métier-là toute ma vie. » Et pourtant, comme il le fait remarquer un peu plus loin, « C'est pas contagieux, la mort. »
L'histoire est simple et courte (47 planches). Elle mêle réalisme et fantastique, bien qu'on ne sache pas vraiment si le mystérieux épisode vécu par Leftéris lors de sa nuit de veille est réel ou s'il s'est endormi malgré lui et l'a rêvé.
Il y a assez peu de dialogues, la majeure partie du récit est muette. Lors du passage irréel, les paroles du vieil homme s'inscrivent en capitales blanches qui ressortent sur le fond, alors que les mots prononcés par le héros sont emprisonnés dans un phylactère. Deux mondes s'opposent.
Bon nombre de vignettes présentent des gros plans sur les visages des protagonistes. En fin de volume, un dossier de cinq pages nous fait découvrir le travail du dessinateur. Il nous ouvre son carnet de croquis où il nous dévoile les essais réalisés pour capter chaque caractère.
Il précise qu'un ami l'a aidé en parcourant l'agglomération de Thessalonique afin de lui apporter des clichés originaux lui permettant de camper les décors.
Nous allons vivre principalement les deux nuits de la veillée. Les fonds sont uniformes : ocre ou bleutés. Soudain, une page entière est recouverte par un dessin qui plonge le lecteur dans une sensation de solitude frappante : à l'avant-plan, un cercueil, au milieu, dans une sorte de petite guérite, Leftéris, la cravate desserrée. Tout autour, rien que des arbres.
Le passage onirique se décline dans une dominante de vert et de rouge. A la fin de cette expérience, un immense paysage couvre les deux pages. Le ciel commence à s'éclaircir. Tous les immeubles sont envahis de petits points lumineux : partout, les habitants se réveillent. Ils allument la lumière. Et bien loin d'eux, de leur agitation, de leur quotidien, Leftéris n'est qu'une silhouette sombre, de dos, perdue dans sa réflexion. L'objet de celle-ci, le cercueil, est vivement éclairé par un unique lampadaire. L'impression qui se dégage est à la fois grandiose et poignante.
Leftéris est touchant. On le sent triste, désemparé, délaissé. On le suit dans sa routine : courses à la supérette, quelques mots échangés avec le vieux gérant impotent, préparation maniaque du repas. Il compte un à un les petits pois (ou les lentilles) qu'il s'apprête à cuire. Une conversation téléphonique avec sa femme et sa fille qui vivent apparemment loin de lui, serre le cœur. Finira-t-il comme le « client » qu'il doit veiller ? Tellement abandonné qu'on ne découvre son cadavre qu'un mois après le décès ?
J'ai beaucoup aimé cette bande dessinée qui m'a pourtant laissé un sentiment de tristesse et d'amertume.
Je remercie chaleureusement l'opération Masse critique et les éditions Steinkis qui me l'ont offerte.
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