Citations de Aurélie Conti (53)
Le silence et la solitude me permettront d'entrer en moi-même, de réfléchir aux questions essentielles.
C'est l'harmonie du soir. Le ciel se teinte de rose au travers des feuillages. Comment saisir un instant aussi émouvant? Une photo ne rendrait pas la poésie de cette lumière. La peinture? L'écriture?
La pleine lune éclaire le flanc du volcan comme un phare. Le ciel bleu marine est tout émouvant d'étoiles.
Il est de ces lieux chargés d'absolu, si rares dans le monde, qui en étanchent momentanément la soif, et cela comble.
Lui n'a aucune photo à me montrer; il ne possède pas de téléphone portable.
Tokyo la nuit : un paysage de bande dessinée futuriste. Des buildings crayonnés de gris, flanqués de fanaux rouges qui clignotent lentement sous les paupières grises de la nuit.
J'ai besoin de retrouver cet état contemplatif, auquel il est de plus en plus difficile d'accéder avec la tyrannie des mails, des SMS et autres appels inutiles.
Mon hôtel est coincé dans une impasse d'Asakusabashi, à l'est de la ville, au bord d'un canal d'eau verte, immobile, où des péniches à toits de couleurs vives dorment comme assommées par la chaleur.
Le jardin est silencieux. Deux fleurs d'hibiscus, une blanche et une mauve, ont été posées sur l'eau d'un bassin de pierre en forme de corolle. Comme un miroir l'eau immobile renvoie leur reflet et celui des feuillages au-dessus et s'écoule en un mince filet dans le bassin en dessous le long d'une feuille de laurier maintenue par une pierre.
Jaillissant d'une coupe de feu, le disque rouge s'élève doucement dans une nappe d'or liquide. Il s'imprime sur la rétine. C'est la première fois que j'assiste au lever du soleil. Les lueurs de l'aurore, je les ai vues quelquefois, bien sûr. L'astre solaire rond et flamboyant comme sur le drapeau japonais, jamais.
Une lueur rougeoie dans la plaine. L'horizon s'étire en ligne écarlate. Peu à peu, le ciel devient de plus en plus clair et de plus en plus bleu.
J'ai gravi le mont Fuji. Plutôt, le Fuji-San m'a laissée le gravir.
On reconnaît vite un endroit où l'on va se sentir chez soi.
L'ascension restitue un équilibre naturel, remet les réglages à zéro tels qu'ils étaient à la naissance.
Tout mon esprit se tend vers la réalisation d'un seul but, en communion avec mon corps : trouver la force de monter jusqu'au sommet.
Contrairement à ce que j'avais imaginé, je ne tire pas de bilan en triant mes souvenirs, n'élabore pas de rêves ou de plans de vie en gravissant les pentes enchantées du Fuji. Pas plus que je ne trouve dans les étoiles de réponses à mes questions ou de solutions miraculeuses pour l'avenir.
Quand on s'immobilise, aucun bruit ne résonne. L'air est frais. A la faveur du rayon de la lampe, on voit des milliers de particules de poussière de lave voleter dans l'air. Une odeur de fleurs se mêle à cette poussière en un parfum étrange.
Le sommet du mont Fuji est l'endroit le plus rapproché du ciel.
Quand on cherche à surprendre les battements de coeur d'une ville, on évite les interférences.
Dans la salle, beaucoup de Japonais, peu d'occidentaux. Pas de Bill Murray sirotant son scotch au bar ni de Scarlett Johannsson déboussolée.